Année bissextile, elle sera aussi une année préélectorale par excellence, même si l’état de notre économie va en égrener les longues journées d’attente d’un lendemain certes en devenir mais qui hésite à montrer le bout du nez.
Son avènement nous offre donc l’occasion de souscrire à cette vieille tradition de la presse qui consiste à dresser des bilans et à tirer des plans sur la comète.
Au premier registre, force est de rappeler que 2019 ne fut pas un long fleuve tranquille. Loin s’en faut.
Elle a même impacté notre pays dans des proportions fort notables. Les statistiques les plus récentes indiquent que le Maroc a navigué, 365 jours durant, sur une mer déchaînée en souquant sans prendre les vents qui auraient pu le conduire à bon port.
A preuve, nombre d’indicateurs importants sont demeurés au rouge malgré les efforts consentis.
Ainsi, l’arrêté des comptes nationaux a-t-il fait ressortir une croissance de l’économie nationale à 2,1% seulement au troisième trimestre 2019
Le chômage a, pour sa part, continué à osciller entre un taux qui frise ou dépasse allégrement la dizaine tout au long de l’année qui nous a quittés.
A l’avant dernier trimestre de celle-ci, il a été de 9,4% selon le HCP et il demeure relativement élevé parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans avec 26,7%, les femmes (13,9%) et les diplômés (15,5%).
Autre indicateur de mauvais augure : non seulement la croissance a décéléré, mais Bank Al-Maghrib en prévoit une accélération moins rapide en 2020.
De plus, le Maroc a fait pale figure aux différents classements internationaux, exception faite du Doing Business où il a vaillamment gravi quelques marches du podium. Ce qui rend d’autant plus inexplicable la forte mortalité des entreprises sur fond d’étalage des signes extérieurs de la richesse par nombre de patrons qui continuent, néanmoins, à se plaindre de tout et de rien.
Et cerise sur le gâteau, les droits de l’Homme et la liberté d’expression ne semblent pas avoir été au meilleur de leur forme en 2019, à en juger par le nombre des affaires traitées dans ce cadre par la justice.
Il faut, néanmoins, savoir raison garder et éviter toute généralisation puisqu’elle ne pourrait être que réductrice au regard du gap infranchissable qui sépare le discours officiel de celui que tiennent les hérauts du droit-de-l’hommisme.
Une question incontournable doit cependant être crûment posée : qu’est-ce que le Maroc devra faire prioritairement en cette année pour booster son développement économique, initier une croissance porteuse et répartie dans le sens de la résorption des importants déficits enregistrés au niveau social ?
Bien malin est celui qui pourra en augurer.
Nous ne jouerons donc ni aux devins, ni aux laudateurs, ni même aux oiseaux de mauvais augure.
Nous nous contenterons cependant de reprendre comme telle cette phrase du père fondateur de la République populaire de Chine, Mao Zedong, selon laquelle «l'avenir est radieux, mais la route est sinueuse» et de rappeler que nous n’avons d’autre choix que d’attendre en espérant que le millésime 2020 sera meilleur que celui qui l’a précédé.