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Pas plus tard que lundi, des dizaines de ces victimes se sont rassemblées pour protester contre l’évacuation par force de certains de leurs baraques avant leur démolition. Il s’agit de deux familles qui ont reçu l’ordre d’évacuer les lieux avant de prendre possession d’un appartement qui ne sera fin prêt que dans deux ans. Des heurts ont éclaté entre les forces de l’ordre qui ont débarqué en masse et les derniers habitants de ces bidonvilles. « Les deux familles seront obligées de partager un appartement de 80 m2, soit 40 m2 pour chacune d’entre elles. Pis, ces dernières doivent se débrouiller en attendant d’être relogées puisque l’appartement qui leur a été promis n’est pas encore construit », nous a déclaré un manifestant. Et de poursuivre : « Ces deux familles comme beaucoup d’autres ont été les victimes expiatoires de la corruption, du favoritisme et du clientélisme, notamment de la part des mokaddems et des caïds, premiers responsables de la manipulation qui a entaché les listes des bénéficiaires ».
En effet, nombreux sont ceux qui ont qualifié de douteuses les opérations de recensement, notamment celle de 2010, du fait que cette dernière ne s’est pas basée sur des critères objectifs et que son déroulement a été truffé de dysfonctionnements. Particulièrement, dans sa phase dite de validation des résultats par les autorités locales.
Ainsi, plusieurs personnes se sont-elles trouvées exclues des listes des bénéficiaires alors qu’elles sont nées et ont grandi dans ces bidonvilles. A leur tête, les jeunes, notamment mariés et ceux qui ont des enfants. « J’ai 43 ans aujourd’hui. Je suis né et j’ai grandi dans ce bidonville. Pourtant, j’ai été exclu des opérations de recensement et cela à plusieurs reprises pour la simple raison que le mokaddem a prétendu qu’il ne me connaissait pas », nous a lancé avec colère un autre manifestant. Pas le temps de dire plus, un autre l’a interrompu pour nous affirmer que « beaucoup de gens ont bénéficié des opérations de relogement alors qu’il s’agit de personnes étrangères à ce bidonville ou qui s’y sont récemment installées. Il y a également parmi elles des propriétaires de maisons. Alors pourquoi ont-elles bénéficié de l’opération et pas nous ? ».
De nombreux bidonvillois ont été non seulement exclu du droit d’accès au logement mais il leur est également interdit de bénéficier de certains documents administratifs. En effet, depuis 2010, les plus jeunes d’entre eux n’ont plus le droit d’avoir de certificat de résidence ou de tout autre document d’identité. Ainsi, nombreux sont ceux qui ne disposent ni de carte d’identité nationale ni de passeport. Pire, certains se sont même mariés sans acte et leurs enfants n’ont pas pu être portés sur les registres de l’état civil.
Aujourd’hui, cette population demande l’ouverture d’une enquête pour jeter la lumière sur les irrégularités qui ont entaché les opérations de recensement.
Des charges graves qui ont été reconnues même par Nabil Benabdallah, ministre de l’Habitat et de la Politique de la ville qui a indiqué être en possession d’aveux démontrant qu’il y a des irrégularités de la part des agents et axillaires d’autorité. Lui qui fait aujourd’hui profil bas puisque sa promesse de mener à bon port le programme « Villes sans bidonvilles » a fondu comme neige au soleil alors que l’année 2015 a été annoncée comme date butoir pour faire du Maroc un pays sans bidonvilles. Les derniers chiffres du HCP ont révélé que le logement de type «bidonville ou habitat sommaire» représente 5,6% des ménages au Maroc, soit plus de 420.00 familles. Un état de fait qui ne semble pas émouvoir outre mesure ledit ministre qui n’a pas trouvé mieux que de se décharger de toute responsabilité quant au retard dans l’avancement du programme « Villes sans bidonvilles », estimant que l’accélération de ce dispositif est du ressort des autorités locales, des conseils élus et des populations concernées plutôt que du ministère de tutelle.
Mais, il n’y a pas que la population qui pose problème, selon lui, il pense que l’augmentation du nombre de ménages issus des bidonvilles, le problème des maisons menaçant ruine et la restructuration de certains quartiers ont également entravé l’avancement dudit programme. Une manière de se défausser de ses responsabilités sur les autres sans avoir, le moins du monde, froid aux yeux.
Du côté des autorités locales de Ben M’Sick, les demandes d’enquête n’ont pas la moindre chance d’aboutir. Ces dernières estiment que les accusations de corruption sont infondées et proférées par des « professionnels » de la protestation qui cherchent à perturber le cours des évènements. Ces mêmes autorités nient toute responsabilité de leurs agents dans l’opération de recensement tout en précisant que le projet de relogement est initialement destiné aux familles recensées avant 2010 et non aux jeunes célibataires et que les critères de choix ont été fixés par le gouvernement et par lui seul.