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Un sentiment d’imposition et un appel à l’action
Les syndicats dénoncent ce qu’ils perçoivent comme une «imposition d’un fait accompli» et appellent à une amélioration des conditions de travail des médecins ainsi que des infrastructures dans les établissements de santé. Ces revendications ne se limitent pas aux aspects matériels, mais incluent également une réforme structurelle pour répondre aux attentes des professionnels et des citoyens marocains.
Une frustration croissante face à l'immobilisme gouvernemental
A ce propos, le Syndicat national de la santé publique (SNSP) a, récemment, tiré la sonnette d’alarme sur le processus préoccupant des négociations entre les syndicats du secteur de la santé et le gouvernement. Dans une déclaration à Hespress, les dirigeants de cet organisme syndical ont fait part d’un sentiment de lassitude et d’exaspération croissant face à ce qu’ils qualifient de «procrastination inexplicable» dans la mise en œuvre des accords conclus avec l’ancien ministre de la Santé, à savoir l’amélioration des conditions de travail en adoptant de meilleures infrastructures, des équipements modernes, et une meilleure répartition des ressources humaines dans les établissements de santé. Ainsi qu’une révision des statuts des professionnels de la santé via la reconnaissance des efforts des médecins, infirmiers, et autres personnels par des réformes statutaires et des augmentations salariales. Et enfin, l’investissement dans la formation et le recrutement par le déploiement d’efforts pour pallier le manque chronique de personnel médical, aggravé par l'émigration de talents marocains vers d'autres pays.
Toutefois, selon les syndicalistes, ces engagements restent lettre morte. Cette inaction suscite un sentiment de trahison chez les professionnels de la santé qui espéraient des améliorations tangibles après des années de récurrentes revendications.
Une procrastination qui interroge
Pour le SNSP, l’immobilisme du gouvernement est d’autant plus incompréhensible que la santé publique constitue une priorité nationale. Il est inconcevable, toujours selon ce syndicat, dans un contexte où la santé est au cœur des préoccupations des citoyens, d’être confronté à un tel manque de réactivité. Cette inertie, ajoute le SNSP, ne peut être justifiée, surtout face aux défis systémiques que traverse le secteur, à savoir la pression sur les hôpitaux publics et la migration des compétences médicales (le départ massif des professionnels de la santé vers des pays offrant de meilleures conditions de travail affaiblit davantage un système déjà fragile). Et enfin le mécontentement social croissant à cause du manque d’actions concrètes. Ce qui alimente un climat de frustration non seulement parmi les professionnels, mais aussi parmi les usagers des services de santé.
Des impacts à long terme pour la santé publique
L’immobilisme du gouvernement ne se limite pas à un problème de communication ou de priorisation ; il a des conséquences profondes sur le système de santé et, par extension, sur la population. Chaque jour de retard dans la mise en œuvre des accords se traduit par une aggravation des conditions de travail des soignants, un accès réduit aux soins de qualité pour les citoyens, et une perte de confiance dans les institutions publiques.
Un appel à une action urgente
Face à cette situation critique, les syndicats du secteur de la santé appellent le gouvernement à assumer ses responsabilités et à entamer un dialogue sérieux.
Cette prise de position s’inscrit dans une volonté de faire pression sur les autorités pour qu’elles traduisent enfin leurs engagements en actions concrètes. A défaut, les syndicats ont annoncé qu’ils intensifieraient leur mobilisation, ce qui pourrait entraîner des grèves prolongées et une paralysie partielle du système de santé.
Pour certains observateurs, le cri d’alarme du SNSP illustre l’urgence d’une réforme profonde et rapide du secteur de la santé publique. Ils rappellent que la santé, en tant que droit fondamental, ne peut être reléguée au second plan des priorités politiques. Si le gouvernement persiste dans son inaction, il risque non seulement de provoquer une crise sanitaire, mais également de fragiliser davantage la confiance entre les citoyens et les institutions, notent-ils.
Un dialogue en panne et une crise qui s’aggrave
Malgré les appels répétés au dialogue, les syndicats affirment ne recevoir aucune réponse ni du ministre de la Santé ni de la présidence du gouvernement, pourtant signataires de l’accord en question. Pour eux, cette situation reflète un désengagement de la part des autorités, malgré les promesses faites et la reconnaissance officielle des problèmes systémiques affectant le secteur de la santé.
Une mobilisation croissante et un avertissement symbolique
Face à cette inaction, les syndicats entament un programme de lutte graduel. Une grève symbolique est prévue, marquant le début d’une escalade des protestations si les revendications ne sont pas prises en compte.
Pour un professionnel de la santé, qui a requis l’anonymat, la situation met en lumière plusieurs problématiques structurelles et politiques. « Il y a d’abord la gestion des engagements gouvernementaux. En effet, le non-respect des accords précédents soulève des questions sur la fiabilité des négociations sociales au Maroc. Ce manque de suivi alimente le mécontentement et sape la confiance dans les institutions. Ensuite, le sous-financement du secteur de la santé. Les revendications des syndicats mettent en exergue les lacunes financières et organisationnelles qui minent le système de santé marocain. Et enfin, la centralité des syndicats dans le dialogue social. Les organisations syndicales apparaissent comme les principaux porte-voix des frustrations des professionnels de la santé, mais leur influence reste limitée face à une administration parfois jugée opaque ou lente.
Vers une solution ?
Pour éviter une intensification de la crise, il est impératif, selon cette source, que le gouvernement relance le dialogue social. Une réunion avec les syndicats pour clarifier la position du gouvernement et réviser les engagements pris s’avère urgente. Il faut aussi prioriser la mise en œuvre des accords. « Identifier des solutions à court terme pour répondre aux revendications urgentes tout en travaillant sur des réformes structurelles à moyen et long termes », indique-t-elle. Et de poursuivre : « L’Exécutif est appelé également à afficher plus de transparence et de communication en informant régulièrement les parties prenantes sur l’état d’avancement des réformes et des projets en cours pour apaiser les tensions ».
En conclusion, notre interlocuteur estime que « la crise actuelle dans le secteur de la santé publique au Maroc illustre l’importance d’une gouvernance proactive et transparente. Si des mesures ne sont pas rapidement prises, le mécontentement risque de s’intensifier, avec des conséquences potentielles sur la qualité des soins et la confiance des citoyens dans leur système de santé ».
Hassan Bentaleb