Selon les médias français, une vingtaine de proches du président Abdelaziz Bouteflika ont remis publiquement en cause ses capacités à diriger le pays. Certains sont allés même jusqu’à dénoncer un "climat général dégradé", et demandé à le rencontrer pour s'assurer de sa bonne santé intellectuelle.
En effet selon l’AFP, dix-neuf personnalités algériennes ont demandé à rencontrer le président Abdelaziz Bouteflika dont les activités publiques sont devenues rares depuis 2013, selon une lettre rendue publique vendredi.
"Nous estimons qu'il est de notre devoir de patriotes algériens d'attirer votre attention sur la dégradation du climat général dans notre pays", affirment les signataires de la lettre dans laquelle ils demandent une audience au chef de l'Etat.
Parmi les signataires figurent notamment la célèbre combattante pour l'indépendance Zohra Drif-Bitat, trois anciens ministres, dont Khalida Toumi, qui a fait partie du gouvernement de 2002 à 2014, et l'écrivain Rachid Boudjedra.
Selon les auteurs de la lettre, "le renoncement à la souveraineté nationale par notamment l'abandon du droit de préemption de l'Etat, la déliquescence des institutions de l'Etat, la grave dégradation de la situation économique et sociale, l'abandon des cadres algériens livrés à l'arbitraire et aux sanctions partiales" sont des "signes notoires" de la dégradation du climat général dans le pays.
L'Algérie, qui a perdu environ 50% de ses revenus pétroliers à cause de la chute des prix du brut depuis 2014, est contrainte de prendre sans tarder des mesures d'austérité budgétaire pour diminuer le coût énorme des transferts sociaux qui permettent au pouvoir d'acheter la paix sociale.
Le gouvernement prévoit notamment une augmentation des prix des carburants, selon le ministre des Finances Abderahmane Benkhalfa.
Les signataires affirment vouloir "faire partager à Bouteflika, leurs inquiétudes quant à l'avenir du pays et solliciter ses interventions sur l'extrême gravité de la situation".
Pour cela, affirme le Parisien, ils demandent à le rencontrer pour s'en assurer malgré les assurances du gouvernement affirmant que Bouteflika même malade travaille et donne ses directives.
Au total, dix-neuf personnalités algériennes ont demandé, dans une lettre rendue publique vendredi, à rencontrer le chef de l'Etat dont les apparitions publiques demeurent très rares en raison de sa maladie. «Je connais très bien le président et je doute que certaines décisions soient de sa propre initiative», a affirmé l'ex-ténor du parti de l'opposition RCD, Khalida Toumi, larguée de son parti pour avoir fait partie de l'équipe de Bouteflika de 2002 à 2014, date à laquelle le président algérien a été réélu pour un quatrième mandat.
Toujours selon le quotidien, ses opposants, à l'instar de son ancien Premier ministre Ali Benflis, devenu principal rival à la présidentielle de 2014, n'hésitent pas à parler d'une «vacance» de pouvoir.
Seul enseignement à tirer de cet appel est que ces personnalités, l'ayant soutenu contre vents et marées au moment où d'autres rejetaient sa quatrième candidature en raison de son état de santé, veulent savoir publiquement si c'est bien Bouteflika qui est derrière les décisions «prises ou annoncées» par communiqués au nom du président. En clair, comme le souligne le journal francophone Liberté, Bouteflika se trouve «mis en demeure de montrer qu'il gouverne» le pays. Ce, alors que bon nombre d'Algériens pensent que le véritable décideur serait Saïd Bouteflika, frère du président, faute de se présenter aux élections.
«En filigrane, les doutes exprimés à la faveur de cette démarche laissent croire que le chef de l'Etat est tenu à l'écart des grandes décisions politiques», analyse de son côté El Watan, qui évoque une prise du pouvoir par des «groupes informels». Parmi les décisions récentes prises par Bouteflika et qui ont suscité des inquiétudes figurent le démantèlement des puissants services de renseignement et le renvoi de leur patron, le général Mohamed Mediene, dit Toufik, en poste depuis 25 ans. Ou encore le chef de la garde présidentielle, limogé en juillet, en raison de coups de feu au sein de la résidence d'Etat à Zéralda où Bouteflika reçoit depuis son retour de l'hôpital en 2013, rapporte le quotidien.