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C’est le cas de Houcine Ezhouni, l’un des survivants de la noyade qui vient d’être rapatrié au Maroc. Selon lui, la patera des 25 jeunes immigrés clandestins a été éperonnée avec préméditation par le bateau de la Guardia civil espagnole. Témoignant de ce drame à Libé, il a réitéré les mêmes propos qu’il a tenus auparavant et rapportés par notre journal dans son édition du mardi 18 décembre 2012. « Une fois qu’on a vu le bateau espagnol, on a pris la fuite mais ce dernier nous a poursuivis à pleine vapeur. Et bien qu’on se soit arrêtés, il a continué son avancée vers nous endommageant notre embarcation même si on n’a pas cessé de lui faire signe d’arrêter », a-t-il indiqué. Un comportement d’autant plus inexplicable que les marins espagnols ne semblaient nullement vouloir arraisonner la patera en question, que les conditions métrologiques étaient bonnes et que les feux de navigation à bord du navire de la Guardia civil espagnole garantissent une excellente visibilité. En effet, notre source n’est pas novice. Elle est à sa troisième tentative d’émigration clandestine vers les Iles Canaries. «Ce n’est pas la première fois que j’ai eu affaire à la Benemérita. J’ai été arrêté à maintes reprises mais dans le respect de la loi et les réglementations en vigueur. Cette fois, il est clair que les policiers espagnols ont voulu nous faire couler », nous a-t-il déclaré.
Une préméditation qui sera confirmée une fois le naufrage survenu puisque l’équipage va tarder à jeter des bouées de sauvetage aux 25 Marocains qui nageaient avec peine dans les eaux glacées de la côte espagnole. « Jusqu’à aujourd’hui, j’ai du mal à réaliser ce qui s’est vraiment passé en ces moments puisque tout à coup on s’est retrouvés dans les eaux froides en train de lutter contre les vagues. Chacun a tenté de sauver sa peau mais c’était difficile vu qu’on était loin des rives et que la force du crash nous a éloignés de notre patera. Et quand les agents de la Guardia civil espagnole ont décidé enfin de nous aider, c’était déjà trop tard puisque sept d’entre nous s’étaient noyés. Un autre a perdu son oreille dans cette triste mésaventure», nous a-t-il raconté.
Pourtant, pour notre source, le naufrage n’a été qu’un avant-goût du calvaire qu’il a dû endurer après. En effet, une fois arrivé aux Iles Canaries, elle a été incarcérée pendant 47 jours avant de se voir transférer à Madrid après une grève de la faim. « Les premiers jours ont été durs. On a été arrêtés et mis en garde à vue dans un commissariat de police pendant deux jours sans avoir de nouvelles de nos camardes ni de nos familles. On a été en proie à la peur, à la fatigue et à des interrogatoires interminables. C’était un vrai cauchemar qui a duré près de 54 jours », se souvient-elle. En effet, une fois qu’elle a quitté le commissariat de police, notre source va être transférée vers un orphelinat avec un autre mineur et leurs journées allaient être plus longues et ennuyeuses. « On a été de vrais prisonniers puisqu’on n’avait pas le droit de quitter l’établissement. On passait toute la journée dans notre chambre. Notre seul contact avec le monde extérieur, c’était le téléphone et le patio de l’orphelinat où on ne devait pas demeurer plus d’une heure. Il a fallu observer une grève de la faim pour qu’on soit déférés devant un juge qui a décidé de nous transférer vers Madrid ».
Tout au long de ce pénible séjour, notre témoin nous a confirmé qu’il avait reçu une seule fois la visite du consul du Maroc aux Iles Canaries. Ce dernier est venu non pour s’enquérir de sa situation mais juste pour connaître l’identité du passeur ou l’initiateur de cette opération d’émigration clandestine vers les Iles Canaries. Une question que les autorités espagnoles n’ont cessé de leur poser dont le seul souci d’identifier le responsable et non d’élucider les circonstances de ce drame alors que l’ensemble des témoignages s’accordent à dire que le passeur en question avait péri dans le drame.