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Pour le ministre en charge des Relations avec le Parlement, il n’y a pas de doute : « Brandir des pancartes et exhiber des photos d’un citoyen impliqué dans une affaire en cours d’instruction devant la justice, par un groupe parlementaire, est une atteinte à la crédibilité de l’institution législative ».
Autre son de cloche du côté du PJD et son député Lahcen Daoudi et pour qui cette manifestation sous la coupole est tout simplement « un acte politique »: « Il s’agit d’un procès politique. Et à procès politique, acte politique qui ne peut s’exprimer qu’à l’intérieur du Parlement. Ce n’est pas une forme de pression que nous voulons exercer sur la justice, mais une réaction politique que nous avons voulu montrer ».
Des pressions sur la justice ?
Depuis les travées de l’hémicycle, les députés islamistes avaient en effet levé haut des pancartes où l’on pouvait lire « Nous sommes tous Jamaa Mouatassim » tout en brandissant les photos de cet élu communal islamiste, actuellement incarcéré à la prison de Salé. Et si les islamistes du Parlement affirment ne pas vouloir faire pression sur la justice, leur manifestation de solidarité (et de protestation) s’est en tout cas tenue alors que M. Mouatassim et les 12 autres mis en cause dans ce dossier, étaient devant le juge d’instruction Chentouf. La réaction du ministère de la Justice aux destinées duquel préside l’ancien avocat Mohamed Naciri ne s’est pas fait attendre. « Pas question d’intervenir ou d’influencer le cours de la justice », indique un communiqué de ce département, rendu public jeudi en fin d’après-midi, tout en s’étonnant de la conférence de presse organisée par le PJD suite à l’arrestation de Jamaa Mouatassim.
Réponse cinglante de Lahcen Daoudi : « Le gouvernement doit respecter le principe de la séparation des pouvoirs. L’Exécutif ne doit pas dicter au Législatif sa conduite, ce qu’il a le droit ou pas de faire ! »
Au Parlement pourtant, l’émotion est encore vive. La manifestation des députés du parti d’Abdelilah Benkirane est au cœur de tous les commentaires, toutes les conversations. Le bureau de la Chambre des représentants s’est d’ailleurs réuni, dès jeudi, sous la présidence d’Abdelouahed Radi pour « mettre en garde contre les dérives constatées lors de la séance hebdomadaire des questions orales du mercredi » et « rejeter ce genre de pratiques inadmissibles dans un Etat de droit du moment qu’elles visent à exercer des pressions sur la justice dans une affaire de gestion locale ». Attention à la gravité de ces comportements qui « dévient les missions du Parlement et constituent une grave atteinte aux attributions des institutions » fait en effet valoir le bureau de la Chambre des députés dans un communiqué daté du jeudi 13 janvier.
Un député du Rassemblement national des indépendants est prompt à fustiger les déviations des missions du Parlement. Les questions orales, explique-t-il, se transforment de plus en plus souvent en tribune pour régler des problèmes et des intérêts personnels qui ne concernent pas la nation mais un groupe et une personne. Dans cette tempête politico-judiciaire, le PPS préfère raison garder. « On a vu de telles manifestations organisées à l’intérieur du Parlement sous d’autres cieux ! » rappelle Nabil Benabdallah, le secrétaire général de ce parti de gauche tout en prenant le soin de signifier que le Parlement doit garder « son caractère symbolique ». « Cela dit, il faudrait regarder du côté du fond et s’interroger sur ces manières expéditives de régler certains problèmes et qui prêtent à inquiétude», conclut-il.