​Fetwa et fisc


Par Narjis Rerhaye
Mercredi 9 Décembre 2015


C’est l’histoire d’un cheikh salafiste qui émet des fetwas d’illuminés et qui gère bien son compte en banque. Un cheikh visiblement accro au sacro-saint principe de «din wa dounya», qui interprète le texte sacré et fait des affaires sonnantes trébuchantes.  Bref «din  wa dounya », la religion dans sa lecture la plus tordue et la belle vie,  et mille pardons de reprendre le titre de l’excellente revue de notre confrère Souleimane Bencheikh.
C’est donc l’histoire d’un cheikh, Mohamed Maghraoui pour ne pas le nommer, célèbre pour ses fetwas. Il a d’ailleurs connu son quart d’heure de gloire en émettant une fetwa autorisant le mariage des petites filles de 9 ans.  Pour ce cheikh, les hommes peuvent convoler en (délictueuses) noces avec des fillettes non pubères, qui jouent encore à la poupée et dont la place est à l’école. Ici comme ailleurs, il est bien question de pédophilie. Un crime grave sous d’autres cieux et qui est chez nous considéré comme délit mineur, mais délit quand même. 
En plus de se faire champion de fetwas passibles de tribunaux, celui qui est l’ami du ministre islamiste de la Justice, a aussi une maison du Coran. Dar Al Qura’n où sont formés des apprentis donneurs de fetwas, appelés probablement à prendre la relève de l’illuminé et à propos de laquelle Mostafa Ramid ne tarit pas d’éloges sur une vidéo que les plus sceptiques peuvent toujours consulter sur YouTube. 
Bonne nouvelle, cette fameuse Dar Al Qura’n ne formera plus des illuminés qui rêvent d’épouser des petites filles de 9 ans. Cheikh Maghraoui vient d’en conclure la vente contre la coquette somme de 10.000.000 de dirhams. Un milliard, ça ne se refuse pas et en plus, c’est pour la bonne cause : le terrain va servir à l’extension d’une clinique. On ne s’en plaindra pas. Et surtout pas l’heureux barbu vendeur  et détenteur du milliard.
Le cheikh qui s’occupe de religion s’occupe également de ses finances. Et s’il n’a pas le sens de l’Ijtihad ni de la fetwa, il a par contre celui des affaires. A Marrakech, on murmure que le prix de «Dar Al Qur’an» a été surévalué, qu’il y a de la plus -value dans l’air, bref que tout cela n’est pas très conforme à la religion. Et si le fisc faisait mieux qu’une fetwa, un contrôle fiscal ?


 


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