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Tour de France : le dopage mécanique fait tourner les pédales et les têtes

Vendredi 17 Juillet 2015

Fantasme ou réalité, le spectre du dopage mécanique et des vélos truqués a fait irruption dans le Tour de France après la performance du maillot jaune britannique Chris Froome, mardi dans La Pierre-Saint-Martin, un numéro dont la probité a été parfois mise en doute.
Par dopage mécanique, on entend généralement une aide illicite à la performance via un moteur (ou batterie) miniaturisé placé dans les tubes du vélo ou un système d'entraînement au niveau des roues.
Les faits
Le rapport de la commission d'enquête sur le cyclisme (CIRC) a réactualisé le sujet en début d'année. Sans que les soupçons de plusieurs intervenants soient étayés par des preuves.
"Diverses tentatives d'infraction au règlement technique ont été rapportées à la commission, y compris l'utilisation de moteurs cachés dans les cadres. Ce problème en particulier est pris au sérieux, surtout par les meilleurs coureurs, et n'a pas été décrit comme un phénomène isolé", écrit la CIRC. Le danger, cependant, a été jugé assez crédible par l'Union cycliste internationale (UCI) pour qu'elle diligente des contrôles techniques de vélos. Entre autres, à Paris-Nice, à Milan-Sanremo et au Giro, mais en nombre très limité.
Avant le départ du Tour, le directeur de l'épreuve Christian Prudhomme avait déclaré à l'AFP "ne pas être préoccupé". Mais il avait ajouté aussitôt: "J'ai vu avec plaisir arriver les contrôles sur les vélos. Il y aura (sur le Tour) des contrôles aléatoires et, je l'espère, fréquents."
Pour l'heure, ces vérifications ont été menées seulement à trois reprises (2e, 8e et 9e étapes) et ont porté sur 19 vélos de 8 équipes différentes.
Aucun contrôle n'a été effectué mardi à La Pierre-Saint-Martin et l'ex-maillot jaune Cédric Vasseur l'a ouvertement regretté.
Les impressions
"On a l'impression que le vélo pédale tout seul", a relevé le lendemain l'ancien coureur, idéalement placé sur le siège de la moto TV à l'avant de la course. "C'est surprenant et même déroutant pour ses adversaires. On a l'impression qu'il (Froome) est en difficulté et, subitement, il s'envole".
En 2010, Fabian Cancellara avait provoqué semblable perplexité dans le Tour des Flandres. Le Suisse, qui avait rejeté ensuite toute accusation, avait récidivé sur les pavés de Paris-Roubaix.
Quelques semaines plus tard, un inventeur hongrois du nom d'Istvan Varjas dévoilait son engin à la TV italienne. "Les gens ont mis dix ans à croire à l'EPO, pareil pour ces moteurs, personne n'y croit et cela fait dix-sept ans que ça dure", assurait Vargas en avril dernier au journal L'Equipe.
Le problème, entre tricherie mécanique et optimisation du matériel, a été évoqué aussi dans les vélodromes au vu de l'écrasante supériorité des pistards britanniques, notamment dans la vitesse individuelle. Les soupçons, exprimés par le camp français aux JO de Londres 2012, portaient sur les roues. Là encore, avait appris l'AFP auprès de l'UCI, aucun contrôle approfondi n'avait été effectué aux JO sur ce matériel.
Les solutions  
Soucieuse de ne pas dévoiler ses cartes, l'UCI qui a interdit un changement de vélos non répertorié en course, communique peu sur ses actions pour contrer les possibles apprentis sorciers et leurs technologies, notamment le déclenchement à distance.
Pendant le Giro, une brigade italienne spécialisée dans la recherche des champs magnétiques, tel qu'un moteur caché pourrait en produire, était intervenue à Gênes. Sans résultat.
Pendant ce même Tour d'Italie, l'ancien champion américain Greg LeMond avait prôné l'utilisation d'un pistolet thermique pour détecter la source de chaleur la plus minime.
Une solution possible, par-delà les contrôles techniques (scanner en 2010, caméra miniaturisée plus récemment), pourrait être aussi et surtout le passeport de la performance, le profil de puissance évaluant le potentiel d'un coureur. Sa mise en place a été demandée mercredi par Dave Brailsford, l'influent patron de l'équipe de Froome (Sky), afin de prévenir la tempête médiatique sur le sujet hyper-sensible de la performance de haut niveau.
Après chaque exploit, c'est en effet la même déferlante de doutes, exprimés crument sur les réseaux sociaux. "En cyclisme, regrette Frédéric Grappe, le responsable du pôle performance de l'équipe FDJ, on jette l'anathème avant d'avoir classifié le niveau de performance réalisé".
Sur le Tour, les pédales tournent vite, les têtes encore plus.


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