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Après les Jeux, l'athlétisme explore de nouvelles pistes

Vendredi 20 Décembre 2024

Après les Jeux, l'athlétisme explore de nouvelles pistes
Des compétitions sans diffuseurs et des athlètes peu reconnus... Malgré des JO-2024 réussis, l'athlétisme cherche à se réinventer pour attirer fans et fonds mais les pistes explorées ne font pas l'unanimité.

Pourtant champion olympique du 100 m, la distance reine du sport roi des Jeux, l'Américain Noah Lyles se plaint de ne pas être reconnu dans la rue. Et alors que les chronos s'affolent dans de nombreuses disciplines, plus aucun athlète n'a la notoriété d'un Usain Bolt, dont l'aura dépassait largement les stades.

Cause ou conséquence, l'athlétisme attire moins les diffuseurs. Si en France, le groupe L'Equipe vient d'annoncer un partenariat inédit pour la diffusion des Ligues de diamant dès l'année prochaine, l'annonce intervient après plusieurs années pré-JO à domicile sans diffuseur dans le pays, avec des fans obligés de suivre le circuit majeur de compétitions sur YouTube.

Aux Etats-Unis, le géant NBC qui diffusait depuis 2017 la Ligue de diamant n'a lui pas renouvelé son contrat après les JO-2024, alors même que Los Angeles accueille la prochaine édition en 2028.

Ces grands meetings, théâtres de la plupart des récents records du monde, seront désormais diffusés sur FloTrack, une chaîne de niche avec un abonnement annuel bien plus cher.

"C'est sûrement la pire nouvelle pour la Ligue de diamant", s'était lamentée la triple championne olympique américaine Gabby Thomas au moment de l'annonce au printemps.
A l'heure des réseaux sociaux, avec des nouveaux modes de consommation du sport, certains pointent la complexité du format Ligue de diamant pour expliquer son manque d'attractivité, avec des épreuves différentes d'un meeting à l'autre et des athlètes qui ne s'affrontent que rarement.

Pour tenter de "sauver ce qui peut l'être" selon lui, le quadruple champion olympique Michael Johnson lance en 2025 un circuit de compétitions concurrent, le Grand Slam Track.
L'Américain, désormais 57 ans, ambitionne de créer des confrontations régulières (quatre meetings entre avril et juin) entre les meilleurs coureurs du monde, du sprint au demi-fond, avec des primes multipliées par dix par rapport à la Ligue de diamant (100.000 dollars pour le vainqueur).

"Avoir les meilleurs les uns contre les autres, c'est ce qui est captivant dans notre sport, c'est ce que nous créons", a affirmé Johnson sur la BBC. Il est pourtant critiqué par les puristes car son circuit exclut les concours (sauts et lancers), pas assez vendeurs selon lui mais qui constituent pourtant l'essence du "Track & Field" ("piste et concours", athlétisme en anglais), et qui comptent aussi leur lot de stars, le perchiste suédois Armand Duplantis en tête.

Derrière les grandes ambitions, l'enthousiasme autour du Grand Slam Track n'est pas énorme: là encore, aucun diffuseur ne s'est précipité et des grands stades, comme Londres, ont refusé d'accueillir la compétition en estimant qu'elle ne serait jamais rentable.

Des grands noms ont certes signé, comme la recordwoman du monde du 400 m haies Sydney McLaughlin-Levrone, mais d'autres manquent à l'appel, comme les rois du sprint Noah Lyles et Sha'Carri Richardson.
"Tant que je ne vois pas une chaîne de télé dans le projet, je ne peux pas décider d'y participer", a expliqué Lyles au média spécialisé Letsrun.com.

Depuis une étude sur le sujet lors des Mondiaux-2023, la Fédération internationale d'athlétisme est bien consciente que les audiences notamment sur les concours sont en perte de vitesse et qu'elle a du mal à attirer des jeunes fans. Elle explore donc elle aussi de nouvelles pistes.

World Athletics a ainsi annoncé un nouveau "championnat ultime" ("Ultimate Championships") dès 2026, sorte de Mondiaux au programme resserré (26 disciplines individuelles contre 42 aux Mondiaux) et réparti en trois soirées (contre 9).

Il s'agira "d'un athlétisme jamais vu auparavant, un festival de sport et d'innovation" qui va "attirer des fans qui n'ont jamais regardé d'athlétisme", promet son président Sebastian Coe, candidat à la tête du Comité international olympique (CIO).

Pour rythmer les compétitions, il a aussi suggéré de supprimer la planche d'appel du saut en longueur, pour réduire les temps morts liés aux sauts mordus. Mais l'annonce en mars de cette possible réforme a fait bondir de colère les athlètes, illustrant la difficulté de réformer sans dénaturer un sport dont certaines disciplines datent de l'Antiquité.

"De manière générale, je ne suis pas sûr que l'athlétisme veuille vraiment changer", résume Noah Lyles.

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