Un nouveau parlement en Espagne

Les anciens et les nouveaux élus condamnés à s’entendre


Jeudi 14 Janvier 2016

Un nouveau parlement a pris ses fonctions mercredi en Espagne, écartelé entre quatre partis mais pressé de dégager une majorité de gouvernement pour répondre à la menace d'une sécession de la Catalogne.
 Pour la première fois depuis que l'Espagne a retrouvé la démocratie en 1978, après la dictature de Francisco Franco, la nouvelle chambre est divisée en quatre blocs antagonistes.
 Plus de 100 des 350 députés représentent deux nouveaux partis réformistes, la gauche radicale de Podemos (69 sièges) et les libéraux de Ciudadanos (40). Ils s'assiéront aux côtés des deux partis qui ont été alternativement au pouvoir depuis plus de 30 ans, les conservateurs du Parti Populaire (PP, 123 députés) et les socialistes (PSOE, 90).
 "Personne n'a la majorité et personne ne peut décider tout seul", a constaté mardi le chef du gouvernement sortant, le conservateur Mariano Rajoy.
 Les anciens et les nouveaux sont condamnés à surmonter leurs divergences et nouer des alliances s'ils veulent éviter la colère des électeurs qui seraient rappelés aux urnes dans quelques mois, selon les analystes.
 Tout atermoiement leur serait reproché quand les indépendantistes catalans ont réussi contre toute attente à former cette semaine un gouvernement décidé à proclamer unilatéralement l'indépendance de la plus riche région d'Espagne avant la fin 2017.
 "Quand en Catalogne, il y a un gouvernement qui dispose d'une majorité absolue, avec des objectifs et un calendrier précis --l'indépendance d'ici deux ans-- prendre six mois pour organiser de nouvelles élections serait incompréhensible", a souligné Anton Losada, professeur de sciences politiques à l'université de Saint Jacques de Compostelle.
 Une telle période de paralysie politique "serait problématique quand on fait face à la question catalane, à des turbulences économiques, et que des réformes attendent, ajoute Pablo Simon, son collègue à l'Université Carlos III de Madrid. La Catalogne augmente encore la pression pour qu'ils parviennent à un accord et démarrent la législature".
Mariano Rajoy a remporté une victoire trop étriquée pour gouverner seul. Il tente en vain jusqu'à présent de former une coalition avec les socialistes et Ciudadanos ou d'obtenir leur abstention pour diriger un gouvernement minoritaire.
 "Mariano Rajoy n'a pas la capacité de former un gouvernement. Il n'a plus d'alliés au parlement", constate Pablo Simon.
 Le PSOE, arrivé en deuxième position, se trouve paradoxalement en position de force. "Le PSOE est l'arbitre, c'est lui qui dispose du plus d'options", estime José Ignacio Torreblanca, du think tank European council on foreign relations.
Le secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez, a d'abord évoqué une grande alliance des forces de gauche, avec Podemos et de petits partis nationalistes et même les indépendandistes de Catalogne.
 Son homologue de Podemos, Pablo Iglesias, a de facto repoussé ses avances, posant une condition inacceptable pour les socialistes comme pour les autres partis: l'organisation en Catalogne d'un référendum sur l'indépendance.
 Mais l'accord in extremis samedi entre indépendantistes catalans pour avancer vers la sécession a peut-être bouleversé la donne. Les partis indépendantistes ne sont plus des partenaires acceptables pour le PSOE.
 Aussi Pedro Sanchez a-t-il proposé lundi une alliance des partis réformistes, avec Podemos et Ciudadanos.
 Les deux nouveaux partis ont d'emblée exclu de collaborer.
 Mais dès mardi, Pablo Iglesias ne mentionnait plus le référendum en Catalogne et n'écartait pas une alliance avec les socialistes.
 La formule de gouvernement reste à trouver mais les lignes ont commencé à bouger. Pour preuve, le PP, le PSOE et Ciudadanos ont annoncé mardi un accord sur la composition du bureau de la chambre basse.
Elle sera présidée par un socialiste, les conservateurs se contentant de la vice-présidence. Le chef de Ciudadanos Albert Rivera a assuré avoir servi d'intermédiaire entre le PP et le PSOE qui ne voulaient pas s'asseoir à la même table.


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