Un sexagénaire dans un état critique et deux blessés graves à Casablanca : La restauration d’une mosquée à Casablanca tourne au drame


Hassan Bentaleb
Lundi 13 Septembre 2010

Un sexagénaire dans un état critique et deux blessés graves à Casablanca : La restauration d’une mosquée à Casablanca  tourne au drame
Les mosquées du ministère des Habous et des Affaires islamiques font peur. Ainsi après le drame de Bab Berdieyinne à Meknès le 19 février, c'est au tour de la Mosquée Koba à la préfecture-arrondissement de Ben M'Sick à Casablanca de s’effondrer. Un pan de la toiture s'est écroulé sur trois croyants, le 10 septembre, jour de l'Aid Al Fitr, lors de la prière du vendredi. L'incident a fait deux blessés graves. L'un d'eux ayant eu une fracture crânienne est dans  un état critique au  CHU Ibn Rochd. L'autre a été touché sérieusement à l'épaule, mais sa vie n’est pas en danger. Le troisième a eu des blessures légères. Selon certaines rumeurs, le premier blessé, un sexagénaire, serait décédé. Une enquête est en cours pour élucider les circonstances de cet accident alors que la mosquée a été fermée jusqu'à  nouvel ordre.
Pourtant, deux personnes sont déjà mises au banc des accusés par  les mitoyens de la mosquée: l'entrepreneur chargé des travaux et le délégué du ministère des Habous. Ils estiment que leur responsabilité est évidente et incontestable. «Tout le monde sait que ces  personnes n'ont pas bien fait leur travail et que maintenant, elles doivent assumer leurs responsabilités», lâche un jeune homme d’un ton coléreux.   
Les habitants reprochent au délégué son indifférence et son arrogance face aux dizaines de plaintes qu’ils ont déposées relatives au déroulement des travaux de la mosquée. Ils critiquent le non-respect du cahier des charges et le déroulement des travaux jugés très lents et mal conduits.  « On a sollicité à maintes reprises l'intervention du délégué pour contrôler les travaux, mais celui-ci refuse souvent de nous entendre sous prétexte que cela est l'affaire du ministère. Pire, il nous accuse d'être une bande d'agitateurs à la solde d'un groupe islamiste », raconte Aziz, habitant du quartier avant d'être coupé par un autre habitant: « Les travaux ont pris une année. Il fallait l'intervention de certains élus et des autorités locales pour que la mosquée soit ouverte ce Ramadan, mais on a été surpris que rien n'avait changé. L'entrepreneur s'est contenté de retaper les murs et de faire quelques retouches ici et là. Quant aux travaux de reconstruction, ils ont été faits d'une façon sommaire et inutile. Pire, dix lustres de cristal et quelques nattes ont  disparu», nous a affirmé Ahmed, habitant du quartier.  
Du côté des responsables de la mosquée, on indique que les travaux ont été interrompus sous la pression des habitants. « Il a été  décidé que la mosquée soit ouverte et que les travaux continuent en parallèle. On a été obligés de céder». Pourtant, cette décision, selon certaines sources, a été prise, sans expertise préalable ni mesure de prévention. Cependant, plusieurs questions demeurent : les travaux ont-ils été supervisés par un architecte ? Si oui lequel, puisqu'au regard de la loi, il en serait responsable et aurait à répondre des éventuels défauts les concernant.  Sinon, comment se fait-il que le ministère des Habous restaure ses mosquées sans avoir recours à des maîtres d'œuvre qualifiés, conformément à la lois. Pourquoi autorise-t-il la réouverture de la mosquée avant la fin des travaux? Le lancement des travaux entamés a-t-il respecté la procédure d'appel d'offres? Y a-t-il eu un cahier des charges? Par qui a-t-il été établi? Y a-t-il eu un cahier de chantier délivré par l'Ordre des architectes?  Difficile de répondre à autant de questions puisque le délégué du ministère des Habous ne donne plus signe de vie depuis les événements tragiques de ce vendredi.   
Les habitants sont unanimes, la mosquée de Koba a toujours été délaissée par les services du ministère des Habous. Elle n'a jamais figuré sur la liste des priorités de ce département. A preuve, l'état lamentable et déshonorant de ce lieu de culte, l'un de plus anciens de la ville. « Il suffit de jeter un coup d'œil sur l'état des toilettes, sur les tapis usés et poussiéreux, sur les murs pleins de saletés ainsi qu’une lumière blafarde et la mauvaise sonorisation, pour s'en convaincre», déplore Ibrahim Souri, Imam qui conduisait la prière des Taraouih depuis une dizaine d'années, avant d'ajouter que seuls les dons des bienfaiteurs  ont permis à cette mosquée de continuer à accueillir des fidèles. « La mauvaise gestion et l'anarchie battent leur plein », a-t-il conclu. N'est-il pas temps de faire le ménage?


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