-
Sahara : La Côte d'Ivoire réitère son “plein appui” au plan marocain d'autonomie
-
Des pétitionnaires internationaux dénoncent à l’ONU l'enrôlement militaire d'enfants dans les camps de Tindouf
-
Focus à New York sur la dynamique de développement au Sahara
-
Suspension des protestations syndicales à l'ONEE: Un accord en vue pour la SRM Casablanca-Settat
-
Rentrée parlementaire: Un agenda législatif intense qui trace les contours d’une nouvelle étape sur les plans social et économique
L’étincelle qui a mis le feu aux poudres, fut, en effet, la circulaire du ministre de l’Education nationale, feu Youssef Belabbès, datée de mars 1965 et interdisant aux lycéens de plus de 17 ans de redoubler au brevet (Certificat d’études secondaires).
Dans le calme et en bon ordre, des élèves casablancais manifestèrent leur opposition à cette mesure.
Le lendemain, les ouvriers et les jeunes chômeurs les rejoignirent et, le 23 mars, c’est tout Casablanca qui s’est soulevé.
La police est alors intervenue avec force et la manifestation a tourné à l’émeute. Les parents sont sortis dans la rue demander la libération de leurs enfants incarcérés, les chômeurs pour réclamer du travail, les étudiants des bourses. Des combats de rue les opposèrent aux forces de l’ordre et la contagion a gagné d’autres villes que Casablanca.
Il a fallu faire appel au général Oufkir en personne pour réprimer ces émeutes dans le sang.
La nuit du 24 mars, les dirigeants de la Fédération de l’enseignement sont arrêtés et le soir même, les brigades spéciales sont entrées en scène.
A la demande du groupe UNFP, le Parlement a constitué une commission d’enquête, mais le gouvernement ne l’a pas autorisée à poursuivre son travail plus avant. La presse est saisie et les tribunaux régionaux multiplient les condamnations.
Le 25 mars, le calme est rétabli au prix d’un nombre incalculable de vies humaines et de dégâts.
Quelques jours plus tard, S.M Feu Hassan II est intervenu à la télévision pour reconnaître l’existence du chômage et de la crise économique et prédit que «l’avenir n’est pas prospère à courte échéance».
Il a, par la suite, entamé quelques démarches auprès l’opposition mais jugé ses revendications inacceptables parce que se focalisant sur le partage institutionnalisé du pouvoir. Après quelques atermoiements, c’est finalement la fuite en avant : le 7 juin 1965, le Souverain annonce l’état d’exception qui a mis un terme à l’expérience inaugurée par l’adoption, en décembre 1962, de la Constitution et, le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka est enlevé à Paris et assassiné.
Interrogé au soir de sa vie par Eric Laurent, Feu Hassan II est revenu sur cette date dans l’ouvrage «La mémoire d’un Roi»: «Il ne s’agissait pas d’événements dont la fatalité était inscrite en filigrane, dans le cours des choses. C’étaient des flambées. Rien ne les laissait prévoir». Mars 1965, selon le Souverain, n’est rien d’autre que le «passage d’un âge à un autre âge, mais je n’ai jamais pu comprendre que ce passage à une autre époque ait pu avoir des effets aussi violents. De toute façon, c’était un épisode malheureux», dira-t-il.
De fait, un épisode annonciateur de tout un cycle d'émeutes et qui a eu pour conséquences une mise du pays sous une chape de plomb, une recrudescence de la répression et une floraison de l’économie de rente et de la corruption dont les citoyens ont payé le lourd tribut de leur bien-être, voire, parfois, de leur vie.