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Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, a déclaré, jeudi, qu’il s’agit d’une opération humanitaire destinée à libérer les migrants irréguliers des réseaux de passeurs qui les détiennent dans des conditions inhumaines.
Des arguments qui ne semblent pas convaincre les associations défendant les droits des migrants qui estiment que les propos du ministre ne tiennent pas la route. Pour eux, les objectifs réels de ces rafles restent bien moins avouables que ceux affichés.
« Les déclaration d’El Khalfi sont fausses et reflètent une méconnaissance stupéfiante de la réalité. En fait, les mafias de la traite humaine ne sont pas présents dans la forêt de Gourougrou puisque cette zone est à quelques mètres de Mellilia et les migrants n’ont pas besoin de passeurs pour escalader les barrières séparant le Maroc de son préside occupé. Ces mafias existent réellement mais dans les zones de passage par pateras. D’ailleurs, on n’a jamais entendu parler de l’arrestation dans la région de Nador de membres de cette mafia ni de leur jugement devant les tribunaux», a souligné Naji Omar de l’AMDH-Nador. Même évaluation de la part d’Hassan Ammari, spécialiste des questions de la migration et d’asile. Pour lui, les réseaux en question existent bel et bien mais sont plutôt présents dans les grandes villes comme Oujda, Tétouan, Tanger, Casablanca et Rabat.
Pourtant, pour lui, la vraie question reste ailleurs. Il se demande pourquoi l’Etat a fermé l’œil sur ces trafiquants-passeurs tout ce temps et pourquoi il a décidé d’agir aujourd’hui. Ceci d’autant plus, ajoute notre source, que la lutte contre les réseaux de trafic d’immigrés irréguliers dépasse les frontières marocaines puisqu’il s’agit d’un problème transnational. «La lutte contre ce fléau doit intégrer trois dimensions : les pays de départ, de transit et d’accueil. Les migrants irréguliers et les passeurs s’en tiendront à un contrat consistant à faire passer des frontières jusqu’à la destination finale en échange d’une somme définie à l’avance et donc il n’y a pas que le Royaume qui est concerné. D’ailleurs, les autorités marocaines ne peuvent rien faire toutes seules. D’autant plus que jusqu’à aujourd’hui, la loi criminalisant la traite humaine est en stand-by», nous a expliqué Hassan Ammari.
Pour leur part, les responsables du Groupe antiraciste de défense et d’accompagnement des étrangers et migrants (GADEM) considèrent que ces opérations cachent des préparatifs de rapatriements collectifs de ces migrants irréguliers dans leurs pays d’origine et que l’objectif de les « libérer des réseaux de passeurs et de traite des êtres humains » n’est qu’un prétexte. Ceci d’autant plus que la thèse humaniste défendue par Mustapha El Khalfi demeure inconcevable vu les atteintes graves aux lois et aux droits de l’Homme commisses à l’encontre de migrants lors de ces rafles. GADEM a, en effet, constaté plusieurs violations dont la privation de liberté hors de tout cadre juridique. Les migrants arrêtés ont été parqués dans des locaux ne relevant pas de l’administration pénitentiaire sans aucune décision écrite et motivée de maintien dans de tels locaux n’a été notifiée aux intéressés, conformément à l’article 34 de la loi n°02-03 relative à l’entrée et au séjour des étrangers au Royaume du Maroc, à l’émigration et l’immigration clandestine. Le président du tribunal de première instance n’a pas non plus été saisi pour autoriser la prorogation de leur détention au-delà des premières 24h.
Pis, les arrestations ont concerné également les mineurs et les demandeurs d’asile, ce qui constitue une violation des dispositions de la loi n°02-03 qui protège ces personnes contre toute procédure d’expulsion et de reconduite à la frontière
Last but not least, ces migrants ont été déplacés sans leur consentement et contre leur volonté dans différentes villes et sans que les autorités ne procèdents des examens particuliers de la situation individuelle de chacune des personnes.
A ce propos, GADEM a demandé aux autorités compétentes de procéder à la libération effective des migrants arrêtés et de « revenir à la table de discussions afin de terminer sereinement le processus de mise en œuvre de la politique migratoire radicalement nouvelle pour ne pas permettre à la précarité et à l’insécurité juridique de s’installer davantage », a conclu un communiqué de l’ONG.