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«Combien de patients devront être victimes de ces pratiques illégales, de séquelles irréparables et de vies brisées avant qu’une action soit menée contre ces médecins irresponsables? » écrit le docteur Kamal Iraqi Houssaini en sa qualité de président de la SMCPRE.
Lors d’une conférence de presse organisée à Casablanca, le professeur Fahd Benslimane, chirurgien plasticien, est revenu sur les risques qu’encourent les patients non opérés par des spécialistes.
« Il n y a jamais de petits gestes en médecine », explique-t-il en ajoutant : « Les risques sont souvent énormes et les séquelles peuvent être considérables. La mort est l’issue extrême mais il faut également penser à tous les cas de défigurations »
Pourtant la loi est explicite au sujet de telles pratiques. Un Dahir publié au Bulletin officiel du 6 juillet 2001 stipule que « Le médecin spécialiste ne peut exercer que les actes médicaux relevant de sa spécialité. »
Comment expliquer alors les nombreuses opérations chirurgicales exécutées chaque année dans le Royaume par des médecins dont la compétence ne relève pas de l’esthétique (dermatologues par exemple) ?
C’est du côté de la relation patients-médecins qu’il faut aller chercher selon Fahd Benslimane. « Au Maroc, cette relation est quasi familiale. Les patients ont une confiance totale en leurs médecins, ce qui peut expliquer les bévues. Certains docteurs peu scrupuleux n’hésitent pas à aller plus loin en proposant des services qui ne sont pas de leur ressort.»
Aujourd’hui, la colère gronde chez les chirurgiens plasticiens. « Tous les jours, des patientes et des patients sont induits en erreur par certains médecins qui utilisent tous les moyens (pancartes, cartes de visite, médias) pour arriver à leurs fins, en se faisant passer pour des chirurgiens esthéticiens alors qu’ils ne sont pas spécialistes », peut-on lire dans la lettre adressée au président du Conseil de l’Ordre national des médecins.
En effet, les cliniques dites « esthétiques » se multiplient dans les grandes villes sans que personne ne sache vraiment ce qu’il en retourne réellement et quelle est la formation dont dispose les « docteurs » en exercice.
« Poussez la porte de l’une d’entre elles et vous serez surpris de voir ce que l’on vous propose », lance ironiquement le docteur Benslimane.
Qui est responsable d’un tel laisser-aller ? La SMCPRE se garde de répondre à la question mais en appelle à l’Ordre national des médecins « pour faire cesser la pratique de la chirurgie plastique réparatrice et esthétique par les non plasticiens ». Le courrier du 13 avril est on ne peut plus clair : « Même si la médecine a une obligation de moyens et non de résultats, la première des obligations du praticien qui exécute un acte chirurgical est de s’assurer qu’il a la formation nécessaire et que cet acte rentre dans les attributions de sa spécialité. ».
A l’instar d’autres pays comme le Liban par exemple, la chirurgie esthétique a désormais le vent en poupe dans le Royaume. Certains l’ont bien compris et n’hésitent pas à surfer sur la tendance à des fins purement commerciales. A l’heure actuelle, l’on ne peut qu’espérer des autorités publiques qu’elles mettent tous les moyens en œuvre pour condamner ces « imposteurs ». En attendant, vigilance et prudence demeurent les maîtres mots avant d’envisager de passer sous le bistouri.