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Ces quatre stars, chouchous du public, ont témoigné début mars devant la commission d'enquête sur les violences commises dans le cinéma. L'une des rares auditions tenue à huis clos, mais dont le verbatim a été publié mardi. En voici les moments marquants.
Pourquoi n'ont-ils rien vu ? Interrogés sur le fossé entre leur ressenti et les nombreux témoignages de violences dans le cinéma, les acteurs ont fait un mea culpa.
"Je pense quand même que notre attitude n'invitait probablement pas les gens à venir témoigner", reconnaît l'acteur et réalisateur Gilles Lellouche. "Peut-être que nous ne donnions pas suffisamment confiance pour que l'on vienne nous dire les choses. (...) Dans l'invitation au dialogue, nous n'avons peut-être pas été à la hauteur", reconnaît-il.
"Nous ne mentons pas quand nous disons n'avoir rien vu ni entendu. (...) Aucune copine comédienne ne m'a jamais dit, au sujet d'un tournage, que tel metteur en scène ou tel comédien était lourd. Ce qu'on entendait, c'était: +Lui, il est un peu dragueur+. Mais je ne pouvais pas imaginer ce qu'elles subissaient, ni jusqu'où ça pouvait aller. En tant qu'homme, je n'ai pas vécu tout ça, c'est un monde que j'ai découvert", explique Jean-Paul Rouve.
"On ne voit pas forcément tout - et on n'a peut-être pas envie de voir. Je pense que le mouvement MeToo aura été utile de ce point de vue-là", poursuit Jean Dujardin.
La parole des hommes sur ce mouvement est attendue, mais "à certains moments, nous n'étions pas audibles. Si on ne dit rien, on est suspect. Et si on en dit trop, les autres s'imaginent que l'on cache un truc. Il faut donc du temps (...) Mais je suis d'accord: il y a forcément des choses que nous avons loupées sur les plateaux. Évidemment. Des lourdeurs. Des choses qui nous semblaient totalement anodines."
"Je pense que j'ai pu être lourd dans ma façon de signifier les choses. J'essaye toujours de créer une atmosphère de travail assez douce et joyeuse et, à certains moments, j'ai dû faire des plaisanteries qui ont été mal comprises. Il m'est arrivé de m'excuser, verbalement et par écrit, auprès de la personne heurtée par mes propos", a déclaré Pio Marmaï.
"Si je dois faire une radioscopie de mes comportements, c'est sûr que j'ai dû être lourd, c'est évident", a reconnu Gilles Lellouche.
Il a aussi raconté avoir vécu une expérience qui l'a "fait réfléchir sur les circonstances dans lesquelles on s'autorise à parler ou à se révolter", avec une réalisatrice qui voulait le "séduire".
Jean Dujardin, lui, a estimé qu'il "arrive aussi que la lourdeur soit partagée. Je tourne avec beaucoup d'amies actrices comme Marie-Josée Croze ou Audrey Dana (...). Or Audrey Dana est (comme) un homme, elle peut en avoir la lourdeur. Cela ne veut pas dire que je l'accompagne. (...) Ce n'est pas réservé aux hommes", a-t-il justifié.
Jean Dujardin, rôle principal dans "J'accuse", tournerait-il à nouveau chez Roman Polanski, visé par plusieurs accusations de viol ou agressions à caractère sexuel ? "Je ne sais pas", répond-il.
"À propos des personnes mises en cause, soit une décision de justice a été rendue et je ne vois pas comment un film peut être monté - ça n'arrive jamais, en réalité -, soit la présomption d'innocence s'applique. Il y a un truc qui s'appelle la loi. Et si la personne a purgé sa peine, a payé ? Ça ne m'est jamais arrivé de rencontrer ce cas, je ne sais pas quelle décision je prendrais".