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Au total, 1852 candidats sont entrés en lice dans la province de Tétouan sur les 23 communes (dont 20 rurales). A Tétouan, 55 sièges sont à pourvoir. Les électeurs appelés aux urnes devaient choisir parmi les 17 listes présentées.
Tôt le matin, dans les rues de la ville, en se dirigeant vers les bureaux de vote, ce qui pourrait frapper de prime abord, c’est l’absence d’affluence. «Les Tétouanais se lèvent tard», entendrons-nous dire par les plus optimistes. Soit ! Apparemment, ceux qui se sont levés tôt pour investir les principales artères de la ville sont les agents de nettoyage. Sur les murs, les affiches à l’effigie des candidats collées, décollées, rayées ou taguées restent comme les dernières traces d’une campagne menée à coups de meetings, marches, rencontres et déplacements des candidats sur le terrain en fanfare. Les flyers distribués pendant des semaines puis jetés à la dernière minute comme des confettis, ont pollué toutes les routes, rues et ruelles de la ville. Les symboles des partis se livrent un dernier combat au gré du vent en attendant que les agents de propreté, qui n’oublieront certainement pas cette matinée, viennent effacer les ultimes stigmates de la campagne…
Dans le bureau de vote Sidi el-Mandri, à 10 heures, il n’y avait pas foule. Les deux bulletins de vote qui se battaient en duel dans l’urne était un très bon indice du taux de participation. Pas besoin de demander le chiffre aux responsables. Deux heures plus tard, de retour dans le bureau de vote, les responsables comptabilisent 100 votants. Vers 13 heures, dans un autre bureau de vote, celui de Moulay el-Mehdi, qui a investi les bâtiments du musée archéologique de Tétouan, l’un des bureaux enregistrait un taux de participation de près de 13%. Tous espèrent qu’après la prière du vendredi, le couscous hebdomadaire et la sieste qui va avec, les électeurs trouveront le temps d’aller remplir leur devoir citoyen…
Comme pour toutes les échéances électorales, deux camps s’opposent… Les pessimistes, installés dans les cafés ou adossés aux murs répètent inlassablement qu’aller voter ne sert à rien. Certains chauffeurs de petits taxis se vantent même de ne pas se rendre aux bureaux de vote. «Pourquoi voter ? Est-ce que la population ou les autorités se sont rangées de notre côté lorsqu’on faisait grève pour défendre nos droits ? » entendra-t-on. Les optimistes, eux, s’évertuent à y croire jusqu’au bout espérant un réel changement.
Il faut dire que ces élections sont décisives pour la gestion future de nos communes. Ce sont des élections de proximité par excellence. Scrutin local ou enjeu national? La population n’a pas l’air de se poser véritablement la question. Le spectre de 2007 hante encore les esprits et depuis les dernières échéances électorales, aucun changement notable, aucune évolution dans les orientations politiques du pays ne sont venus mettre fin au désintérêt patent de la population à l’égard de la chose politique. A l’instar de cet homme que nous avons croisé alors qu’il sortait, pouce tatoué, du bureau de vote de Moulay el-Mehdi, au centre-ville de Tétouan. Qu’est-ce qu’il attend de ces élections ? Il nous répondra avec franchise, attaché-case en main et tenant de l’autre la main de son fils à peine âgé de deux ans. Un bon exemple à donner à nos enfants, à cette jeune génération, me diriez-vous qui, en observant leurs aînés voter, trouveront cet acte des plus naturels ? : « Vous savez, madame, je suis venu voter sans voter. Je ne me suis pas abstenu et je n’ai pas voté blanc. J’ai juste demandé à mon fils de choisir le dessin qui lui plaisait le plus et j’y ai mis une croix (…) » Nos partis ont-ils fait une étude marketing avant de choisir leurs symboles ? Cet enfant a dû être troublé de ne pas retrouver l’effigie de ses héros préférés : Spiderman ou Winnie l’Ourson…. Un autre cas est tout aussi pertinent. La personne qui me précédait au bureau de vote, après les procédures d’usage, a pris le bulletin de vote, s’est dirigée vers l’isoloir et voulait tout bonnement le glisser par le haut, sans entrer dans la cabine, pensant peut-être qu’il s’agissait d’une urne gigantesque ! Il n’avait pas ouvert son bulletin et n’avait donc pas choisi « son » candidat !
Bref, ces exemples de désaffection politique de certains – dont les élites – ne sont sûrement pas des cas isolés et donnent à réfléchir.
Pour une majorité de la population, que ce soit dans les zones rurales ou urbaines, les priorités restent un logement digne, une école pour tous, des transports fiables, un social égalitaire, des équipements collectifs mis à niveau, des routes… Pour les électeurs, les enjeux sont ceux-là. Ils veulent du changement. Pour cela, ils doivent voter en âme et conscience…