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![Transformé en décharge sauvage et déversoir des eaux usées par les riverains : Assif N’Tahala à l’épreuve de la pollution Transformé en décharge sauvage et déversoir des eaux usées par les riverains : Assif N’Tahala à l’épreuve de la pollution](https://www.libe.ma/photo/art/default/2881062-4075456.jpg?v=1302513510)
![](file:///C:/DOCUME~1/ADMINI~1/LOCALS~1/Temp/moz-screenshot-49.png)
Il suffit de descendre dans l’Oued traversant le premier village de la vallée, l’étendu hameau de Tizi Ouawssift, pour se voir infliger un changement de décor. Les lieux se découvrent sous leur visage le plus hideux qui soit. Et de penser illico à la présence massive de ces apocynacées comme une providence venant cacher cette horreur!
On a l’impression qu’on débarque au cœur d’un dépotoir sauvage de déchets. Notre vue est assaillie par des fatras d’immondices faits de déchets et ordures ménagères qui ensevelissent le lit de l’Oued. Le tout dans une promiscuité puante!
Un cocktail détonnant!. Où des emballages contenant encore des restes de produits chimiques toxiques (engrais périmés, pesticides, restes de peintures en poudre …) côtoient des cadavres d’ovins en putréfaction, des déchets hospitaliers piquants et tranchants …! A côté, des matelas jetés au travers d’une flaque d’eau et des quantités de sacs en plastique noirs s’envolent constamment dans les lieux. Au moment où d’autres sont accrochés aux branches des arbrisseaux, s’abattant sous les coups du vent comme d’effrayants épouvantails ….
Nous continuons notre chemin. A peine quelques mètres franchis, saute aux yeux une autre découverte comme pour compléter l’horrible tableau!. Des égouts des eaux domestiques usées et de vanne en déversement directement dans l’Oued!
Alimentant ainsi un large flot du répugnant liquide glauque qui a fini par se frayer son cours au milieu du lit. Un égout à ciel ouvert, pour tout dire! Les lieux sont impénétrables!. Des odeurs empuantissent les lieux, vous prennent à la gorge et vous donnent l’envie de vomir tripes et entrailles!. Ce sont plus d’une trentaine de foyers relevant des trois villages voisins d’Awssift, Dou Touyilt et Tizi Ouawssift, en amont de la vallée d’Assif N’Tahala, qui sévissent chaque jour en se débarrassant de leurs déchets solides et liquides dans l’Oued de proximité. Ces mauvaises habitudes sont « perpétrées » depuis plusieurs années déjà.
Et cela se fait sans gêne aucune, en plein jour. Personne ne s’offusque plus de voir son voisin commettre ces odieux incivismes, quitte à transformer leur cadre immédiat en véritable écurie d’Augias. « Une seule devise prévaut ici, je jette ma merde loin de ma porte et advienne que pourra !», nous explique un membre d’une association pour la protection de l’environnement. Lequel, à juste titre, se demande s’il ne s’agit pas là d’un crime prémédité contre la nature! Devant cette situation, on imagine la portée de ses implications sur la qualité de l’environnement et les équilibres du milieu, d’abord en amont de la vallée, où se trouve la source de cette pollution. Le sol et les ressources en eaux souterraines en prennent un sacré coup de pollution par la lixiviation provenant des ordures. Et de graves conséquences pèsent sur la faune et la flore de la région.
A cause de ces sécrétions qui contiennent des métaux lourds ainsi que de fortes doses d’éléments chimiques composant les détergents de lessive présents dans les eaux domestiques rejetées, très nocifs pour les plantes. En aval, les méfaits sont aggravés. Les eaux déversées, déjà recelant des composants organiques, lessivent dans leur passage des tas d’ordures et se chargent davantage d’autres matières dangereusement polluantes. Les conséquences n’ont pas manqué de rattraper toute la partie de l’Oued (sur près de 4 km) se trouvant en bas des villages « pourvoyeurs » de ces saletés pour l’environnement. Notamment les bourgades d’Ait Dabachine, Afawanod, Tighmrt et Assaka par où transite le parcours de ces eaux contaminées. Ces dernières s’infiltrent vers les sources souterraines des villageois, la nature perméable de la terre étant pour permettre facilement la connexion les eaux de surface et souterraines.
Des malaises de santé symptomatiques d’infections, comme les diarrhées aiguës ressurgissent fréquemment chez l’ensemble des habitants de ces villages tout au long de l’année. Ils sont devenus la cible de piqûres des nuées de moustiques provenant des marécages d’eaux fangeuses, foyers de prolifération de tous les insectes porteurs d’infections dangereuses, tout au long de l’Oued traversant les villages. Créant de ce fait de fortes réactions épidermiques chez les habitants et notamment les bébés et les vieilles personnes vulnérables aux allergies. Que font donc les responsables face à cette attaque contre l’environnement qui perdure depuis plusieurs années au détriment des habitants des villages excédés désormais par ces odieuses conduites indignes et leurs invivables corollaires qu’ils ne peuvent plus supporter? Concrètement, rien!
Pourtant, leurs conseillers au conseil communal d’Irigh N’Tahala prétendent avoir tiré la sonnette d’alarme sur cette calamité pour l’environnement lors de nombreuses sessions du conseil. Lequel, en vertu de l’article 40 de la Charte communale, rappelons-le, est bien tenu de veiller à la protection de l’environnement et la préservation de l’hygiène et la salubrité de son territoire de compétence; plus expressément, la protection des sites naturels, la qualité de l’eau potable, par l’évacuation des eaux usées, la lutte contre les vecteurs des maladies transmissibles et toutes les formes de pollution et de dégradation de l’environnement et de l’équilibre naturel. De ce fait, nous avons demandé au président de prendre les dispositions de rigueur d’urgence en raison de la dangerosité de cette incommodante situation, nous avoue Driss Bouâalam, membre du conseil.
Depuis lors, ajoute-t-il, la balle est dans son camp. Et, jusque-là, aucun signe d’une implication sérieuse du côté de ce responsable, qui, le comble, se trouve être en plus président de la commission chargée de l’environnement au Conseil de la Région du Souss-Massa-Drâa! De nombreux conseillers haussent le ton et joignent leur voix à celle des élus de l’opposition, imputant au président toute responsabilité de la persistance de ce massacre et les conséquences qui en découlent. Ils récusent tous l’excuse des moyens financiers souvent mise en avant par leur président pour justifier son inaction. Prétexte tout à fait surmontable. Dans la mesure où la commune est en droit de contracter un crédit et établir des partenariats dans le but de bénéficier de l’assistance financière complémentaire, et technique de la part des organismes de l’Etat compétents en la matière, nécessaire pour réussir un projet d’assainissement liquide à même d’éradiquer ces nuisances dont l’insalubrité ne souffre plus aucune attente.
Devant l’insouciance du premier responsable communal, l’Association Azza pour l’environnement de Tahala et l’Association Amal pour la protection de l’environnement de Tafraout décident de prendre en main le dossier. Ils font à leur tour pression sur le conseil communal, mais sans résultat. Avant de décider de frapper à d’autres portes. Des plaintes sont envoyées dernièrement à l’autorité locale de tutelle. Laquelle a décidé d’organiser une réunion avec les élus, le représentant des populations concernées et de la société civile de Tahala, l’Association Al Amal pour l’environnement et le responsable du service d’hygiène. Pour finir en queue de poisson! Le président de la commune, ayant préféré tirer au flanc!
La question est de savoir s’il ne s’agit pas d’un bras de fer engagé par le président avec les élus de l’opposition issus des circonscriptions électorales victimes de cette pollution. Pour ces conseillers et ces associations se réclamant de la protection de l’environnement, jusqu’à preuve du contraire, tout le laisse croire pour le moment!. Entre-temps, ce sont les habitants de la vallée d’Assif N’Tahala qui trinquent.