Un nouveau convoi d'aide humanitaire se dirige vers Madaya

Le régime syrien a repris l'initiative grâce à la Russie


Vendredi 15 Janvier 2016

 
Un nouveau convoi d'aide humanitaire se dirigeait jeudi matin vers la ville syrienne assiégée de Madaya, où les habitants souffrent de famine, a constaté une journaliste de l'AFP.
 Le convoi est formé d'une cinquantaine de camions et transporte de la nourriture et des médicaments, selon la journaliste. Un porte-parole du Comité international de la Croix Rouge (CICR) a confirmé le départ du convoi de Damas. Après le tollé international provoqué par les informations sur la situation alarmante à Madaya, dans la province de Damas, le régime a cédé en autorisant l'entrée lundi de 44 camions d'aide humanitaire dans la ville de 42.000 habitants.  Un autre convoi de 17 camions se dirigeait par ailleurs jeudi matin vers deux localités chiites, Foua et Kafraya, encerclées par les rebelles dans la province d'Idleb (nord-ouest).
 Médecins sans frontières (MSF) a fait état de 28 personnes mortes de faim à Madaya depuis le 1er décembre. Les habitants de Foua et Kafraya vivent aussi dans un état de détresse bien que le régime ait pu larguer à plusieurs reprises de l'aide.
Le CICR a réitéré mercredi sa demande de levée de tous les sièges en Syrie, assurant que 400.000 personnes vivaient assiégées dans ce pays. Par ailleurs, au bord de l'effondrement l'été dernier après une série de revers cuisants, les forces du régime syrien ont repris l'initiative face à des insurgés accablés par la puissance de feu considérable de l'aviation russe, selon des experts.
 Même si les gains territoriaux restent limités, l'armée et les milices prorégime, épaulées sur le terrain par le Hezbollah libanais et des "conseillers" iraniens, sont à l'offensive sur tous les fronts.
 La prise mardi de Salma, quartier général des rebelles islamistes et du Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, dans les montagnes de Lattaquié (nord-ouest), marque un réel succès pour le régime car la ville lui échappait depuis 2012.
 Dans le même temps, les forces de Bachar al-Assad tentent d'encercler la ville d'Alep (nord), d'avancer dans le sud de Hama et à l'est de Homs (centre) et de mener l'offensive à Cheikh Misken, près de la frontière jordanienne (sud).
 "Indubitablement, l'intervention russe a été d'un grand secours pour le régime qui était terriblement sur la défensive à la mi-2015", constate Torbjorn Soltvedt, expert pour le Moyen-Orient du cabinet de consultants Verisk Maplecroft.
 "Elle a largement contribué à alléger la pression sur le régime et à bloquer l'avance de l'Armée de la Conquête", la coalition du Front Al-Nosra et des islamistes qui avait effectué une spectaculaire avancée dans la région d'Idleb (nord-ouest) l'an dernier.  Pour Vassily Kachine, expert au Centre d'analyse sur les stratégies à Moscou, les forces du régime profitent de la livraison par la Russie d'armes plus perfectionnées, comme les chars T90 et des batteries d'artillerie modernes.
 A cela s'ajoutent le renseignement et les plans de bataille puisque plusieurs sites prorégime ont publié des photos d'officiers russes regardant les combats à la jumelle.
"Aujourd'hui, la situation est stabilisée, le gouvernement ne risque plus de chuter, les troupes syriennes avancent, quoique lentement, et les négociations ont commencé - avec des changements dans les positions des participants, qui n'insistent plus sur le départ immédiat d'Assad. C'est la conséquence de l'opération militaire russe", estime Vassily Kachine.
"Le régime est à l'offensive", constate aussi Firas Abi Ali, expert à IHS Jane's analysis. "Les insurgés, bien plus mal équipés, devront céder du territoire" mais "il reste à savoir si l'armée syrienne aura la capacité de conserver les positions prises en raison de son déficit d'hommes".
 Pour M. Soltvedt, "les frappes russes continueront à jouer un rôle crucial, mais il est peu probable que l'armée récupère à court terme les gains réalisés par les rebelles en 2015". Le régime contrôle actuellement 30% du territoire habité.
 Si l'armée a repris des positions stratégiques comme Salma, une partie des montagnes de Lattaquié et l'aéroport militaire de Kwaires dans le sud d'Alep, ces gains territoriaux restent limités, à environ 400 km2, selon le géographe spécialiste de la Syrie Fabrice Balanche. Et ils sont, selon lui, en bonne partie "dus aux renforts des milices chiites".
 "L'objectif des Russes est de nettoyer les monts Turkmènes et Akrad, dans le nord-ouest, car les rebelles menacent directement leurs bases à Lattaquié", souligne cet expert du Washington Institute. "Ensuite, il s'agit de reprendre Alep car Bachar al-Assad veut rester président de la Syrie; or la Syrie c'est la réunion d'Alep et de Damas. S'il règne seulement sur Damas, il n'est qu'un demi-président", insiste Fabrice Balanche.
 "A terme, estime Firas Abi Ali, les Russes ont besoin d'aider les Syriens à couper les lignes d'approvisionnement des rebelles et à se réinstaller sur les frontières. Ceci nécessite la coopération des gouvernements jordanien et turc, ce qui est impossible sans un accord politique".
Dans le sud, les forces prorégime sont ainsi à l'offensive à Cheikh Misken, près de la frontière avec la Jordanie, où elles essaient de reprendre le poste frontalier de Nassib. Le régime avait perdu ce dernier en avril 2015 après celui de Deraa en octobre 2013.
Pour l'expert jordanien Labib Qamhaoui, "il est dans l'intérêt de la Jordanie que l'armée syrienne reprenne le contrôle des points de passage frontaliers. Car cela allégera le fardeau sécuritaire pour le royaume, contraint de protéger à la fois ses frontières et celles de la Syrie".


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