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La mise en œuvre par Ben Barka de ce vaste chantier qui occupera des milliers de jeunes durera trois mois et ouvrira une route reliant Taounate à Ketama, et par delà ces deux localités, deux parties du Maroc libéré, l’espagnole et la française
Il sélectionne 11.000 jeunes sur les 50.000 candidats ayant répondu à ses appels, qui viennent de toutes les régions du Maroc et de toutes les communautés, le but, bien au-delà de la route, étant politique et symbolique pour matérialiser l’unité naissante du pays. Il s’inspire des expériences chinoise et yougoslave de mobilisation de la jeunesse et allie travail physique à formation civique, lecture et cinéma à entraînement militaire, en même temps qu’apprentissage de métiers manuels, menuiserie, électricité, etc. Ben Barka expliquera : « Nous voulons que la route soit une école où se rencontre la jeunesse du Maroc afin que son esprit s’ouvre aux nouvelles idées ».
Les jeunes sont ensuite organisés dans les Bâtisseurs de l’indépendance, association qui devait faire émerger de nouveaux cadres du Maroc indépendant, dans la perspective des élections communales et municipales. Pour Ben Barka, il l’a dit en 1959, la Route de l’Unité a été une expérience de mise du pays au travail. Mais elle devait surtout servir de stimulant pour d’autres entreprises semblables, locales et nationales.
C’est S.M. Mohammed V, rappelle-t-on, qui avait lancé, le 15 juin 1957 à partir de Marrakech, l’appel à la mobilisation en faveur de cet immense projet.
Dans son discours, le regretté Souverain avait notamment déclaré : «Au nombre des projets que nous escomptons réaliser en vue de consolider l’unité accomplie entre les régions de la nation, du Nord au Sud, figure la création d’une route reliant Taounate à Ketama en traversant ce qui constituait auparavant un obstacle entre les deux parties d’une même nation unie. C’est ce qui nous a conduit à l’appeler la Route de l’Unité».
Dans cette ferveur patriotique, il avait annoncé que feu S.M Hassan II, alors Prince héritier, devrait prendre la tête des volontaires engagés pour la concrétisation du projet dont il a donné le coup d’envoi le 5 juillet 1957.