Une politique de la ville mal construite ?

Les déclarations du ministre de l’Habitat mettent en lumière une absence patente de vision stratégique


Hassan Bentaleb
Samedi 11 Octobre 2014

Une politique de la ville mal construite ?
Enfin, une politique de la ville ou ce qui lui ressemble! Il a fallu plus de deux ans et demi pour que Nabil Benabdellah, ministre de l’Habitat et de la Politique de la ville, lève le voile sur ses projets dédiés à la politique de la ville. Il s’agit, en gros, de 88 projets dont 36 ont fait l’objet de conventions paraphées et 52 en cours de signature, ciblant  le développement intégré des villes, la lutte contre les habitats menaçant ruine et les villes nouvelles. Des projets qui ont mobilisé près de 11 milliards de DH de la part du département de tutelle. Mais peut-on parler vraiment d’une politique de la ville? Pas tout à fait. En effet, le Maroc vient de se fixer un objectif, celui de « la mise en place d’une stratégie, volontariste, inclusive et participative, qui vise à réduire la fracture urbaine, à lutter contre les formes de vulnérabilité et d’exclusion sociale et ce dans les zones urbaines sensibles qui connaissent un déficit en équipement et un faible taux de desserte en services urbains ». Mais il cherche encore les moyens pour mettre en œuvre cet objectif.  Pis, les pouvoirs publics ont encore du mal à identifier ce qu’ils entendent par « politique de la ville ». Pour certains spécialistes de la question, le concept demeure flou et imprécis. Car si le département de l’Habitat et de la Politique de la ville parle «d’une nouvelle approche basée sur le volontarisme, la participation de tous les acteurs concernés et la contractualisation des engagements convenus, et ce dans le but de créer des villes durables, productives de richesses, compétitives, solidaires, et inclusives capables d’intégrer les différentes couches sociales et de répondre aux besoins des citoyens», certains experts rappellent que ce concept renvoie plutôt à des programmes (Villes sans bidonvilles, mise à niveau urbaine, etc.). 
Pour d’autres, l’utilisation de ce concept évoque  une stratégie (Stratégie nationale de développement urbain) ou un système (Planification et gestion urbaine).  Une autre interprétation assimile «la politique de la ville» à celle de l’unité territoriale. 
Mais, il n’y a pas que le problème de définition qui se pose avec acuité. Celui des outils institutionnels s’invite aussi au débat. Effectivement,  la politique de la ville manque d’un organe institutionnel interministériel capable d’assurer la convergence en amont des différents programmes sectoriels pour aboutir à des projets intégrés au niveau des villes. Un déficit qui reste d’actualité  malgré la mise en place d’une direction de la politique de la ville composée de trois divisions (études et programmes, projets et conventions et développement territorial et soutien), et de huit services, en charge de l’élaboration d’une politique nationale de la ville en coordination avec les autres départements gouvernementaux et institutions concernés. 
L’environnement institutionnel suscite aussi des problèmes.  Pour plusieurs spécialistes de la question, la réussite de la politique de la ville demeure incertaine tant que des réformes institutionnelles portant sur la régionalisation, la fiscalité locale, la Charte communale, les ajustements institutionnels des services déconcentrés du gouvernement, en particulier ceux du ministère de tutelle n’ont pas été initiées. Pour eux, il est clair que la réussite d’une politique de la ville dépend en grande partie de l’appui de tous les acteurs concernés pour agir simultanément sur tous les leviers : développement social et culturel, rénovation urbaine et amélioration du cadre de vie, sécurité… Ce qui nécessite une action interministérielle et partenariale tant avec les autres ministères, services de l’Etat et organismes publics, qu’avec les collectivités territoriales et leurs partenaires, les entreprises, les habitants, et le secteur associatif, tant au niveau national que local. Une tâche que les services du ministère de Nabil Benabdellah ne semblent pas prêts à assumer.  



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