Une couverture médicale curieusement sélective pour les étudiants

Sur les 900.000 postulants, seuls 240.000 sont éligibles


Hassan Bentaleb
Samedi 3 Janvier 2015

Une couverture médicale curieusement sélective pour les étudiants
Mauvaise nouvelle ? La couverture médicale pour les étudiants annoncée à cor et à cri ne sera pas universelle. Sur les 900.000 postulants qui intégreront l’université au cours de l’année prochaine, seuls 240.000 bénéficieront d’une couverture médicale gratuite. En seront exclus également les étudiants dont les parents disposent d’une prise en charge AMO gérée par la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) ou par la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et qui représentent près de 30% du nombre total des postulants.
Cette liste des exclus est appelée à s’allonger davantage tant que l’ensemble des questions techniques relatives à l’adhésion à la couverture santé pour les étudiants et les critères d’éligibilité ne sont pas encore affinés. Dans une récente déclaration à l’agence de presse MAP, Soumiya Benkhaldoun, ministre déléguée auprès du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Formation des cadres, a indiqué que le traitement de ces questions est en cours et que la liste définitive n’est pas encore arrêtée.
En effet, nombreux sont les étudiants qui s’interrogent sur les critères qui seront retenus pour bénéficier de cette couverture maladie. A ce propos, ils se demandent si l’Etat va se baser sur les mêmes critères que ceux adoptés pour l’attribution des bourses ? Et du coup si les étudiants boursiers seront privilégiés ou non.
Il convient de rappeler que ces conditions ont été critiquées à plusieurs reprises puisque les listes des boursiers établies par les comités préfectoraux sont souvent entachées de favoritisme et de clientélisme. Ces mêmes étudiants se demandent également quel sera l’âge limite pour bénéficier de cette couverture, l’âge maximal pour ce faire ayant été fixé à 26 ans par la CNSS et la CNOPS.
La gestion de ce dossier par cette dernière suscite également moult interrogations. Selon Soumiya Benkhaldoun, les étudiants seront considérés comme des adhérents de plein droit à cette caisse et bénéficieront des mêmes faveurs que les autres adhérents de l’ensemble des prestations accordées. « Comment se fait-il que le gouvernement ait confié la gestion de ce dossier à la CNOPS dont plusieurs irrégularités et accusations graves de prévarication entachent la gestion ? », s’est demandé Hassan El Mardi, syndicaliste. D’après lui, confier ce dossier à la CNOPS atteste de l’improvisation et du manque de vision de la part du gouvernement dans le traitement de la question de la couverture sociale. « On se demande pourquoi l’Exécutif n’a pas procédé à une évaluation du bilan de la CNOPS avant de la charger de cette mission», s’est-il interrogé avant de poursuivre : « Tout cela prouve qu’il s’agit d’une mesure purement électoraliste visant à améliorer l’image du PJD à quelques mois des élections communales ».
Une situation qui semble d’autant plus incompréhensible que la gestion du régime AMO par la CNOPS va déboucher sur un déséquilibre global estimé à 11,1 milliards de DH en 2020. Une étude actuarielle du régime AMO, initiée par la CNOPS et réalisée conjointement par ARM Consultants et Towers Watson a révélé que le déficit technique va passer de 3,5 millions de DH en 2011 à quelque 3,5 milliards en 2020.
Mais, il n’y a pas que ces questions techniques qui posent problème. D’autres paramètres s’invitent au débat. Pour plusieurs étudiants, la santé ne consiste pas seulement en l’accès aux soins, elle englobe également les conditions de vie, l’alimentation, le logement, le transport, la gestion du stress… En fait, beaucoup d’entre eux regrettent le nombre réduit de restaurants universitaires et la mauvaise qualité de la nourriture qui y est servie. Le même constat est dressé concernant les moyens de transport dont la qualité et la disponibilité laissent à désirer.
Les logements pour étudiants posent également problème. L’indisponibilité d’une offre adéquate et le coût exorbitant de loyers constituent un véritable casse-tête pour les étudiants et en particulier pour ceux qui sont issus des petites localités et du monde rural.


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