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Dépôts de plainte en France contre de hauts dignitaires marocains, impairs diplomatiques et rapprochement franco-algérien: depuis des mois, les motifs de ressentiment sont nombreux à Rabat, qui ne les dissimule pas.
Dans un entretien récent particulièrement offensif à l'hebdomadaire Jeune Afrique, le chef de la diplomatie marocaine Salaheddine Mezouar a estimé que la confiance était « ébranlée» et déploré l'absence de « volonté politique» à Paris pour remettre la relation sur les rails. Il a aussi estimé que « le temps de la tutelle» française était révolu en critiquant le rôle de Paris dans la région sahélo-saharienne.
M. Mezouar était certes présent dimanche à l'Elysée avec les dirigeants du monde entier venus à Paris pour manifester leur solidarité à la France endeuillée par les attentats. Mais la délégation marocaine a refusé de se joindre à la marche dans la capitale, pour protester contre les « caricatures blasphématoires du prophète» à la mode Charlie Hebdo, présentes selon elle dans le défilé d'hommage aux victimes.
Paris, de son côté, reste mutique. Le Quai d'Orsay se contente de répéter depuis près d'un an la volonté de « reprendre au plus vite le cours normal de la coopération, dans le climat de confiance et de respect mutuel qui caractérise l'amitié franco-marocaine» . En réalité, c'est un « froid glacial» qui perdure, selon une source française.
Relation distendue
« La relation s'est distendue. Pendant 20 ans, la France a eu des égards très particuliers pour le Maroc. Ce n'est plus le cas», décrypte l'historien spécialiste du Maghreb, Pierre Vermeren.
La brouille a été déclenchée le 20 février 2014 par une descente de police à la résidence de l'ambassadeur marocain à Paris, pour notifier une demande d'audition de la justice française au patron de la DGST, Abdellatif Hammouchi. La dispute s'est envenimée avec d'autres dépôts de plainte en France, ainsi qu'une série d'impairs diplomatiques, dont une fouille policière inopinée de M. Mezouar à l'aéroport parisien de Roissy en mars, ou une saillie ironique contre le Maroc prêtée à un diplomate français à propos du Sahara, cause sacrée dans le Royaume.
Même si Paris continue à soutenir Rabat sur cette question, le Maroc voit d'un très mauvais oeil le rapprochement franco-algérien opéré depuis l'arrivée au pouvoir du président socialiste François Hollande.
Coopération gelée
Dans les faits, cette brouille a des conséquences concrètes: toute la coopération judiciaire est suspendue depuis près d'un an, avec des répercussions au niveau civil pour les dizaines de milliers de Franco-Marocains, et au niveau pénal pour toutes les procédures judiciaires entre la France et son ancien protectorat.
La coopération sécuritaire, cruciale entre les deux pays qui ont chacun des centaines, voire des milliers de ressortissants tentés par le jihadisme ou enrôlés au sein du groupe Etat islamique (EI), souffre également de cette dispute, selon des sources à Paris et à Rabat, même si des canaux officieux demeurent. Et au niveau diplomatique, les relations restent cantonnées au strict minimum. Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius s'est entretenu dimanche en tête-à-tête à Paris avec son homologue marocain, pour la première rencontre à ce niveau depuis des mois.
Aucune visite ministérielle française au Maroc - elles sont d'ordinaire fréquentes - n'a eu lieu depuis septembre.