Une résolution pour la Fête du Trône


Par le Dr Yossef Ben-Meir *
Jeudi 31 Juillet 2014

Une résolution pour la Fête du Trône
En termes de développement humain durable, l’histoire du Maroc, qui célèbre aujourd’hui le 15ème anniversaire de l’accession de S.M le Roi Mohammed VI au Trône, est tout à fait fascinante.
Elle résonne pour tous les pays en développement qui cherchent à tracer une voie similaire pour structurer leurs institutions afin d’y inclure un ingrédient qui s’est avéré crucial pour la réussite, celui de la participation populaire. C’est cette composante qui fait que l’histoire est non seulement à suivre, mais une histoire qui a déjà des impacts réels et positifs.
En tant que dirigeant d’une ONG maroco-américaine consacrée au développement humain durable au Royaume par le biais de l’application de la planification communautaire, je ne puis m’empêcher d’éprouver de l’admiration pour le Monarque, qui sillonne inlassablement le pays, présidant à l’ouverture officielle d’innombrables petits projets, qui parle le langage du développement et témoigne d’une profonde connaissance de ses subtilités et synergies. Par ailleurs, les expressions publiques de profonde frustration devant la mauvaise gestion et les occasions manquées ne sont presque jamais évoquées par le dirigeant d’un pays.
C’est en effet le Maroc qui est en première ligne des pays de la région du Moyen-Orient et Afrique du Nord pour instaurer la démocratie au moyen du développement en en assurant la  prospérité et s’organiser à travers d’institutions dans les centres urbains et les quinze mille villages du pays. Cependant, il est également vrai que ce grand projet n’atteindra pas son objectif si la mise en œuvre n’est pas menée avec plus d’efficacité et plus d’ampleur.
Unité et inclusion
Ce processus réfléchi et stratégique, dont Sa Majesté a commencé à jeter les bases en 1999, comprend de nombreuses initiatives.
Le Souverain s’est d’abord penché sur la question de la réconciliation publique. Il était implicite dans les regrets exprimés que l’unité était une condition préalable pour un développement partagé  dans l’avenir. L’inclusion de tous les groupes et points de vue s’impose également et la révision du Code de la famille (Moudawana), en renforçant et en protégeant le statut des femmes marocaines au sein de la famille et de la société, a été à cet effet capitale. La préservation du patrimoine multiculturel du Royaume et de son équilibre durable d’unité et de diversité entre les populations des trois religions révélées est un autre aspect de l’application de ce principe.
La modification de la législation régissant les associations de la société civile a simplifié et rendu plus accessible leur processus de création et leur a permis d’obtenir des fonds nationaux et internationaux.
 La voie était alors ouverte au lancement, en 2005, de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH). Ce programme permet de financer des projets locaux dans les communes urbaines et rurales les plus défavorisées. Il reprend en outre la vision progressiste Royale du développement durable, non seulement comme une question liée à l’environnement, mais aussi comme un processus de longue haleine étroitement lié à un éventail de perspectives et de facteurs économiques, sociaux, politiques, culturels, techniques et financiers.
Le Souverain a également compris, de manière déterminante, que la réussite du développement devait reposer sur la planification participative pour permettre d’y intégrer tous les points de vue pertinents et de répondre directement aux besoins des populations.
L’INDH était un préalable essentiel pour une régionalisation réussie qui, dans le contexte du développement humain, permettrait de s’attaquer aux différences socioéconomiques liées au genre et autres formes d’inégalités.
 Enfin, l’engagement inébranlable du Souverain en faveur de l’Union du Maghreb arabe et de la coopération Sud-Sud est une partie importante de la vision globale car elle reconnaît que dans le contexte de la mondialisation, les liens et les blocs régionaux sont vitaux pour renforcer les capacités de production et les compétences réglementaires qui renforceront les liens globaux et protégeront des pouvoirs plus hégémoniques.
 Défis
 Pour le Maroc, le défi réside dans la mise en œuvre de ces initiatives de grande envergure et extrêmement louables, dont la mauvaise exécution, si frustrante, est reconnue par le Roi lui-même.
Sur les quarante à cinquante mille associations créées depuis 2002, la majorité sont improductives. En milieu rural, les filles qui ne poursuivent pas leurs études au-delà de l’enseignement primaire restent la norme. Les communautés ne pourront tirer pleinement parti de l’INDH et d’autres initiatives que si l’alphabétisation et le renforcement des capacités sont considérés comme de grandes priorités.
 Cela s’étend aux responsables locaux qui ne disposent pas des connaissances et des compétences nécessaires pour faciliter la planification participative à la population. La régionalisation doit passer des concepts à la mise en œuvre et devenir une réalité concrète et fluide impliquant l’indépendance par rapport au pouvoir central trop rigide.
 Le 15ème anniversaire de l’intronisation de S.M le Roi Mohammed VI est par conséquent à la fois un moment de féliciter - et d’encourager résolument. Cela suppose des programmes de formation pratique en vue de produire un nombre élevé de facilitateurs communautaires pour catalyser le développement local humain. Cela nécessite aussi l’accélération de la régionalisation pour commencer à transférer le pouvoir au peuple, comme l’a décidé le Royaume dans ses provinces du Sud, une région vitale pour son intégrité nationale.
La vision du Roi mérite des louanges pour ce qu’elle est un modèle unique qui intègre les meilleures idées pour un changement social progressif. Sa mise en œuvre devrait se faire avec l’urgence, l’investissement et l’efficacité qu’elle mérite pour le bien des citoyens marocains et pour servir d’orientation alternative à d’autres pays.
 
* Président de la Fondation 
du Haut-Atlas


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