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Très vite, la nouvelle se propage et fait le tour des états-majors politiques. D’un bout à l’autre de l’échiquier politique, de l’opposition –qu’il représentait avec dignité- à la majorité qui aura du mal à oublier ses diatribes et joutes oratoires, c’est l’incrédulité absolue. Difficile de penser qu’Ahmed Zaidi n’est plus. Difficile de croire qu’on ne croisera plus sa silhouette dans les grands couloirs du Parlement qu’il avait déserté ces dernières semaines. Difficile d’admettre que l’homme s’en est allé et que plus jamais on n’entendra le tribun qu’il a su être.
Majorité et opposition unies dans le deuil
Tout au long de l’après-midi, les portables n’en finissent pas de sonner. La classe politique est sous le choc. Finies les divergences idéologiques entre majorité et opposition. Dans le deuil et la tragédie, les murs des désaccords et différences tombent… Proches, amis, hommes et femmes politiques, simples citoyens, tous sont là devant la résidence des Zaidi, à Bouznika, sur le front de mer. Abderrahmane Youssoufi, qu’il avait connu du temps de l’exil algérien de l’Ancien Premier ministre de l’alternance, Driss Lachguar, le Premier secrétaire de l’USFP contre lequel il était en lice lors du dernier Congrès du parti de la Rose, Mhamed Khalifa, l’Istiqlalien de toujours, Mostafa El Khalfi, le ministre islamiste de la Communication qu’il avait affronté à l’occasion du feuilleton des cahiers des charges à tendance islamisante, le PPS Khalid Naciri, des journalistes de la télévision -dont il avait fait les beaux jours en tant que présentateur de JT et de la presse écrite, tous sont là. Tous se sont amassés devant la maison du disparu. Comme ils l’avaient fait quelques heures auparavant devant l’hôpital de la ville où Ahmed Zaidi avait été transporté. Dans la foule qui n’en finit de grossir en cette fin d’après-midi froide, Ahmed Reda Chami est éperdu de douleur. Said Chbaatou a la voix cassée de chagrin. Driss Lachguar ne contient pas sa tristesse ni ses larmes. Pas de posture. Juste une incommensurable tristesse, une douleur à vif.
Mort entre deux actus
Dans la foule aussi, des dizaines et des dizaines d’anonymes, de simples citoyens de Bouznika, des hommes et des femmes de la terre et dont A. Zaïdi était le député depuis 1993. «Il était toujours là. Présent en toute circonstance, dans nos bonheurs et nos malheurs», chuchote un vieil homme à la djellaba en laine.
Un long cortège s’ébranle de l’hôpital de ville pour accompagner la dépouille du défunt jusqu’au lieu de résidence des Zaidi. Une longue nuit commence. Responsables, politiques, syndicalistes, journalistes, figures de la société civile font le déplacement et présentent leurs condoléances aux membres de la famille, aux proches, à ses quatre enfants submergés de chagrin.
Cette nuit, de nombreux journalistes ont rallié Bouznika. Dar Brihi est en deuil. L’homme politique n’a jamais cessé d’être journaliste. Ahmed Zaidi s’est longtemps invité dans les foyers marocains en présentant tous les soirs le journal télévisé de la télévision marocaine. Ancien rédacteur en chef à la TVM, il a été également l’un des fondateurs du Club de la presse aux destinées duquel il a présidé. Il avait toujours une attention particulière pour les femmes et les hommes de média à qui il n’hésitait jamais à répondre.
Le leader politique Ahmed Zaidi s’en est allé entre deux actualités qui à coup sûr ont interpellé le journaliste qu’il a toujours été : le 39ème anniversaire de la Marche Verte et le refus du Maroc d’organiser la CAN.
Il est mort là où il a toujours vécu, dans les terres et les eaux de Cherrat. Il a été inhumé hier lundi 10 novembre après la prière d’Al Asr accomplie à la mosquée Ahbass à Bouznika, au cimetière de Cherrat, sa commune, à la vie et à la mort. Il avait 61 ans.
Une douleur lancinante
Le regretté incarnait le journaliste exemplaire et le militant qui, en toute sérénité, avait fait face aux défis de l’époque. Il était également parmi les figures de proue du Syndicat national de la presse marocaine avant d’être choisi à l’unanimité par ses confrères en tant que président du Club de la presse. »
Club de la presse : « Feu Ahmed Zaidi faisait partie des hommes de la presse et de la politique qui s’est toujours illustré par son militantisme et ses qualités morales irréprochables. Il a été un modèle pour ses pairs aux niveaux médiatique et politique ».