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Développement des compétences et métiers verts au Maroc. L’exemple suisse, un cas d‘école

Vendredi 21 Juin 2024

Développement des compétences et métiers verts au Maroc. L’exemple suisse, un cas d‘école
La transition mondiale vers une économie verte entraînera une demande accrue de compétences et de professions liées à l'écologie, ont affirmé les participants à un séminaire tenu récemment à Casablanca.

Ce vaste chantier écologique nécessitera des employés hautement qualifiés et une main-d'œuvre capable de rendre les secteurs économiques traditionnels plus écologiques, ont-ils indiqué lors de cette rencontre placée sous le thème « Comment la Suisse peut contribuer au développement des emplois verts pour soutenir la transition écologique au Maroc».
Un thème d’une importance capitale dans un monde où les enjeux  environnementaux sont de plus en plus importants : réchauffement climatique, augmentation du niveau des mers, accroissement des gaz à effet de serre, pénurie des énergies fossiles...

Organisée par la Fondation Swisscontact, en partenariat avec l’Ambassade de Suisse au Maroc, la Chambre de commerce Suisse Maroc et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), ce séminaire a permis d’échanger sur le développement des compétences et métiers verts au Maroc.
Pour les experts de Swisscontact et les représentants du monde professionnel et de l’entreprise, notre planète ne se porte pas très bien et il est urgent d’agir avant qu’il ne soit trop tard.

Bien que les États aient déjà mis en place des mesures pour un monde plus vert, durable et vertueux, et que les entreprises soient pleinement conscientes des enjeux environnementaux, il est évident qu'il reste beaucoup à faire pour réinventer le monde professionnel de demain et maximiser son impact sur l'environnement. D'où la nécessité de créer des métiers verts et de déployer les compétences vertes au sein des entreprises.

A ce propos, il est important de noter que le Maroc a un potentiel significatif pour la création d'emplois verts dans les années à venir, notamment dans des secteurs économiques dynamiques tels que les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, l’industrie, le bâtiment, les transports, ainsi que dans la gestion des déchets, l’agriculture durable et le tourisme durable, comme l’ont relevé les experts.
Cependant, ont-ils expliqué, « pour réaliser pleinement ce potentiel, des politiques et des incitations appropriées seront nécessaires pour encourager l'investissement et le développement dans ces secteurs ».

Quoi qu'il en soit, une chose est certaine: les entreprises doivent changer leur modèle économique, leur façon d'exister, de fonctionner, de produire et, finalement, transformer les métiers traditionnels en métiers verts et durables. Il s’agit en outre de maitriser les concepts clefs liés à l’environnement, notamment le changement climatique, les lois sur la biodiversité, les ressources surnaturelles et les mesures sur l’empreinte carbone.

Il convient de rappeler que Rabat et Berne ont célébré il y a de cela trois ans le centenaire de la présence diplomatique de la Suisse au Maroc. C’est dire toute la place qu’occupe la coopération économique, entre les deux Etats, une coopération qui passe aussi par le développement des métiers verts.

S’exprimant à cette occasion, Mme Nathalie Marville Dosen, cheffe de Mission adjointe et cheffe de la Coopération internationale à l’ambassade de Suisse à Rabat, a présenté un bref exposé sur le rôle du SECO (Secrétariat d’Etat suisse à l’Economie) et la question de sa présence au Maroc; mettant en avant  quelques uns des nombreux projets de développement et de coopération économique en cours au Maroc.

Au cours de son intervention, elle a également indiqué que les questions relatives à la création d’emploi, la formation des compétences, la transition verte et la participation des jeunes et des femmes à l’économie étaient  encore récemment au menu des discussions entre une délégation du SECO et des représentants du ministère marocain de la Transition énergétique et du développement durable.

Mme Nathalie Marville Dosen a aussi ajouté que ces thèmes, tout comme le climat et l’employabilité, sont « des priorités pour le SECO » dont la stratégie de coopération couvre l’ensemble de la coopération suisse à l’étranger, affirmant que « tous les instruments de cette coopération accorde une place au développement du secteur privé, sans lequel il est difficile de créer des emplois ou de pouvoir développer économiquement le pays ».
 
L'engagement du secteur privé est non seulement souhaitable, mais indispensable
 
Conçu pour stimuler la réflexion autour de la contribution de la Suisse au développement des compétences et métiers verts pour soutenir la transition écologique au Maroc, ce séminaire a été aussi « une opportunité de découvrir et de mieux comprendre le paysage des compétences et des métiers verts au Maroc », a-t-elle conclu, insistant sur la nécessité de créer des passerelles et des synergies entre tous les acteurs concernés pour réussir la transition écologique.

Notons que les participants à ce séminaire ont également souligné que l’implication du secteur privé dans ce vaste chantier est non seulement souhaitable, mais nécessaire.
C’est ainsi que Driss Nahya, membre de la Commission développement durable de la CGEM, a axé son intervention sur le rôle du secteur privé dans la transition écologique, partageant à cette occasion l’expérience de la confédération patronale, ses défis et ses succès, dans la promotion d’une économie plus verte et durable.

« Nous nous réunissons à un moment charnière de notre histoire où l’urgence climatique nous appelle à l’action pour l’avenir de notre planète, sachant qu’il dépend de notre capacité à transformer notre modèle  économique et  énergétique », a-t-il déclaré soutenant que « la transition écologique n’est pas une option, mais une nécessité absolue ».

« Le Maroc riche de ses ressources naturelles et de son ambition légendaire est prêt à relever ce défi. Et au cœur de cette transformation se trouve un acteur clef catalyseur : le secteur privé », a-t-il dit. Et de soutenir : « le secteur privé peut non seulement contribuer mais aussi mener la transition écologique au Maroc ». Car « les entreprises ont la capacité unique de mobiliser les ressources, d’innover à grande échelle et de transformer les différends environnementaux en opportunités économiques ; mais surtout, parce qu’elles sont des acteurs de changement capables de façonner un avenir où prospérité économique et …mobilité environnementale vont de paire ».

Alain Bouithy

Pourquoi les compétences vertes sont-elles la clé de la transition verte ?

La crise climatique impacte tout le monde, forçant l’économie mondiale à se tourner vers des activités ayant un moindre impact sur l’environnement et une meilleure conservation des ressources naturelles.

Cette transition, connue sous le nom de transition verte, concerne particulièrement les secteurs de l’énergie, du transport et de la construction, suivis de près par l’agriculture, la production industrielle et le traitement des déchets. Tous les secteurs doivent faire face à des changements significatifs. Étant donné la gravité de la menace et l’impérative urgence de décarbonation, la transition verte n’est plus optionnelle. La question n’est plus, si mais comment et à quelle vitesse elle se produira.

Opérer la transition de l’économie nécessite un effort coordonné, tirant parti de l’élan existant pour le changement de la part des gouvernements, des organisations multilatérales et sous la pression publique et des menaces environnementales. Les entreprises privées, les institutions financières, les entités de recherche et de technologie, les prestataires d’éducation et les individus sont tous également mis au défi de trouver des solutions plus respectueuses de l’environnement.
 
Les compétences vertes sont la clé d’une plus grande résilience des employés
 
L’ensemble de la main-d’œuvre devra acquérir de nouvelles compétences « vertes » au cours de cette transition. Cela contribuera à créer la résilience nécessaire pour faire face aux dynamiques du changement climatique et à l’évolution de l’environnement des entreprises.
Trois niveaux différents de compétences vertes joueront un rôle central :

3- Compétences vertes spécifiques à un métier
 Au sommet de la pyramide se trouvent les compétences vertes spécifiques à un métier.
Ces compétences, adaptées aux nouveaux métiers verts ou aux métiers existants, permettent une réduction ciblée de l’impact sur l’environnemental.
2- Compétences vertes transférables
Ces compétences, applicables dans divers domaines (par exemple, la compréhension des processus de recyclage), permettent aux employés d’adopter des pratiques plus durables dans leurs tâches quotidiennes.
1- Mentalité verte
Une attitude positive à l’égard du climat et de la durabilité pose les bases des compétences professionnelles vertes. Elle assure que le sujet reçoit l’attention nécessaire sur le lieu de travail.
(Source: Swisscontact)
 
 

ILS ONT DIT

Développement des compétences et métiers verts au Maroc. L’exemple suisse, un cas d‘école
La formation des compétences, une priorité pour le SECO
 
« L’emploi, l’employabilité, la transition verte ainsi que la participation à l’économie des jeunes et des femmes sont des priorités pour le SECO dont la stratégie englobe l’ensemble de la coopération suisse à l’étranger. Le climat est évidemment aussi une priorité tout comme la question de la formation des compétences qui revient souvent dans les interactions avec les autorités marocaines, les représentants des ministères, de la société civile et du secteur privé, des partenaires nationaux et internationaux. La Suisse est souvent sollicitée sur ces questions notamment dans le domaine de la formation professionnelle sur lequel elle est prête à coopérer avec le Maroc. En ce qui concerne les métiers verts, on pense souvent aux métiers techniques (l’éolien et le solaire), alors qu’il existe aussi des métiers beaucoup plus simples concernant l'assainissement, le traitement des déchets, la protection de l’environnement ».
Nathalie Marville Dosen
cheffe de Mission adjointe et cheffe de Coopération à l’ambassade de Suisse à Rabat.
 
***
Investir dans le capital humain pour relever les défis à venir avec sérénité

« Il est essentiel que le secteur privé joue un rôle dans l’éducation et la sensibilisation en influençant positivement ses employés, ses clients et la communauté au sens large.
Aujourd’hui plus que jamais, nous avons la conviction que l’investissement dans le capital humain nous permettra de relever les défis qui nous attendent avec plus d’agilité et de sérénité, sachant que l’enjeu est triple : l’insertion des jeunes, l’amélioration de l’employabilité et le développement de la compétitivité des entreprises. Cependant, la transition vers des sources d’énergies propres ne peut être atteinte sans l’engagement du secteur privé à intégrer des technologies vertes dans ses processus de production.
De plus, les investissements dans les énergies solaires et éoliennes non seulement réduisent notre dépendance aux combustibles fossiles, mais créent également de nouvelles opportunités économiques et des emplois verts pour notre jeunesse  ».
Driss Nahya
Membre de la Commission développement durable de la CGEM.

***
L’économie verte, une opportunité pour l’inclusion sociale des jeunes

« La thématique d’aujourd’hui est pertinente, c’est l’emploi et les métiers. Elle revêt une importance capitale dans les chantiers que nous menons pour transformer notre économie vers une économie verte. Cette question est également cruciale car elle donne un sens et une dimension inclusive du développement durable. Le Maroc est résolument engagé dans cette transformation économique sociale axée sur le développement durable. L’adoption de la Stratégie nationale dès 2013, actuellement en cours de révision, et le Nouveau modèle de développement renforcent l’engagement de notre pays dans cette transition et ouvrent d’importantes perspectives en termes d’emploi et d’opportunités pour l’inclusion sociale des jeunes diplômés mais également des jeunes en situation de précarité ».
Seloua Ameziane
Cheffe de la division du partenariat au ministère de la Transition énergétique et du Développement durable

***
Swisscontact, un facilitateur entre les entreprises publique, privée et la société civile
 
Swisscontact intervient dans une quarantaine de pays sur environ 130 projets avec une équipe de 1000 employés à travers le monde et un budget annuel de 100 millions de dollars.
On intervient au niveau des personnes en ce qui concerne le développement des compétences, notamment dans l’employabilité et le partenariat, par exemple.  On intervient également au niveau des entreprises dans un sens large, y compris les micro-entreprises, et proposons des programmes pour les star-ups. Nous travaillons également à renforcer les écosystèmes et jouons un rôle de facilitateur entre les entreprises publiques, privées et la société civile.
Didier Krumm
Directeur de Swisscontact Maroc.

Alain Bouithy

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