​Doutes quant aux réformes et promesses pour Narendra Modi en Inde

Le Premier ministre indien Narendra Modi célèbre sa première année au pouvoir par une embellie de la croissance et une présence internationale reconnue mais le doute s'est immiscé sur sa capacité à réformer l'économie.
Un an après sa large victoire aux législatives, l'opposition peine à s'organiser et le dirigeant indien, autrefois considéré comme un paria, a gagné le respect de ses homologues internationaux.
Si l'économie a montré un net raffermissement, les critiques se multiplient sur le retard pris par plusieurs réformes jugées cruciales pour assurer une croissance durable et les tentatives de faire taire des voix dissonantes suscitent le mécontentement.
Après avoir remporté la première majorité absolue en trente ans à la Chambre basse du Parlement le 16 mai 2014, Modi avait promis que "le XXIème siècle serait le siècle de l'Inde".
L'Inde devrait afficher une croissance de 7,5% cette année, supérieure à celle de la Chine, selon le FMI.
Si les PME sont circonspectes, les grands groupes ont montré leur enthousiasme sur les engagements de Modi de réduire la bureaucratie, rationaliser la fiscalité et assouplir la loi sur les acquisitions foncières.
Les groupes étrangers, qui doivent batailler avec le fisc et lutter contre la corruption, ont salué son engagement de transformer l'Inde en une plateforme de production industrielle.
Cependant les plus sceptiques pointent le rôle majeur joué par la baisse des cours du prix du pétrole dans le reflux de l'inflation et soulignent que l'accélération de la croissance repose largement sur un nouveau mode de calcul.
Ils soulignent en outre que les projets de loi sur le foncier et l'instauration d'une TVA nationale sont bloqués par le Parlement où Modi n'a pas la majorité à la Chambre haute.
Les investisseurs ont en outre été récemment refroidis par l'apparition d'une taxe rétroactive sur les fonds d'investissement étrangers. 
Les limites de la "Modi Magic", comme l'appellent ses partisans, sont apparues lors de la défaite de son parti nationaliste hindou, le BJP, face à un parti anti-corruption aux élections locales de New Delhi en février.
Sa personnalité divise largement et les musulmans restent méfiants envers le dirigeant indien, longtemps banni par l'Occident après les émeutes anti-musulmanes de 2002 dans l'Etat du Gujarat dont il était alors le chef de l'exécutif.
Le silence observé après une série d'attaques contre des églises en début d'année a suscité le mécontentement des minorités religieuses. Sur le plan international, ses débuts ont été marqués par un accueil chaleureux à Washington, Berlin ou Paris, ce qui a pu étonner. Mais le président américain a aussi mis en garde sur le risque de diviser l'Inde selon des lignes de fractures religieuses et l'ambassadeur américain à Delhi a récemment dénoncé les restrictions imposées à l'activité de plusieurs grandes ONG en Inde.