Depuis qu'il est Premier ministre, Albin Kurti a dirigé le Kosovo à sa manière : inflexible. Quitte pour cet homme de 49 ans, social-démocrate, nationaliste, kosovar avant tout, à agacer les alliés occidentaux de Pristina et attiser les tensions avec la Serbie.
Avec 50% des intentions de vote selon les derniers sondages, la politique du Premier ministre semble convaincre les électeurs.
"Nous avons besoin maintenant que le peuple du Kosovo confirme sa confiance lors de ces élections. Nous avons besoin d'une sorte de licence démocratique pour continuer à faire du bon travail", a-t-il lancé à l'AFP entre deux meetings de campagne mardi.
De ses années étudiantes à son accession au pouvoir, Kurti a toujours tenu tête aux autorités lorsqu'il les considérait illégitimes - le gouvernement serbe dans les années 90, l'ONU dans les années 2000, ses rivaux politiques aujourd'hui.
Idéologiquement de gauche, fervent nationaliste, le Premier ministre est perçu dans les chancelleries comme un homme politique têtu, moins ouvert que ses prédécesseurs aux demandes des alliés historiques du Kosovo, Washington en tête.
Son obstination a même bénéficié au président serbe, le nationaliste Aleksandar Vucic qui, en comparaison paraît plus souple, quand bien même il promet régulièrement de ne jamais reconnaître l'indépendance du Kosovo, ancienne province serbe.
L'opposition à Belgrade est à l'origine de l'engagement politique de Kurti.
Dans les années 90, l'étudiant aux cheveux longs est devenu célèbre en organisant des manifestations contre l'oppression du régime de Slobodan Milosevic envers la population albanaise du Kosovo.
Son militantisme lui a valu deux années de prison, entre 1999 et 2001, pendant que la guerre faisait rage entre les rebelles albanais et Belgrade. Selon des codétenus, Kurti y a subi violences et tortures, mais lui-même n'en parle jamais.
Après la guerre, le Kosovo est resté quelques années une entité sous protection de l'ONU, et Kurti est devenu un infatigable critique des institutions internationales.
Son mouvement - baptisé Vetevendosje (VV), "autodétermination", a pendant des années organisé d'immenses manifestations. Certaines ont tourné à l'émeute - véhicules de l'ONU et de l'OTAN retournés, oeufs pourris lancés sur de hauts responsables politiques... Deux militants ont été tués par des policiers de l'ONU.
Devenu un parti politique, VV s'est entre autres fait remarquer en lançant des gaz lacrymogènes dans le Parlement. Puis, une fois au pouvoir, Kurti n'a eu de cesse de démanteler institutions parallèles - poste, banques, administration ... - que la Serbie maintenait sur le territoire du Kosovo.
Belgrade y employait des milliers de personnes et versait via ces bureaux pensions et salaires à des dizaines de milliers de Serbes, aujourd'hui laissés sans ressources prisonniers du bras de fer entre la Serbie et le Kosovo.
Les communiqués des ambassades et de l'Union européenne étaient moins aimables, pressant le Premier ministre d'arrêter ces "décisions unilatérales".
L'ambassade américaine à Pristina, que les Kosovars considèrent en blaguant le deuxième siège du gouvernement tant l'influence de Washington fut forte, a regretté que "les actions continues et non coordonnées du gouvernement kosovar visant à fermer les institutions soutenues par la Serbie (...) sapent les aspirations du Kosovo à rejoindre la communauté euro-atlantique".
Avec l'arrivée d'une nouvelle administration américaine, le pari semble encore plus risqué.
"Le gouvernement Kurti n'a été digne de confiance ni pendant le premier mandat de Trump, ni pendant le mandat de Biden" a écrit sur X cette semaine Richard Grenell, émissaire du président américain pour les missions spéciales, ajoutant dans une menace à peine voilée : "La communauté internationale est unie contre Kurti. Les entreprises américaines se développent en Albanie et en Serbie mais pas au Kosovo à cause de Kurti".
Interrogé sur cette saillie, entre deux selfies et une carotte croquée avec des agriculteurs venus assister à son meeting, le premier ministre, candidat ne semblait pas s'en offusquer. "Quand on est Premier ministre on s'inquiète tout le temps. Mais je dois avancer. Avancer tout le temps".
Secret sur sa vie privée, M. Kurti est marié à une Norvégienne avec qui il a une fille.
De ses années étudiantes à son accession au pouvoir, Kurti a toujours tenu tête aux autorités lorsqu'il les considérait illégitimesSous les deux mandats du "Che Guevara du Kosovo", les relations avec Washington et Bruxelles se sont rafraîchies, les négociations avec Belgrade sont restées lettre morte et les institutions parallèles serbes qui fonctionnaient depuis l'indépendance, en 2008, ont été fermées.
Avec 50% des intentions de vote selon les derniers sondages, la politique du Premier ministre semble convaincre les électeurs.
"Nous avons besoin maintenant que le peuple du Kosovo confirme sa confiance lors de ces élections. Nous avons besoin d'une sorte de licence démocratique pour continuer à faire du bon travail", a-t-il lancé à l'AFP entre deux meetings de campagne mardi.
De ses années étudiantes à son accession au pouvoir, Kurti a toujours tenu tête aux autorités lorsqu'il les considérait illégitimes - le gouvernement serbe dans les années 90, l'ONU dans les années 2000, ses rivaux politiques aujourd'hui.
Idéologiquement de gauche, fervent nationaliste, le Premier ministre est perçu dans les chancelleries comme un homme politique têtu, moins ouvert que ses prédécesseurs aux demandes des alliés historiques du Kosovo, Washington en tête.
Son obstination a même bénéficié au président serbe, le nationaliste Aleksandar Vucic qui, en comparaison paraît plus souple, quand bien même il promet régulièrement de ne jamais reconnaître l'indépendance du Kosovo, ancienne province serbe.
L'opposition à Belgrade est à l'origine de l'engagement politique de Kurti.
Dans les années 90, l'étudiant aux cheveux longs est devenu célèbre en organisant des manifestations contre l'oppression du régime de Slobodan Milosevic envers la population albanaise du Kosovo.
Son militantisme lui a valu deux années de prison, entre 1999 et 2001, pendant que la guerre faisait rage entre les rebelles albanais et Belgrade. Selon des codétenus, Kurti y a subi violences et tortures, mais lui-même n'en parle jamais.
Après la guerre, le Kosovo est resté quelques années une entité sous protection de l'ONU, et Kurti est devenu un infatigable critique des institutions internationales.
Son mouvement - baptisé Vetevendosje (VV), "autodétermination", a pendant des années organisé d'immenses manifestations. Certaines ont tourné à l'émeute - véhicules de l'ONU et de l'OTAN retournés, oeufs pourris lancés sur de hauts responsables politiques... Deux militants ont été tués par des policiers de l'ONU.
Devenu un parti politique, VV s'est entre autres fait remarquer en lançant des gaz lacrymogènes dans le Parlement. Puis, une fois au pouvoir, Kurti n'a eu de cesse de démanteler institutions parallèles - poste, banques, administration ... - que la Serbie maintenait sur le territoire du Kosovo.
Belgrade y employait des milliers de personnes et versait via ces bureaux pensions et salaires à des dizaines de milliers de Serbes, aujourd'hui laissés sans ressources prisonniers du bras de fer entre la Serbie et le Kosovo.
Les communiqués des ambassades et de l'Union européenne étaient moins aimables, pressant le Premier ministre d'arrêter ces "décisions unilatérales".
L'ambassade américaine à Pristina, que les Kosovars considèrent en blaguant le deuxième siège du gouvernement tant l'influence de Washington fut forte, a regretté que "les actions continues et non coordonnées du gouvernement kosovar visant à fermer les institutions soutenues par la Serbie (...) sapent les aspirations du Kosovo à rejoindre la communauté euro-atlantique".
Avec l'arrivée d'une nouvelle administration américaine, le pari semble encore plus risqué.
"Le gouvernement Kurti n'a été digne de confiance ni pendant le premier mandat de Trump, ni pendant le mandat de Biden" a écrit sur X cette semaine Richard Grenell, émissaire du président américain pour les missions spéciales, ajoutant dans une menace à peine voilée : "La communauté internationale est unie contre Kurti. Les entreprises américaines se développent en Albanie et en Serbie mais pas au Kosovo à cause de Kurti".
Interrogé sur cette saillie, entre deux selfies et une carotte croquée avec des agriculteurs venus assister à son meeting, le premier ministre, candidat ne semblait pas s'en offusquer. "Quand on est Premier ministre on s'inquiète tout le temps. Mais je dois avancer. Avancer tout le temps".
Secret sur sa vie privée, M. Kurti est marié à une Norvégienne avec qui il a une fille.