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![Vers quel développement humain s’oriente-t-on? Vers quel développement humain s’oriente-t-on?](https://www.libe.ma/photo/art/default/5722319-8531660.jpg?v=1374746326)
Dans la mesure où l’individu constitue la richesse principale d’une nation, la lutte contre la pauvreté ne doit pas se réduire à fournir des services sociaux aux populations (pistes, eau potable, foyers de jeunes filles, dispensaires,...). Si ces prestations contribuent à soulager certains maux tels que l’enclavement, la déperdition scolaire, et les problèmes de santé, ils ne peuvent, par contre, assurer un développement durable.
Malheureusement, la plupart des pays en voie de développement ne peuvent pas garantir les services collectifs efficaces et universels à leurs populations. Malgré les efforts déployés depuis l’indépendance, le Maroc subit les conséquences des expériences ratées en matière de développement humain et la lutte contre la pauvreté, des expériences qui ont engendré un retard causé par les échecs induits par les retombées des programmes d’ajustement structurel.
C’est pourquoi l’individu doit prendre le relais de l’Etat pour mener des actions sociales. En effet, une dimension nouvelle de la pratique des politiques sociales a émergé. Il s’agit de la prise en charge par la société civile et le secteur privé de la satisfaction de certains besoins sociaux de la population.
Aujourd’hui, 8 ans après le lancement de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), forums, séminaires et rencontres ont été organisés, et des études et rapports ont été menés sur la première phase 2005-2010 pour présenter les résultats de cette initiative. Si on essaye d’analyser la situation actuelle, on constate que l’INDH a permis de réduire le taux de pauvreté de 36% à 21% dans les zones ciblées, de financer 22.000 projets et d’avoir 5,2 millions de bénéficiaires. 33% des projets sont portés par les femmes et 13% par les jeunes.
Mais malgré ces résultats, le Maroc est situé au 130ème rang sur 180 pays au classement du développement humain selon le dernier rapport du PNUD. Cela veut dire qu’il existe encore des contraintes et des points noirs qui demandent beaucoup d’efforts pour mettre le train du développement sur les rails.
Si l’INDH est perçue comme un levier de développement humain au niveau institutionnel, sur le terrain, c’est autre chose. L’INDH est une machine à pomper l’argent. Selon les témoignages des différentes acteurs (société civile, élus locaux, population cible, ….), les limites de cette initiative existent dans le ciblage de la population défavorisée, les mécanismes de financement, et la mise en œuvre de ces programmes, à savoir :
- La défaillance du suivi des projets de l’INDH à la fois de la part des porteurs de projets et des structures territoriales de gestion, et ce à cause du faible niveau de technicité des acteurs de ces projets
- L’absence de critères de choix et de sélection des membres des comités de développement humain.
- L’octroi de subventions qui se fait à la hâte en tuant l’esprit d’initiative et en développant la mentalité d’assisté.
- L’inefficacité des critères d’éligibilité des associations bénéficiant des projets INDH. Dès le lancement de l’initiative, plusieurs associations ont vu le jour.
- Le manque de moyens en termes de ressources humaines qualifiées et de logistique au sein des services chargés de l’INDH.
- La faible implication de certains partenaires comme les conseillers communaux et les services extérieurs (éducation, santé, équipement, jeunesse et sports et agriculture) dans la mise en œuvre des projets de l’INDH.
- L’inadéquation entre les outils de financement prévus pour les projets et les contraintes locales.
Où se situe le vrai problème ?
Que faut-il faire maintenant pour combler les failles de cette initiative ? Par quoi faut-il commencer ?
Claude Lévi-Strauss a dit que «le savant n’est pas l’homme qui fournit de vraies réponses, c’est celui qui pose de vraies questions », c’est-à-dire cibler le point-clé du problème.
De mon point de vue, il ne suffit pas, seulement, d’aider financièrement les gens pour concrétiser les projets mais le plus important est de renforcer l’ancrage de la confiance en soi et en l’avenir pour ces gens, en les impliquant et les intégrant dans toutes les étapes de la réalisation de leurs projets. Cela veut dire que l’importance est donnée à l’être humain en tant qu’acteur et bénéficiaire, ce qui reflète l’idée d’Amartya Sen qui précise que le développement de l’homme est par l’homme et pour l’homme.
Ne dit-on pas: «Si tu penses à un an, sème une graine, si tu penses à dix ans, plante un arbre, si tu penses à cent ans, change la conscience de l’homme»?
J’estime donc que nous devons travailler tous ensemble pour mettre fin à un passé caractérisé par une approche sécuritaire qui a bloqué longtemps le développement humain au Maroc, en ouvrant un vrai débat fructueux qui doit réunir tous les acteurs pour mettre en place une plateforme de travail fondée sur la participation, la gouvernance et la convergence où tous les acteurs de développement, Etat, société civile, secteur privé et population ciblée, doivent participer à l’élaboration et à la gestion des programmes de l’INDH.
Le Maroc dispose de tous les moyens et des ressources humaines et naturelles pour relever les défis du développement humain. Il ne lui faudrait qu’une seule chose : la volonté.
*Doctorante chercheur
à la Faculté des sciences
juridiques, économiques,
et sociales – Agdal
(Université Mohammed V)
Malheureusement, la plupart des pays en voie de développement ne peuvent pas garantir les services collectifs efficaces et universels à leurs populations. Malgré les efforts déployés depuis l’indépendance, le Maroc subit les conséquences des expériences ratées en matière de développement humain et la lutte contre la pauvreté, des expériences qui ont engendré un retard causé par les échecs induits par les retombées des programmes d’ajustement structurel.
C’est pourquoi l’individu doit prendre le relais de l’Etat pour mener des actions sociales. En effet, une dimension nouvelle de la pratique des politiques sociales a émergé. Il s’agit de la prise en charge par la société civile et le secteur privé de la satisfaction de certains besoins sociaux de la population.
Aujourd’hui, 8 ans après le lancement de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), forums, séminaires et rencontres ont été organisés, et des études et rapports ont été menés sur la première phase 2005-2010 pour présenter les résultats de cette initiative. Si on essaye d’analyser la situation actuelle, on constate que l’INDH a permis de réduire le taux de pauvreté de 36% à 21% dans les zones ciblées, de financer 22.000 projets et d’avoir 5,2 millions de bénéficiaires. 33% des projets sont portés par les femmes et 13% par les jeunes.
Mais malgré ces résultats, le Maroc est situé au 130ème rang sur 180 pays au classement du développement humain selon le dernier rapport du PNUD. Cela veut dire qu’il existe encore des contraintes et des points noirs qui demandent beaucoup d’efforts pour mettre le train du développement sur les rails.
Si l’INDH est perçue comme un levier de développement humain au niveau institutionnel, sur le terrain, c’est autre chose. L’INDH est une machine à pomper l’argent. Selon les témoignages des différentes acteurs (société civile, élus locaux, population cible, ….), les limites de cette initiative existent dans le ciblage de la population défavorisée, les mécanismes de financement, et la mise en œuvre de ces programmes, à savoir :
- La défaillance du suivi des projets de l’INDH à la fois de la part des porteurs de projets et des structures territoriales de gestion, et ce à cause du faible niveau de technicité des acteurs de ces projets
- L’absence de critères de choix et de sélection des membres des comités de développement humain.
- L’octroi de subventions qui se fait à la hâte en tuant l’esprit d’initiative et en développant la mentalité d’assisté.
- L’inefficacité des critères d’éligibilité des associations bénéficiant des projets INDH. Dès le lancement de l’initiative, plusieurs associations ont vu le jour.
- Le manque de moyens en termes de ressources humaines qualifiées et de logistique au sein des services chargés de l’INDH.
- La faible implication de certains partenaires comme les conseillers communaux et les services extérieurs (éducation, santé, équipement, jeunesse et sports et agriculture) dans la mise en œuvre des projets de l’INDH.
- L’inadéquation entre les outils de financement prévus pour les projets et les contraintes locales.
Où se situe le vrai problème ?
Que faut-il faire maintenant pour combler les failles de cette initiative ? Par quoi faut-il commencer ?
Claude Lévi-Strauss a dit que «le savant n’est pas l’homme qui fournit de vraies réponses, c’est celui qui pose de vraies questions », c’est-à-dire cibler le point-clé du problème.
De mon point de vue, il ne suffit pas, seulement, d’aider financièrement les gens pour concrétiser les projets mais le plus important est de renforcer l’ancrage de la confiance en soi et en l’avenir pour ces gens, en les impliquant et les intégrant dans toutes les étapes de la réalisation de leurs projets. Cela veut dire que l’importance est donnée à l’être humain en tant qu’acteur et bénéficiaire, ce qui reflète l’idée d’Amartya Sen qui précise que le développement de l’homme est par l’homme et pour l’homme.
Ne dit-on pas: «Si tu penses à un an, sème une graine, si tu penses à dix ans, plante un arbre, si tu penses à cent ans, change la conscience de l’homme»?
J’estime donc que nous devons travailler tous ensemble pour mettre fin à un passé caractérisé par une approche sécuritaire qui a bloqué longtemps le développement humain au Maroc, en ouvrant un vrai débat fructueux qui doit réunir tous les acteurs pour mettre en place une plateforme de travail fondée sur la participation, la gouvernance et la convergence où tous les acteurs de développement, Etat, société civile, secteur privé et population ciblée, doivent participer à l’élaboration et à la gestion des programmes de l’INDH.
Le Maroc dispose de tous les moyens et des ressources humaines et naturelles pour relever les défis du développement humain. Il ne lui faudrait qu’une seule chose : la volonté.
*Doctorante chercheur
à la Faculté des sciences
juridiques, économiques,
et sociales – Agdal
(Université Mohammed V)