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Le projet de loi en question préparé par le ministre islamiste de la Justice et ses services ne souffle pas mot sur le takfir. « Appeler à l’assassinat d’une personne est une forme du terrorisme », soutient Khadija Rouissi. La députée PAM a, on le sait, fait l’objet de menaces de mort pour avoir soutenu les journalistes de la publication satirique « Charlie Hebdo ».
Pire encore, et c’est l’activiste amazigh Ahmed Assid qui le souligne, le projet de loi anti-terrorisme aurait même réduit les sanctions et les peines à l’encontre de ceux qui inciteraient au terrorisme. Comment expliquer cette insoutenable indulgence face à un fléau mondial qui transcende frontières et religions ? « Il ne faut pas oublier que dans une vie pas si ancienne que cela, M. Ramid était l’avocat des salafistes poursuivis et condamnés dans le cadre de la loi antiterrorisme. C’est un début d’explication », rappelle perfide cet avocat impliqué dans la défense des droits humains. Le takfir ferait-il partie des « lettres » du PJD, le parti islamiste qui conduit la coalition gouvernementale, et du Mouvement unicité et réforme, son bras religieux ?
Il reste que l’excommunication a encore de beaux jours devant elle en terre marocaine. Devant un vide juridique abyssal et dangereux, les takfiristes ont désormais pignon sur rue. Ils prononcent leurs sentences de mort. En toute impunité, ou presque. « Au pire des cas, ils sont poursuivis pour diffamation et bénéficient d’une rare clémence avec une condamnation tout à fait symbolique et avec sursis en plus », précise ce député de l’Union socialiste des forces populaires. Et pour cause. Il y a quelques mois, le leader du parti de la Rose avait fait l’objet d’excommunication prononcée et rendue publique sur les réseaux sociaux par un cheikh en quête du fameux quart d’heure de célébrité.
Des poursuites seront diligentées des semaines plus tard et sur pression d’une société civile consciente des dangers d’une telle dérive.
Le combat pour la criminalisation de l’excommunication
Le takfiriste s’en sortira à bon compte : il est condamné avec une peine minime et de surcroît avec sursis.
Associatifs et politiques –l’USFP est aux premières lignes dans ce combat - n’ont eu de cesse de réclamer la criminalisation de l’excommunication, le takfir. « Cela se fera quand il sera peut-être trop tard. Le takfir est un pousse-au-crime. Faudra-t-il attendre qu’il y ait mort d’homme ou de femme parce qu’une sentence de mort a été prononcée pour que le législateur réagisse ?», s’interroge avec force ce membre fondateur de « Damir », cette association qui dérange en défendant la liberté de conscience et la laïcité.
En ces temps agités, le takfirisme est plus que jamais une nouvelle forme de terrorisme. Un rassemblement de salafistes et « militants » du groupuscule Al Adl wal Ihssane condamnant publiquement et nommément activistes, intellectuels, démocrates, laïcs, a eu lieu à la fin de la semaine passée à Tanger, au cœur de Beni Mekkada et au vu et au su des autorités. La manifestation a été organisée pour dénoncer les caricatures blasphématoires publiées par « Charlie Hebdo » et désigner à la vindicte populaire les personnalités soutenant le journal satirique et dont la rédaction a été décimée après l’attentat du 7 janvier 2015. « Cette manifestation qui a fait du takfir un événement public s’est passée à Tanger, à 14 km du continent européen. Il ne faut pas minimiser de tels actes. Le danger est dans nos murs. Se taire, regarder ailleurs, laisser faire, c’est faire preuve d’une complicité criminelle. Il faut bien le savoir, c’est le projet de société démocratique et moderniste basée sur l’ouverture, la tolérance, le vivre-ensemble qui est dans le viseur de ces extrémistes», conclut cette figure associative tangéroise.