Un hommage exceptionnel digne du grand militant que fut Mehdi

L’USFP veut une vérité qui réhabilite la victime, consolide l’équité et édifie la réconciliation


Hassan Bentaleb
Samedi 31 Octobre 2015

Ils se sont tous donné rendez-vous à Rabat ce jeudi 29 octobre.  Un rendez-vous à ne manquer sous aucun prétexte. Hommes politiques, militants des droits de l’Homme, acteurs associatifs, journalistes, intellectuels, artistes… se sont réunis au cinéma Royal pour commémorer le 50ème anniversaire de la disparition de Mehdi  Ben Barka dont l’assassinat demeure irrésolu jusqu’à maitenant. En fait,  un demi-siècle après son enlèvement  à Paris, devant la Brasserie Lipp, par deux policiers français et sa séquestration dans une villa en banlieue parisienne, dernier lieu où il a été aperçu vivant, on ne sait toujours pas comment il est mort, ni où se trouve son corps.
L'enquête sur son assassinat fait du surplace depuis 1975.
Du haut de la scène du cinéma Royal, Driss Lachguar, Premier secrétaire de l’USFP, n’a pas manqué  de fustiger le fait que la vérité sur la disparition de Mehdi Ben Barka n’ait pas été faite. « Nous avions espéré que cette journée soit un évènement national, un moment de réconciliation et une manière d’entrevoir l’avenir avec espoir. Nous avions attendu une action courageuse de la part de l’Etat dans le sens d’une normalisation de ce dossier. Nous avions souhaité que les médias publics braquent leurs projecteurs sur cet évènement », a-t-il regretté.   
Le Premier secrétaire demeure, néanmoins, persuadé  que la vérité sur l’assistanat de Mehdi éclatera au  grand jour, que sa famille fera son deuil, que cette vérité sera enseignée dans les écoles et qu’elle deviendra un bien partagé par l’ensemble des Marocains.  « La vérité finira tôt ou tard par éclater car, de son vivant, Mehdi était fortement enraciné dans la société marocaine et son âme ressuscite d’une génération à l’autre », a-t-il lancé.
Le Premier secrétaire a fait de la quête de la vérité sur Ben Barka, une responsabilité et un objectif à atteindre  depuis le 9ème Congrès du parti de la Rose. « Nous voulons la vérité et rien que la vérité.  Une vérité qui réhabilite la victime, qui consolide l’équité et qui édifie la réconciliation », a-t-il souligné. Et d’ajouter : « La fidélité à la mémoire de Mehdi n’est pas une simple charge émotionnelle ni une sorte de nostalgie romantique. Il s’agit plutôt d’une fidélité émanant de l’éducation et de la culture ittihadies, de la conscience partisane ainsi que de la responsabilité et de l’engagement qui en découlent».
C’est dans ce cadre, a précisé le Premier secrétaire, que l’USFP a adressé un mémorandum au CNDH lui demandant que le voile soit levé sur cette affaire. « Il s’agit bien d’une réunion de travail entre notre parti et le CNDH qui nous a promis ainsi qu’à la famille Ben Barka d’examiner,  dans les jours qui viennent, le contenu d’un rapport  global sur les disparitions forcées dont la publication est prévue en décembre prochain », a-t-il révélé.
Pourtant, Lachguar a estimé que la meilleure manière de rester fidèle à la mémoire de Mehdi est de s’inspirer des valeurs et de l’éthique pour lesquelles il avait milité, de préserver l’union nationale démocratique, de parvenir à trouver les moyens militants à même de nous permettre d’atteindre le changement attendu et de consolider le processus des réformes. « Nous sommes ouverts à toutes les initiatives menées dans ce sens et nous resterons engagés pour la consolidation des fondements de la famille ittihadie  comme nous sommes prêts à accepter toutes les propositions  à ce sujet afin de rehausser le niveau de la lutte démocratique ». 
Même son de cloche de la part d’Abdelouahd Radi, qui a estimé que la force de l’ittihad est dans son union  et que la force de la gauche réside dans l’existence d’un USFP unifié. Le doyen du Parlement marocain a saisi l’occasion pour relater l’histoire de la création aux côtés de Ben Barka, de la Chabiba istiqlalya, des associations de la société civile, ainsi que des moments de planification et de mise en œuvre  du projet de la « Route de l’unité ».  Pour sa part, Mustapha El Manouzi, président du Forum vérité et justice (FVJ), a indiqué que le dossier de Mehdi Ben Barka est resté durant un demi-siècle en suspension faute d’une véritable volonté politique. C’est le cas également d’autres dossiers de disparitions forcées dont les plus connus sont ceux de Manouzi et Rouissi.  « A l’exception de quelques réunions du CNDH, l’enquête sur ces dossiers a été gelée depuis la fin des travaux de l’Instance équité et réconciliation malgré ses recommandations appelant à la poursuite des recherches », a-t-il fait savoir.
D’après lui,  la quête de vérité sur les disparitions forcées et le traitement des dossiers des graves violations des droits de l’Homme s’inscrivent dans la volonté de faire table rase des pratiques du passé. « Les dossiers de réparation des préjudices individuels et collectifs, la préservation de la mémoire, la demande de reddition des comptes aux responsables des violations graves des droits de l’Homme sont des droits acquis, non négociables et non cessibles. Aujourd’hui, clore ces dossiers signifie qu’il faut mettre en place une structure institutionnelle garantissant que ce genre de conduites ne se reproduise plus. Et cela n’a qu’une seule signification, que le Maroc est sur la voie de la transition vers la démocratie. Une étape où les conflits politiques seront gérés sur des bases démocratiques », a-t-il déclaré.                
De son côté, Boubker Largo, président de l’Organisation marocaine des droits de l’Homme (OMDH),  a indiqué que le dossier des victimes des disparitions forcées traîne encore le pas malgré les avancées réalisées par l’Instance équité et réconciliation. «Plusieurs dossiers à forte charge symbolique sont encore en suspens dont celui de Mehdi », a-t-il souligné en ajoutant qu’il est temps que la vérité triomphe. A ce propos, il a appelé à la création d’une commission maroco-française d’enquête sur cette affaire. Il a demandé également la levée du secret-défense, surtout que cette démarche est devenue possible 50 ans après l’assassinat de Mehdi Ben Barka.   



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