Vingt ans après la pétition qui avait permis la réforme de la Moudawana


Hassan Bentaleb
Lundi 25 Juillet 2011

Un million de signatures pour une égalité parfaite entre les hommes et les femmes

Vingt ans après la pétition qui avait permis la réforme de la Moudawana
Les femmes marocaines réclament plus d’égalité. Elles viennent de lancer une pétition sur Facebook pour rassembler un million de signatures pour une égalité parfaite entre elles et les hommes dans tous les domaines.
Hier vers midi, leur pétition avait déjà recueilli près de 2000 signatures de femmes, d’hommes, d’ONG internationales, de militantes féministes, d’organisations des droits humains, d’universitaires, de journalistes, etc.
Les femmes marocaines estiment que le contexte actuel est propice pour lancer pareil débat et œuvrer pour accélérer la cadence de l'implication des femmes dans les domaines tant politique qu'économique. D’autant plus que le nouveau texte constitutionnel a fixé dans son article 19 la parité comme objectif, en annonçant la création d'une Haute autorité pour la parité et en édictant également la nécessité de lutter contre toute forme de discrimination à l’endroit des femmes.
Des dispositions que les femmes ont gagnées après une lutte d’autant plus acharnée. Une lutte dont l’un des hauts faits fut l’épisode du million de signatures en 1991. Lequel avait induit la réforme du Code de la famille en vigueur depuis février 2004. Ce qui n’avait, malheureusement, pas fait avancer les choses avec la diligence voulue puisque le Maroc avait continué à figurer parmi les mauvais élèves en matière de parité. Il a ainsi été  classé 127ème sur 134 pays  en 2010 selon le classement sur l'égalité hommes-femmes publié par le Forum économique mondial.
Selon cette étude, les femmes sont trois fois moins présentes dans la vie active que les hommes, elles gagnent quatre fois moins que le sexe dit fort et seules 44 % d’entres-elles savent lire et écrire, contre 69 % des hommes.
De son côté, le Rapport national d’analyse de la situation  des droits humains des femmes et de l’égalité entre les sexes, élaboré dans le cadre du programme Euromed a révélé que si le processus démocratique engagé depuis le début des années 90 a entraîné une prise en  compte plus importante de la question de l’égalité hommes-femmes et le lancement par les  pouvoirs publics d’une politique volontariste de promotion des femmes dans le sens de l’égalité des sexes, plusieurs restrictions et limites, inhérentes aux espaces où se construisent les rapports de sexe ont entravé  la mise en œuvre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW en anglais).
Certains  de ces obstacles posent la question fondamentale de la mise en application des dispositions de la CEDAW par  le législateur marocain. D’autres obstacles sont à caractère institutionnel et interrogent la capacité des  instances législative et exécutive à mettre en place des structures spécifiques à la condition des  femmes. La troisième catégorie d’obstacles recensés  interpellent les conditions socioéconomiques du pays  confortant les  résistances qui sont souvent en interdépendance directe avec le poids des mentalités. Du coup, des écarts subsistent entre  les lois et la pratique, indique le rapport.  Au quotidien, certaines femmes continuent à subir de nombreuses  discriminations et violences,  particulièrement dans l’espace privé ;  l’analphabétisme touche davantage les femmes, surtout en milieu rural ;  et le taux de chômage  élevé des diplômés touche plus les femmes que les hommes. Le   taux élevé d'abandon scolaire  chez les filles est souvent dû à des choix familiaux reposant sur des conceptions sociales et  culturelles traditionnelles telles que les mariages précoces ou la préférence donnée à l'éducation  des garçons.
Au niveau de l’accès à l’emploi, si la participation des femmes au marché du travail a crû durant les dernières années, elle reste nettement moins élevée que celle des hommes. Elle  est par ailleurs caractérisée par le versement, à qualifications égales, de salaires moins élevés que ceux des hommes, ainsi que par la vulnérabilité des femmes au sous-emploi et à la précarité.
En outre, la pauvreté et l'absence de protection sociale  frappent plus particulièrement les femmes. Celles-ci obtiennent plus difficilement des  postes de cadre et de direction et le développement de leur carrière est entravé par les  responsabilités familiales, par le manque d’implication des hommes dans la gestion de l’espace  privé et par l'absence d'infrastructures sociales de garde et de soins permettant une meilleure  conciliation de la vie familiale et de la vie professionnelle.
En ce qui concerne l’entrepreneuriat  féminin, le rapport note un progrès important mais l'absence de facilités de financement et de crédits, et le manque de personnel qualifié en  constituent les principaux obstacles au développement des entreprises féminines.
Dans l’espace politique, la position des femmes, selon l'Indice de participation des femmes (IPF)  est encore faible. Il traduit les inégalités hommes-femmes dans la prise de décision économique  et politique.
Les efforts consentis au niveau de la participation politique des femmes dans les  instances  élues ont   toutefois  amélioré cet indice.  Ceci étant,  l'ignorance de l'existence d'une  législation favorable à l'égalité et l'absence de mécanismes efficaces de suivi de la mise en œuvre  de ces droits, font que les actions positives et les droits nouvellement acquis sont peu utilisés par  les femmes elles-mêmes aussi bien dans l’espace familial que dans l’espace public.


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