Sit-in à Casablanca et Rabat pour dénoncer les agressions sexuelles de femmes

Levée de boucliers suite au viol collectif perpétré dans un véhicule de Mdina Bus


Vendredi 25 Août 2017

Près de 300 personnes ont manifesté mercredi à Casablanca pour dénoncer l'agression sexuelle collective dont a été victime une jeune femme dans la métropole économique du Maroc, une affaire qui a profondément choqué l'opinion publique.
«L'habit ne fait pas le viol! Nous n'avons pas peur! Libérez l'espace public!», a scandé la foule réunie sur une place centrale et effervescente de la ville, a constaté un journaliste de l'AFP.
Diffusée dimanche sur les réseaux sociaux, une vidéo montrait un groupe d'adolescents hilares bousculer violemment une jeune femme en pleurs dans un bus en plein jour, essayant de la déshabiller et touchant ses parties intimes. Les six agresseurs, tous mineurs, ont été arrêtés.
Le service préfectoral de la police judiciaire de Casablanca a retrouvé, mardi, la jeune fille victime de l'agression criminelle qui a été filmée à bord d’un bus de transport urbain à Casablanca.
La victime, 26 ans et «atteinte de troubles mentaux», faisait l'objet d'un avis de recherche «sur la demande de sa famille après avoir quitté en mai dernier son foyer vers une destination inconnue», a indiqué mercredi soir la police marocaine, qui dit avoir retrouvé mardi «la victime de cet acte criminel».
«Personne ne peut rester indifférent (...) cela nous concerne tous», a lancé Fatym Layachi, chroniqueuse et metteur en scène présente parmi les manifestants.
«Il se trouve que ce drame a été filmé, on en a entendu parler. Je n'ose même pas imaginer le nombre de drames similaires qui se passent tous les jours dans les bus ou ailleurs dans les lieux publics. Il faut que ça cesse», a-t-elle poursuivi.
Depuis la diffusion des images de l'agression, de nombreux médias locaux tirent la sonnette d'alarme sur le harcèlement des femmes dans la rue, avec en toile de fond une «crise des valeurs» dans une société tiraillée entre modernité et conservatisme.
«Je me sens concernée parce que j'aurais pu être cette fille», a confié à l'AFP Oum, chanteuse marocaine populaire et engagée. «Je suis ici pour dire qu'on doit mieux éduquer nos enfants», a-t-elle lancé, coiffée d'un turban, lunettes de soleil sur le nez.
«Les lois pour les hommes, le viol pour les femmes!», s'est encore époumonée la foule.
Pour Salah El Ouadie, poète et président du mouvement Damir (Conscience), présent au sit-in, «il y a un grand danger aujourd'hui, c'est la banalisation de ces crimes, des viols contre des femmes dans l'espace public».
«Nous avons besoin que les pouvoirs publics prennent la chose au sérieux, au niveau sécuritaire mais également au niveau du rôle de l'école», a-t-il plaidé.
A Rabat, un rassemblement similaire a réuni près de 200 personnes.
Dans un pays qui se veut, selon les discours officiels, chantre d'un islam tolérant et où les femmes n'ont pas l'obligation de porter le voile, les femmes subissent fréquemment insultes, remarques désobligeantes et autres agressions sexistes dans les espaces publics.
Selon les chiffres officiels, près de deux Marocaines sur trois sont victimes de violences. Et les lieux publics sont les endroits où la violence physique à leur égard est la plus manifeste.
La loi marocaine «condamne le harcèlement des femmes au travail, mais pas dans les espaces publics», avait concédé à l'AFP Mustapha Ramid, ministre d'Etat chargé des droits de l'Homme, assurant qu'un projet de loi «complet» incluant pour la première fois le harcèlement dans les lieux publics, était en cours d'adoption.

Le ministre de la Justice appelle à l’ouverture d’enquêtes judiciaires sur la non-dénonciation de crimes

  
Le ministre de la Justice a appelé les procureurs généraux du Roi et les procureurs du Roi à veiller à l'ouverture d'enquêtes judiciaires sur les cas de non-dénonciation de crimes et à appliquer rigoureusement les dispositions juridiques adéquates afin d’assurer la préservation de l'ordre public, la sécurité des personnes et des biens et la suprématie du droit et de mettre fin à l'impunité.
Dans une correspondance adressée, mercredi, aux procureurs généraux du Roi près les Cours d'appel et aux procureurs du Roi près les tribunaux de première instance, le ministre a affirmé que la non-dénonciation de certains crimes auprès des autorités compétentes conformément à la loi, porte préjudice aux efforts déployés par les autorités en matière de lutte contre la criminalité, ainsi qu'à la suprématie de la loi et à son application aux contrevenants de manière à atteindre l'effet dissuasif escompté, faisant remarquer que certains crimes sont commis dans des lieux publics, sans être dénoncés.
Il a également expliqué que la dénonciation des crimes auprès des autorités judiciaires ou administratives compétentes constitue, à la fois, un devoir éthique dicté par la citoyenneté engagée conciliant droits aux devoirs et au principe de solidarité, conformément aux dispositions de la Constitution, et une obligation juridique pour toute autorité ou fonctionnaire ayant pris connaissance, durant l’exercice de ses fonctions, d'un crime commis, ainsi qu'à toute personne ayant assisté à un crime portant atteinte à l'ordre public ou à la vie ou biens d’autrui (articles 42 et 43 du Code de procédure pénale).
Le ministre a rappelé que la législation marocaine a prévu des peines pour la non-dénonciation immédiate de crimes, tentés ou commis, auprès des autorités (article 299 du Code pénal), outre certains cas de non-dénonciation de crimes définis qui sont explicitement prévus par les dispositions du Code pénal ou par des textes juridiques spécifiques.
Il convient de rappeler que le ministre de la Justice continue à exercer sa tutelle sur le Parquet dans l’attente de voir le règlement intérieur du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire réussir son passage devant la Cour constitutionnelle.


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