Ces affrontements sont les premiers d'ampleur depuis une opération de désarmement lancée début novembre par la police dans les quartiers contestataires de Bujumbura. Le Burundi est plongé depuis fin avril dans une crise politique émaillée de violences, désormais armées, déclenchée par la volonté du président Pierre Nkurunziza de conquérir un troisième mandat controversé.
"Il y a eu plusieurs attaques de criminels armés dans de nombreux quartiers de Bujumbura, coordonnées apparemment, mais la police a riposté à chaque fois et les a fait fuir", a expliqué un haut gradé de la police ayant requis l'anonymat, faisant état de six tués durant la nuit.
Des hommes armés ont notamment attaqué la résidence du maire de Bujumbura, Freddy Mbonimpa, dans le quartier Rohero, proche du centre-ville, sans faire de victime, a-t-il indiqué, confirmant plusieurs témoignages.
Contacté par l'AFP lundi, le porte-parole de la police, Pierre Nkurikiye, n'a pas voulu s'exprimer.
Dans le quartier de Bwiza (centre), "trois personnes (ont été) tuées par balles" dans un bar de nuit "et une quatrième un peu plus loin" , a indiqué à l'AFP un habitant. Le policier a confirmé cette information, attribuant cette attaque à des "tueurs non encore identifiés".
Une attaque similaire contre un bar de ce même quartier de Bwiza avait fait un mort et sept blessés dans la nuit de samedi à dimanche.
Dans les quartiers sud de Kinindo et Musaga, trois policiers ont été blessés lors d'attaques simultanées de leurs positions, selon cette source policière, qui a ajouté que deux civils avaient été tués - probablement par des balles perdues - dans ceux de Kinanira et Kanyosha, également dans le sud de la capitale.
Un ancien officier supérieur de l'armée a revendiqué au nom des insurgés les attaques contre la résidence du maire de la capitale et les attaques contre la police, mais a rejeté toute responsabilité de la rébellion naissante dans l'attaque du bar de Bwiza.
Au moins 240 personnes ont été tuées et plus de 200.000 ont fui le pays depuis que la crise a éclaté fin avril à l'annonce de la candidature du chef de l'Etat à un troisième mandat, prohibé selon ses adversaires par la Constitution et l'Accord d'Arusha qui a permis la fin de la guerre civile (300.000 morts) entre 1993-2006.
Par ailleurs, l'Union européenne avait décidé dernièrement d'"évacuer" les familles et des personnels non essentiels de sa délégation au Burundi, secoué depuis six mois par une violente crise politique, et la Belgique a "conseillé" à ses ressortissants de quitter le pays.