Surréalisme politique des anciens communistes : Le PPS crée la cacophonie en fustigeant l’absence de femmes au gouvernement


Narjis Rerhaye
Mercredi 18 Janvier 2012

Le dernier communiqué du bureau politique du PPS n’en finit pas de faire couler autant d’encre que de salive. Lors de sa réunion tenue lundi dernier, les caciques de l’instance exécutive du parti des anciens communistes ont décidé de rendre publique leur indignation quant à la faiblesse de la représentativité des femmes au sein du gouvernement Benkirane. Allant encore plus loin, ceux et celles du BP du Parti du progrès et du socialisme ont demandé au chef de gouvernement, non encore investi par le parlement, de rectifier cette « erreur » dans les plus brefs délais. Une manière de réclamer un remaniement politique pour que les femmes fassent enfin leur entrée dans un gouvernement volontiers décrit comme «conservateur» et «phallocrate» parce que la moitié de la société n’y est presque pas représentée.
Quelques jours après la publication de ce communiqué, Said Saadi laisse exploser son indignation. Cet homme de gauche, qui a gelé son adhésion au bureau politique du PPS, s’est  très tôt élevé contre la participation de sa famille politique à un gouvernement conduit par les islamistes du PJD. Pour lui, la réaction des membres du bureau politique du PPS à l’absence des femmes dans l’Exécutif est « une fuite en avant de la direction du parti qui n’en finit pas d’engranger les erreurs ».   « On croit rêver. C’est tout simplement du surréalisme politique. Heureusement que le ridicule ne tue plus personne. Je suis révolté  que le bureau politique du PPS ait fait un tel communiqué alors que ce même PPS était partie prenante dans la confection de ce gouvernement. Qui l’a empêché de proposer des femmes candidates à la ministrabilité ? D’ailleurs, en tant que parti de gauche, le PPS aurait été bien inspiré d’adopter la parité en la matière, et ce en proposant deux femmes et deux hommes aux quatre postes ministériels tombés dans son escarcelle. Aujourd’hui, il faut le dire, il n’y a plus de limite à la dérive droitière du Parti du progrès et du socialisme », déclare celui qui a été le  père du plan d’action en faveur de l’intégration des femmes au développement -décrié et combattu par les islamistes- sous le gouvernement El Youssoufi.  
Lundi, les commentaires ont abondé dans la presse quotidienne. Comment le secrétaire général du PPS peut-il être en phase avec le  communiqué de son instance dirigeante réclamant un remaniement pour intégrer des femmes au gouvernement alors que c’est bien lui qui a conduit les tractations pour la représentation de son parti au sein du cabinet Benkirane ? se sont interrogés les commentateurs. «Au cours de la réunion de lundi, il nous a complètement donné raison. D’ailleurs, il était tout à fait d’accord avec nous pour demander que cette lacune soit comblée», témoigne un dirigeant de cette formation politique.
Toute la question est de savoir si c’est Nabil Benbbdallah ou le PPS qui n’a pas présenté de candidate à la ministrabilité. «Ce qu’il faut savoir, c’est que le bureau politique avait proposé trois femmes : Guejmoula Bent Abbi, Fatima Ferhat et Aicha Mokrini. Toutes les trois sont membres de cette instance. Mais au cours des tractations, la nature des postes ayant changé, aucune d’entre elles n’a été retenue. En fait, les femmes ont été sacrifiées, car il ne s’agit surtout pas ici  de rentrer dans le détail. Le fait est qu’il n’y a aucune femme ministre représentant le PPS. Et cela est inadmissible!», s’exclame Nouzha Skalli, ex- ministre PPS de la Famille, du Développement social et de la Solidarité. Celle qui est à l’origine de l’agenda gouvernemental pour l’égalité et membre fondatrice de l’Association démocratique des femmes du Maroc, crie au scandale et demande haut et fort que cette injustice faite aux femmes soit réparée. Elue sur la liste nationale lors des législatives de novembre dernier, elle menace de s’abstenir de voter en faveur du programme gouvernemental qui sera prochainement présenté par Abdelilah Benkirane devant les deux Chambres du Parlement. «J’attends de voir et de lire la déclaration gouvernementale et si elle sera à la hauteur de nos attentes. En tant que politique, je suis bien sûr optimiste mais cette première expérience liée à la composition d’un gouvernement avec une seule et unique femme m’a refroidie», conclut avec amertume N. Skalli.


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