Une lecture au cœur des préoccupations citoyennes

Evaluation du bilan à mi-parcours du gouvernement


Libé
Dimanche 3 Mars 2024

Lors de la présentation de sa déclaration de politique générale devant les deux Chambres du Parlement, le lundi 11 octobre 2021, Aziz Akhannouch, chef du gouvernement, a formulé dix engagements de l’exécutif sur la période 2021– 2026. Parmi ces engagements, on note « la création d’au moins 250.000 emplois directs à mi-mandat, la réalisation d’un objectif tracé par la Commission nationale de développement humain , qui consiste à «augmenter le pourcentage d'activité des femmes à plus de 30% au lieu de 20% ».

Tout récemment, en défendant le bilan de l'action gouvernementale, et sans évoquer l’emploi, Aziz Akhannouch a affirmé avoir réalisé «des transformations qualitatives dans divers domaines socioéconomiques…, et que le gouvernement a tenu ses engagements envers les citoyens » .De même, il y a tout juste quelques jours, lors de l’émission «Moubachara Maakoum» diffusée sur la chaîne 2M, des députés de la majorité ont emboîté le pas au chef de l’exécutif en affirmant que «le gouvernement se montre très performant, notamment en matière de préservation des équilibres macroéconomiques, ce qui lui a valu, «les éloges de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international… ».

Or, « créer au moins 250.000 emplois et faire progresser rapidement l’activité féminine » semblent aujourd’hui relever du mythe persistant plutôt que de la réalisation opérationnelle. Aussi, en ouvrant avec autant de légèreté la boîte à promesse lors de son allocution d’investiture, le chef du gouvernement a-t-il pris le risque d’entrouvrir celle de «Pandore».

Disons d’emblée qu’il ne s’agit nullement de traiter par la dérision les vœux du chef du gouvernement, « encadrés » par des obligations politiques et des données plus ou moins discutables. Mais que de telles promesses sont, malheureusement, de moins en moins discutées, car souvent les débats politiques se réduisent à des choix à la marge de ce qu’on appelle des questions de société.

Soulignons au passage qu’en l’absence de véritables évaluations à miparcours des programmes sectoriels, de leur pertinence, leur impact et cohérence (i.e. une théorie du changement approfondie) ,on ne saurait apprécier précisément les actions conduites par l’actuel gouvernement, ses capacités à résoudre les problèmes sociaux désormais connus, et encore moins se prononcer sur ses aptitudes à conduire les programmes des réformes. Faut-il rappeler, encore une fois, que c’est la Banque mondiale qui recommande sérieusement l’évaluation des politiques publiques mises en œuvre pour « s’assurer qu’elles produisent les résultats escomptés, avec, bien entendu, un accès étendu aux données» ? Ce besoin d’évaluer est d’autant plus pressant que la modernisation des secteurs économiques et sociaux s’oriente vers une gestion de la performance.

Combien de fois avons-nous entendu des responsables politiques de tous bords déclamer des chiffres trop ambitieux ? Certains pourraient y voir l’expression d’un simple cynisme, et il pourrait y en avoir, d’autres y voient une aliénation qu’on impose aux électeurs… Et en admettant que tout chiffre est porteur d’une norme et que la norme est porteuse d’une prétention de pouvoir ; et même si le néolibéralisme est devenu aujourd’hui une « vérité effective », les échecs ne sont que de fâcheux accidents de parcours…

Ces principes étant admis, se posent alors quelques questions apparemment bien simples mais qui sont au cœur des préoccupations des citoyens, et qui pourraient constituer le point de départ d'une réflexion partagée sur trois éléments dont on dispose de données statistiques aidant à étayer quelques arguments soumis à l’appréciation des lecteurs : Qu’en est-il de la réalité du chômage, de l’activité féminine et de l’éducation dont le bilan mi-parcours du gouvernement semble contesté dans des aspects fondamentaux ?

Chômage, sous-emploi, activités féminines : une dégradation perceptible

Concernant le chômage, et dans sa note d’information relative à la situation du marché du travail, le Haut Commissariat au Plan (HCP) indique que l’économie marocaine a perdu 157.000 postes d’emploi entre 2022 et 2023 . Cette note du HCP souligne également que la hausse du taux du chômage a concerné l’ensemble des catégories d’âge ; puisqu’il est passé de 32,7% à 35,8% (+3,1 points) parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, de 19,2% à 20,6% (+1,4 point) pour les personnes âgées de 25 à 34 ans, de 6,4% à 7,4% (1 point) pour celles de 35 à 44 ans, et de 3,3% à 3,7% pour celles de 45 ans et plus (+0,4 point). Elle montre que les difficultés de garder un emploi ne sont pas plus fortes pour les jeunes que pour les personnes d’âge médian demandeuses d’emploi. Elle reflète que, quel que soit l’âge, l’accès à l’emploi « stable » reste difficile et confirme aussi une instabilité plusforte dansl’emploi et par là un risque de sortie vers l’inactivité.

Le HCP fournit les causes de cette dégradation qui s’explique par une création d’emploi trop timide pour faire face à l’accroissement de la population en âge d’activité (âgée de 15 ans et plus) (soit 1.4 % en 2022) ; d’autant plus que le faible dynamisme de l’emploi urbain n’arrive pas à contrebalancer la destruction d’emplois agricoles et absorber la masse de travailleurs issus de l’exode rural, du fait des sècheresses récurrentes.

Une lecture plus approfondie des données du HCP interpelle en faisant état d’un dynamisme du marché du travail qui peine à absorber de nouveaux arrivants (400.000 chaque année) et ce depuis longtemps : le volume du sous-emploi est passé de 972.000 à 1.043.000 de personnes au niveau national. Reprenant ces mêmes données, le rapport de suivi de la situation économique publié par la Banque mondiale, souligne que les taux d’activité ont montré une tendance persistante, passant à 43,2% au troisième trimestre 2023 (contre 52% en 2007) 

Source : Banque mondiale. – : Rapport de suivi de la situation économique (de la résilience à la prospérité partagée). - automne 2023.
Source : Banque mondiale. – : Rapport de suivi de la situation économique (de la résilience à la prospérité partagée). - automne 2023.
Quelle que soit la nature du chômage : (classique, lié à une trop faible productivité ; ou conjoncturel en relation avec une activité économique insuffisante ; ou alors structurel qui ne peut être résorbé par la seule croissance du PIB), il pourrait avoir des effets généralisés à moyen terme. A défaut, il pourrait y avoir un impact négatif sur les perspectives de croissance en raison d’une plus grande discordance entre l’offre et la demande de main-d’œuvre si l’activité économique reprenait.

L’emploi serait-il devenu rare au Maroc, alors que tant de besoins sociaux, médicaux et environnementaux, sont encore insatisfaits ? Peut-être nous dit-on qu’il n’y a pas de solution durable au problème du chômage tant que les conditions macroéconomiques d’une meilleure conjoncture ne sont pas réunies. Pour les économistes, même si le lien entre emploi et croissance économique n’est pas toujours direct, il n’est pas brisé pour autant. Ce constat devrait-il conduire l’actuel gouvernement à l’attentisme et à la fatalité ? Peut-être pas ! Car c’est toujours maintenant que l’avenir s’invente !

La note du HCP souligne enfin que « la baisse du taux d’activité est plus prononcée en milieu rural (-1,8 point), passant de 49,1% à 47,3%, qu’en milieu urbain (-0,1 point), passant de 41,9% à 41,8%. Et que ce taux a diminué de 0,8 point pour les femmes, s’établissant à 19%, et de 0,6 point pour les hommes (69%). Elle dévoile un pourcentage élevé du chômage des jeunes (sortis du système scolaire sans diplômes et qui ne sont ni en emploi ni en formation avec d’autres(souvent diplômés) en mal d’insertion ; soit un paradoxe bien réel qui confirme une fois de plus l’inadéquation des formations existantes avec la nature de la croissance économique peu génératrice d’emplois qualifiés. Faut-il souligner les conclusions du rapport du CESE publié dix ans auparavant sur l’emploi des jeunes au Maroc et le faible taux d’activité des jeunes de 15-34 ans, lesquels représentent plus de la moitié de la population en âge de travailler ? Il s’agit alors d’une situation préoccupante lorsqu’on regarde de plus près, puisque les trois quarts des jeunes chômeurs en milieu urbain le sont depuis plus d’un an ; 65,8% le sont depuis plus d’une année et 74,4% des diplômés de l’enseignement supérieur sont chômeurs de longue durée….

Décongestion démographique du milieu rural

Subissant des périodes de sécheresse graves, le milieu rural, déjà marqué par un exode rural important, apparait de plus en plus au regard de ces données comme un espace de "répulsion" . Décongestif au départ puis peu à peu érosif, puisqu'il concerne essentiellement la population jeune. Ainsi, durant les années 1970, l’âge moyen des populations rurales confrontées à la migration définitive et volontaire fut estimé déjà à 23,6 ans . Le caractère jeune des populations migrantes est également souligné par une recherche effectuée par la Direction de la statistique, la migration et l’urbanisation .Ceci s’accorde également avec plusieurs études conduites par le Haut-Commissariat au Plan et le CERED et où on note que les 2/5 des migrants ont moins de 15 ans et près d’un migrant sur deux a entre 15 et 29 ans . Il faut dire que les sècheresses ont entamé sérieusement les capacités de production et de régulation des campagnes d'autant qu'elles sont séparées par des déficits pluviométriques récurrents et de plus en plus rapprochés (tous les 10 à 15 ans, dans les années 60, puis une année sur 7 ou 8, durant les années 90, puis une année sur deux au cours de ces dernières décennies) . En y ajoutant l'âge moyen de la population d'exploitants agricoles, tel que révélé par le recensement de l’agriculture (les exploitants âgés de plus de 65 ans représentent 23.4%), on pourrait se demander si la composante humaine des campagnes est suffisamment préparée pour jouer un rôle important dans la modernisation du secteur agricole. Une telle évolution pourrait bien enrayer les ambitions du Plan Maroc Vert lancé en avril 2008, faisant passer la part des investissements publics agricoles de 5 à 14%, pour « accélérer la croissance, réduire la pauvreté, assurer la durabilité du secteur agricole, consolider son intégration aux marchés national et mondial, doubler le PIB agricole en 10-15 ans, créer 1,5 million d’emplois dans le secteur, et multiplier par 2 à 3 le revenu agricole» . Les évaluations du Plan Maroc Vert qui ont été effectuées montrent déjà que depuis une décennie, la contribution de l’agriculture à la croissance du PIB est négative ; tandis que les variations du PIB agricole (entre 12 et 24% du PIB total) sont assujetties aux conditions climatiques annuelles et que la pauvreté é est restée fondamentalement attachée au monde rural (qui abrite 74,5% de la population pauvre du Maroc). Dans les campagnes qui sont marquées par un passif multidimensionnel dont l’analphabétisme et la faible scolarisation , on note près de 300.000 emplois détruits depuis un an et environ 3,2 millions de personnestombées dansla pauvreté ou la vulnérabilité… Quid de l’activité féminine ? Concernant le taux d’activité féminine, si celui-ci cache une réalité bien complexe liée à de faibles taux d’emploi de la main-d’œuvre féminine, les données suggèrent que dans l’ensemble, les femmes continuent d’être sous-représentées dans la force de travail, alimentant par ailleurs un paradoxe selon lequel même « un meilleur accès à l’éducation ne garantit pas une meilleure intégration sur le marché du travail ». Là encore, en fondant ses arguments sur des données du HCP, le rapport de suivi de la situation économique publié par la Banque mondiale souligne que malgré le progrès du pays, la participation desfemmes au travail a diminué au cours des deux dernières décennies et se situe désormais parmi les plus faibles au monde. Selon les statistiques disponibles, cette participation est passée de 30,4% en 1999 à 19,8% en 2022, soit une baisse de près de 11 points de pourcentage . Lorsqu’elles travaillent, les femmes sont souvent employées dans dessecteurs à forte intensité de main-d'œuvre et à faible valeur ajoutée, leur permettant certes d’être en emploi, mais cela accroît simultanément le risque de les rattacher à des postes peu rémunérés et peu qualifiés, perpétuant ainsi une certaine ségrégation. S’il apparait que les femmes habitant les campagnes sont plus susceptibles de travailler, elles évoluent dans des contextes traditionnels et restent moins connectées aux opportunités en dehors du ménage ; puisqu’elles sont principalement employées dans des activités agricoles au sein de l’élevage familial (92% d’entre elles) . Selon le rapport de l’OCDE sur l’autonomisation économique des femmes au Maroc publié en 2024, le taux d’activité féminine est en déclin depuis presque vingt ans. Ce rapport indique que le Maroc enregistre un taux d’activité des femmes équivalant à 22% en 2021 - contre 65.9% pour les hommes, et ce pour plusieurs raisons dont les discriminations légales dans le droit statutaire et coutumier – (Code général des impôts, de la famille ou du travail) – restreignant à plusieurs égards les opportunités d’emploi et entrepreneuriales des femmes. Ce même rapport conclut d’ailleurs que toute autonomisation économique de celles-ci nécessite un regard audelà de la simple participation au marché du travail, pour accorder « une attention aux caractéristiques de l’emploi féminin, notamment en termes de secteur, de type d’emploi et de contrat ». Taux de féminisation de l’emploi selon les branches économiques. Dans un tel contexte, au Maroc comme dans de nombreux pays en développement, les ajustements du marché du travail pendant les crises économiquessont généralement associés à des augmentations de l’emploi informel. Car le faible dynamisme du secteur privé amène plusieurs travailleurs à se tourner vers le secteur informel, avec ses deux types d'informalité : l'informalité légale et l'informalité illégale. Celles-ci renvoient conformément à la définition adoptée par le HCP, respectivement à : une situation qui ne viole pas la loi qui s'applique aux travailleurs non-salariés et indépendants, et une autre qui s’exerce dans l’illégalité (absence de cotisation aux régimes d'assurance sociale par des entreprises) … Plusieursrecherches soulignaient qu’en 2018 déjà, le taux d'informalité global au Maroc s’élevait à 77,2% ; tandis que le taux d'informalité hors travailleurs du secteur public était de 84,3%. Celleci résulte en partie d'une conception juridique et d'une faible application de la loi et de fortes incitations à la contourner par des entreprises . Cela étant dit, la contribution de l’emploi du secteur informel à l’emploi non agricole global était de 36,2% (contre presque 38% en 2007), avec une concentration dans le milieu urbain avec un taux de 72,9% contre 27,1% dans le milieu rural. Dans les deux milieux, l’autoemploi est le statut professionnel le plus dominant, avec presque 78%, contre 12% pour les salariés. Lorsqu’on regarde le profil de l’âge des employés dansl’informel, il ressort (toujoursselon le HCP) que les jeunes âgés de moins de 35 ans représentent 34% du total, avec une moyenne d’âge du secteur informel autour de 40 ans qui ne change pas selon le genre. L’enquête Sahwa ,portant sur un échantillon de 1854 individus âgés entre 15 et 29 ans, considérée comme une étude de référence dans les pays arabes de la Méditerranée, est l’une des rares investigations permettant d’en étudier les causes et lesfacteurs et d’en retracer quelques faitssaillants: touslestravailleurs de l’économie informelle y font leur entrée à cause du manque d’opportunités dans l’économie formelle et faute d’avoir d’autres moyens de subsistance. Comme dans tous les pays en développement, et plus généralement ceux où l’incidence de la pauvreté est élevée, comme le Maroc, on pourrait trouver autant de femmes occupant un emploi informel que d’hommes. Les résultats de cette enquête confirment ainsi la variable genre comme élément explicatif de l’informalité : il y a 2,8 fois plus de chance pour une femme d’être dans un emploi informel qu’un homme. Ils indiquent aussi que le niveau d’éducation influence le degré d’informalité de l’emploi : moins le niveau d’éducation est élevé, plus la chance d’occuper un emploi informel est grande.

Au regard de ces données, les femmes marocaines sont actives notamment dans les services sociaux (48.3 %), mais aussi dans l’industrie textile (47.6 %), les services personnels et domestiques (36.6 %), l’agri- culture et la pêche (32.7 %) et l’industrie alimentaire (32 %). Les femmes vivant dans les zones rurales sont plus exposées à un risque deux fois plus élevé d’occuper un emploi informel que celles vivant dans les zones urbaines . Il semble enfin, même s’il faut étayer le propos par des enquêtes approfondies, que les femmes marocaines travaillent plus souvent dans les segments les plus vulnérables de l’économie parallèle, à savoir les services domestiques…

Quand le niveau d’informalité renvoie à celui de l’éducation

Le niveau d’éducation est un autre facteur déterminant du niveau d’informalité. A l’échelle mondiale, plus le niveau d’éducation augmente, plus le taux d’informalité diminue ; tandis que les personnes ayant achevé leurs études secondaires ou supérieures sont moins exposées au risque d’occuper un emploi informel que les travailleurs qui n’ont suivi aucun enseignement . Bien que l’éducation ne garantisse pas l’accès à un emploi formel et plus productif, elle constitue un atout important. Ce lien positif est observé dans toutes les régions du monde y compris au Maroc, malgré l’existence de quelques variations. Or au Maroc, l’éducation fait face à une crise profonde diagnostiquée il y a longtemps avec des symptômes apparents comme : les déperditions scolaires, les redoublements à tous les niveaux, le chômage des diplômés de l’université, la faiblesse des niveaux des apprentissages fondamentaux (lecture, écriture, calcul, langues, communication).

Or, la crise actuelle entre le ministère de l’Education nationale, du Préscolaire et du Sport et les enseignants « assimilée par la presse nationale à un effondrement du système éducatif » , liée à l’origine au statut des enseignants, a entraîné de graves perturbations scolaires mettant sérieusement en péril le parcours éducatif des élèves . Ses conséquences pourraient bien pro- longer le temps perdu et perturber une progression normale des programmes d’études…On note tout de même que pendant ce conflit social, le ministère de l’Education nationale, du Préscolaire et du Sport semblait naviguer à contre-courant des systèmes éducatifs réussis. Ces derniers sont d’ailleurs au centre d’un intérêt international grâce aux succès répétés des élèves dans les tests internationaux, parce qu’ils investissent dans le corps enseignant pour rehausser la qualité, le prestige et le statut des professeurs afin de garder l’attractivité des meilleurs diplômés. Tel est le cas de Singapour en tête du classement PISA en 2022 où l’enseignant bien formé est au cœur du dispositif éducatif, puisqu’il est doté d’un répertoire d’outils lui permettant d’adapter ses pratiques pédagogiques et surtout de bénéficier d’une confiance envers le ministère de tutelle.

Conclusion

Il s’agit de quelques éclairages (certes modestes) pour attirer l’attention sur l’utilité de faire une véritable évaluation du programme du gouvernement (à mi-parcours puis en fin de législature).

Ces évaluations devraient, d’une part, porter une appréciation de la valeur de ce programme tout en aidant les décideurs, au regard de critères tels que sa pertinence, son efficacité, sa capacité, à répondre aux besoins qui l’ont fait naître ; et d’autre part, vérifier si les moyens mis en œuvre permettent de produire les effets attendus des programmes et d’atteindre les objectifs assignés aux grandes réformes.

Ces évaluations devraient être réalisées sans trop tarder par les institutions publiques indépendantes comme la Cour des comptes, le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, pour, soit modifier une politique publique qui ne laisse pas entrevoir de prémices de réussite, ou y mettre fin. Car seules les évaluations bien menées pourraient éclairer les décisions à venir, approcher les enchaînements de cause à effet qui ne sont jamais simples, voire apprécier la valeur du point de vue des parties prenantes que sont les bénéficiaires, les non bénéficiaires ou les citoyens.

Optimiser une politique publique ne commence-t-il pas par une analyse des écarts entre ce qui est annoncé et les résultats obtenus ?

Par Mostafa Kharoufi
Sociologue et géographe, diplômé de sciences politiques Expert accrédité par le bureau des Nations unies en charge des crises


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