Au départ, la stratégie vaccinale au Maroc prévoyait de réserver les 2 millions de doses d’AstraZeneca et les 500.000 de Sinopharm reçues lors de la première livraison, pour immuniser totalement 1,25 million de Marocains. Mais la donne pourrait changer avec la parution d’une nouvelle étude sur l’efficacité de la première dose d’AstraZeneca. Certes, l’étude en question n’en est pour l’instant qu’au stade de la prépublication, autrement dit, elle n’a pas encore été évaluée par d’autres scientifiques, mais elle est porteuse d’espoir. En bref, l’étude conclut que “les programmes de vaccination ChAdOx1 nCoV-19 visant à vacciner une grande partie de la population par une dose unique, avec une deuxième dose administrée après une période de 3 mois constituent une stratégie efficace pour réduire la maladie, et peut-être la meilleure option pour le déploiement du vaccin à grande échelle lorsque les stocks sont limités à court terme". Dans un contexte où la pénurie de vaccins représente une menace permanente sur le bon déroulement des opérations, ces conclusions, si elles venaient à être approuvées par la communauté scientifique, pourraient offrir la possibilité de vacciner 7,7 millions de citoyennes et citoyens marocains, en comptant sur la livraison prévue à très court terme de 4,5 millions de doses du vaccin AstraZeneca, et 700.000 de CNBG Sinopharm. “L'efficacité du vaccin après une dose standard unique était de 76% du jour 22 au jour 90 après la vaccination. L'analyse modélisée a indiqué que la protection n'a pas diminué pendant cette période initiale de 3 mois”, précise l’étude parue dans The Lancet. Et de signaler que “ les taux d'anticorps ont été maintenus pendant cette période avec une diminution minimale au jour 90. Après la deuxième dose, l'efficacité était plus élevée avec un intervalle de rappel initial plus long”. Mais une autre étude, qui n'a là aussi pas encore été examinée par des pairs, a fait un peu d’ombre à cette lueur d’espoir. Réalisée par les chercheurs de l'université du Witwatersrand à Johannesburg, elle affirme que le vaccin britannique n'est efficace qu'à 22% contre les formes modérées du variant sud-africain. Mais il n’ya aucun résultat pour les formes graves de la maladie. En conséquence, les autorités sanitaires sud-africaines ont cru bon de suspendre la campagne de vaccination, dont le top départ devait être donné dans les prochains jours. A l’OMS, l’information n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. En effet, le comité stratégique des experts en immunisation de l'Organisation mondiale de la santé s’est réuni “pour formuler des recommandations provisoires quant à l'utilisation de ce vaccin”, selon une dépêche de l’AFP. “Une attention particulière sera donnée à la discussion concernant l'utilisation du vaccin sur les adultes les plus âgés", souligne l'OMS. Les craintes sur les variants et l’efficacité supposée des vaccins contre ces derniers se trouvent ainsi en pleine lumière, suscitant des craintes aux quatre coins de la planète, et mettant à mal certains évènements, sportifs notamment. A titre d’exemple : la rencontre de Ligue des champions africaine devant opposer le WAC au club sud-africain de Kaizer Chief, comptant pour la première journée de la phase de poules. La délégation de Kaizer Chiefs devant se rendre à Casablanca n’a pas encore obtenu des autorités consulaires du Maroc à Johannesburg le visa d’entrée dans le Royaume. En cause, la suspension des vols en provenance de l’Afrique du Sud vers le Maroc, afin de parer à toute éventualité de propagation du nouveau variant sudafricain du coronavirus dans le pays. Une chose est sûre, si l’efficacité du vaccin d'AstraZeneca/Oxford (70%) est moins probante pour l'instant que celles de Pfizer/BioNTech ou de Moderna, dont l'efficacité dépasse les 90%, l’avantage principal du vaccin anglo-suédois réside non seulement dans son coût modéré, mais aussi du point de vue logistique car il est plus facile à stocker et à conserver dans des réfrigérateurs et non à très basse température. De fait, il est plus adapté à des campagnes de vaccination massives, d’autant qu’il utilise une technologie plus traditionnelle que ses deux concurrents. Mais on ne peut fermer les yeux sur les doutes nés du variant sudafricain.