C'est en épluchant le registre des décès survenus à Vienne pendant les mois qui ont entouré la date de la mort de Wolfgang Amadeus Mozart -novembre et décembre 1791, janvier 1792- et en les comparant aux décès des années qui ont précédé et suivi que les chercheurs en sont arrivés à cette conclusion.
"Nous avons remarqué qu'au moment de la mort du compositeur, sévissait une petite épidémie de décès avec oedèmes, un symptôme qui se trouve être la caractéristique de la fin de Mozart", a observé le Dr Richard Zegers de l'Université d'Amsterdam, un des auteurs de l'étude publiée mardi par les "Annales de médecine interne", une revue médicale américaine.
Lui et son équipe ont observé un pic de décès avec des oedèmes chez les jeunes Viennois au moment de la disparition de Mozart, comparé aux décès des autres années étudiées, ce qui suggère une épidémie mineure d'infections à streptocoque.
La cause officielle de la mort du musicien, consignée au registre officiel des décès survenus à Vienne, était "fièvre et éruption", bien que ces signes n'aient été reconnus que comme de simples symptômes et pas comme une maladie réelle.
Les lettres qu'il a laissées, tout comme sa production musicale, donnent à penser qu'il se sentait bien au cours des mois précédant sa mort et qu'il ne souffrait d'aucune pathologie chronique. De nombreux récits font par ailleurs apparaître qu'il est tombé malade peu de temps avant sa mort. Sa belle-soeur a ainsi rapporté, trois ans après le décès du prodige, qu'il souffrait d'oedèmes si graves qu'il ne pouvait plus se retourner dans son lit.
D'autres témoins de sa fin ont eux aussi décrit des oedèmes, des lombalgies, un malaise et une éruption, autant de symptômes qui indiquent que Mozart pourrait avoir succombé à une maladie rénale provoquée par une infection à streptocoque.
"Ce n'est pas définitif, mais ça nourrit la réflexion", a déclaré le Dr William Schaffner, spécialiste des maladies infectieuses à l'université Vanderbilt. Selon cet expert extérieur à l'étude, il n'est pas déraisonnable de supposer que Mozart soit mort d'une complication à streptocoque, si on se fonde sur l'information présentée. Toutefois, a-t-il noté, "les infections graves à streptocoque étaient plus fréquentes qu'elles ne le sont aujourd'hui et présentaient de nombreuses complications".