Et le miracle s’est reproduit. Udine a encore damé le pion aux grands d’Italie, comme l’Inter Milan, Naples ou l’AS Rome, terminant à la 3e place, après la 4e l’an dernier. La perte par la Serie A d’un club en Ligue des champions semblait sonner le glas de ce genre d’exploit, mais non, le club du Frioul est encore là.
Il le doit à sa trinité: des propriétaires avisés, la famille Pozzo, à la tête du club depuis 26 ans, un entraîneur apôtre du fair-play et du beau football, Francesco Guidolin, et un buteur d’exception pour une formation de cette envergure, Antonio Di Natale.
La première force de l’Udinese est la cohérence de sa politique depuis des années. Les Pozzo, Giampaolo et son fils Gino, achètent des jeunes joueurs prometteurs pour les revendre très cher. L’exemple le plus rentable est celui du Chilien Alexis Sanchez, cédé 35 millions d’euros à l’été 2011 au FC Barcelone. Avant son transfert, le joueur a progressé et mis son talent au service de l’Udinese, une affaire qui satisfait tout le monde.
Cet été les “Petits Zèbres” (pour leur maillot rayé noir et blanc) pourraient laisser partir Antonio Floro Florès ou le puissant ghanéen Kwadwo Asamoah (23 ans), après trois excellentes saisons sur le tremplin de l’Udinese.
La relève est prête
Ces ventes entretiendraient le budget d’un club avec les moyens d’une petite agglomération de 180.000 habitants. Et la relève est déjà prête. Au milieu l’Argentin Roberto Pereyra, arrivé en janvier de River Plate, a déjà montré de belles choses, comme le +Messi roumain+ Gabriel Torje.
En attaque l’international Espoirs Diego Fabbrini a progressé et le très prometteur Colombien de Lecce, Luis Muriel (21 ans), arrive cet été.
Enfin en défense le Serbe Dusan Basta monte en puissance, et l’Udinese compte sur un des meilleurs portiers de la Serie A, le Slovène Samir Handanovic.
Cette politique au long cours se retrouve dans la gestion en temps de crise, où les Pozzo gardent le cap. “Udinese c’est l’exemple parfait, avait expliqué à l’AFP le président du syndicat des entraîneurs (AIAC), Renzo Ulivieri. Guidolin perd les quatre premiers matches en début de saison dernière, le club le confirme, et voyez...”
Modèle de fair-play dans un +calcio+ habituellement bien plus vindicatif, Guidolin développe un football offensif, et lui aussi sait rester calme, il ne s’est jamais emballé quand son équipe flirtait avec la tête au premier semestre de la saison, et n’a pas paniqué non plus quand elle a calé. Et la voilà encore en Ligue des champions!
Cette fois le club espère ne pas échouer en barrages, comme en août contre Arsenal (1-0/2-1), et retrouver les poules de la C1, fréquentées en 2005-2006. Il comptera surtout sur +Toto+ Di Natale, son fidèle buteur (134 buts en huit saisons), capitaine et meilleur joueur de l’histoire du club depuis... le Brésilien Zico (1983-1985).
Toto, qui a préféré être le roi à Udine qu’un pion au Milan ou à la Juventus, a épousé la ville, où il a acheté un bar et un restaurant. Il en est devenu un des symboles: modeste, cohérent et efficace.