Vous avez dit modernisation de l’administration publique ?

E-gov, watiqa, idariti, tout un chacun serait tenté de croire que l’administration marocaine s’est bien installée dans l’ère des nouvelles technologies de l’information. Nous serions donc à des années-lumière des files d’attente, des allers-retours interminables et des pertes de temps. Tout devrait se faire dans le respect et la dignité du citoyen.

Cette image idyllique est loin  d’être la réalité. Amina en a fait la triste expérience. Entre les discours pompeux, les appellations à sensation et la pratique sur le terrain, l’écart est considérable. La date de sa carte d’identité nationale étant presque arrivée à expiration, elle se devait d’en faire établir une autre. Récit d’une mésaventure.

1er épisode

Elle consulte un site électronique pour s’assurer des démarches à entreprendre. Elle, qui a toujours appréhendé tout contact avec l’administration, arrive plutôt confiante. Direction, l’arrondissement urbain de sa circonscription. Elle, qui a toujours appréhendé tout contact avec l’administration, arrive plutôt confiante Bonne surprise, le moqaddem est déjà là. Il procède à la vérification des documents nécessaires pour l’obtention du certificat de résidence. Tout y est. Elle jubile intérieurement et se dit qu’à ce rythme-là, elle pourrait entreprendre le reste des démarches dans la journée. Mais elle a vite déchanté. Dans un premier temps, on lui a assuré que  ladite attestation sera prête incessamment, il faut juste attendre que le caïd arrive, car il devrait y apposer sa signature. Super, elle en profite pour faire d’autres courses. Une heure après, c’est la première déception. Le grand patron n’est toujours pas là. Bon nombre de personnes font les cent pas et essaient de se contenir. Amina n’a d’autre choix que de les rejoindre. On dirait que le temps s’est arrêté. C’est pas bien grave une heure de plus, une heure de moins, il n’y a pas de mal. Elle s’adresse pour la énième fois à la secrétaire :«Dites-moi juste à quelle heure il sera là». Agacée, l’intéressée lui lance un regard noir. «Quand il viendra, tu le verras bien passer», rétorque-t-elle. Amina commence à bouillonner de rage «mais bon Dieu j’ai dû prendre une autorisation pour un jour d’absence et voilà que j’en suis là à attendre» et un autre citoyen d’ajouter :«Et la délégation de signature, qu’est-ce qu’on en fait? Je suis ici juste en vacances. Je repars demain en France et je ne fais que tourner en rond». Bientôt 14h, il n’y a plus rien à espérer. Dépitée, Amina quitte les lieux dans tous ses états. 

2ème épisode 

Le lendemain, elle passe récupérer son document dont les services de police se serviront pour établir l’attestation de résidence finale. Là non plus elle n’est pas au bout de ses peines. Mais au moins on ne l’a pas laissé poireauter toute une journée pour rien. D’emblée, on lui a fait comprendre qu’elle ne récupérerait son document que le lendemain. «On m’avait pourtant assuré que l’opération ne prenait que quelques minutes», balbutie-t-elle en quittant le commissariat. 

3ème épisode 

Enfin arrive la dernière étape, celle de la prise des empreintes digitales. Mais avant même d’entreprendre quoi que ce soit, le fonctionnaire qui vérifie les documents s’arrête net sur les photos «Ah non ! ces photos ne sont pas réglementaires», s’entend-elle préciser. Du coup, elle en a perdu la voix. Si seulement chacun faisait son travail comme il faut, on n’en serait pas là !