Comme quoi il est permis de se faire soigner, mais pas de se soigner
Les dates à retenir, pour le moment du moins, puisqu’elles sont encore sujettes à discussion, concernent les centres socio-sportifs de proximité qui devraient être rouverts au public, pour les différentes activités, à partir du 15 juillet 2020. Pour les piscines, la réouverture est renvoyée à septembre tout comme les maisons de jeunesse et les salles de sport dépendant du ministère de tutelle. « Sous conditions » toutefois. Le même mois est également désigné pour les centres d’accueil, mais là il va falloir rester à l’écoute de l’évolution de la situation. Les salles de sport privées devraient retrouver vie le 1er juillet « sous conditions » également. Quant aux stades, c’est le 15 juillet qui est annoncé avec toutefois une précision qui s’impose « selon le programme », entendre celui devant être établi par les fédérations concernées.
Reste la pratique du sport en plein air, vu que par les temps qui courent, là aussi il faut bien être autorisé à s’ébattre. Non pas à son aise cependant, le fameux « sous conditions » est dûment couché. Il y aurait lieu de rappeler que celles et ceux qui ont eu la chance d’être classés « Zone 1 » peuvent désormais se permettre un footing ou du vélo.
Il n’en reste pas moins qu’une question se fait particulièrement lancinante: N’aurait-on pas fait preuve d’excès de zèle en cherchant à confiner de manière aussi drastique le sport ?
Il n’y a qu’à voir ce qui s’est passé ailleurs, dans d’autres pays de loin plus affectés par le virus. A l’apogée de la crise, et avec les restrictions de rigueur, il était toutefois permis aux citoyens d’entretenir leur santé physique et morale par là même. Le petit kilomètre autour de chez soi ou la petite heure d’une marche ou d’un jogging ont dû s’avérer salvateurs pour des citoyens de tous âges. Il va sans dire que la santé d’un pays dépend de l’état de santé de ses citoyens.
Au fait quel risque peut bien représenter une personne qui, tout en s’astreignant aux mesures barrières, a choisi de bouger seule loin de tout contact avec qui que ce soit ? S’y hasarder, c’est s’exposer aux remontrances, quand ce n’est pas plus d’un agent très à cheval sur les consignes. « Ce n’est pas une nécessité absolue », argumentera-t-il trop sûr de son fait. Faire ses courses ça l’est. Ou s’acheter des médicaments aussi. Encore heureux ! Comme quoi il est permis de se faire soigner, mais il est interdit de se soigner.
L’on a eu par ailleurs une autre illustration du genre avec l’enseignement à distance qui a concerné la plupart des matières enseignées, sans que le sport en fasse partie.
Pas étonnant dans un pays où « le débat », à ce propos, a surtout porté sur le football dit d’élite et le titre de champion entre ceux qui veulent qu’il aille au Wydad et ceux qui soutiennent que ce serait léser le Raja.
Le sport est depuis toujours le parent pauvre de la politique publique. Et pourtant, l’on n’a pas cessé de surfer durant des décennies sur des plans sommairement concoctés et autres stratégies promettant le meilleur.
En consultant les documents officiels, on croit savoir que l’une des premières priorités de la politique publique sportive au Maroc consiste en la consécration de la pratique sportive et de ses valeurs dans la vie quotidienne de tous. Trop beau ! Et c’était consigné en grand et en gras dans ce que l’ex-ministre Rachid Talbi Alami a présenté, devant le Conseil de gouvernement, comme étant « la stratégie nationale pour le développement du sport » pour l’horizon 2020.
On en sait quelque chose aujourd’hui.