Le Maroc est passé par là. Plus de Portugal au Mondial
Cette belle équipe du Maroc, elle, est en passe de faire tout le contraire en égrenant un à un, tels les grains d’un chapelet, ses adversaires, et non des moindres.
Après la Belgique et l’Espagne, c’était au tour du Portugal de se rendre à l’évidence d’une force aussi réelle qu’admirable.
Et pourtant, ce n’était pas faute d’avoir tout tenté. Les protégés d’un Fernando Santos qui roule sa bosse d’entraîneur chevronné depuis des décennies ont essayé de prendre les choses en main d’entrée.
Impressionnant, sans plus. La machine Regragui a vite fait de se mettre en marche pour que ce bloc de quelque trois compartiments qui avait écœuré plus d’un adversaire prenne les choses en main. Et quand les Portugais parvenaient à se faire inquiétants, il y avait un dernier rempart carrément infranchissable celui-là.
Yacine Bounou himself. Un nom désormais connu et scandé partout dans le monde. Et justement, c’est le meilleur du monde à son poste.
Et pour mieux calmer les ardeurs de l’adversaire du jour, on n’allait pas tarder à démontrer que la défense à outrance, ce n’est absolument pas notre tasse de thé.
Force est de reconnaître que l’on nourrissait quelques craintes avec une défense privée d’un Naëf Aguerd et d’un Noussaïr Mazraoui et devant compter sur un Ghanem Saïss qui, en excellent capitaine, a dû braver ses blessures pour être de la partie.
N’empêche, un Jawad Yamik et un Yahya Attyat Allah, titularisés à l’occasion, ont su parfaitement être à la hauteur.
A droite, il y avait tout simplement celui qui est toujours égal à lui-même de par son grand talent et sa prédisposition à contrecarrer les desseins de l’adversaire et à proposer des solutions pour ses coéquipiers.
Passées donc les premières minutes que les Portugais voulaient déterminantes et après avoir su intelligemment et avec la grinta qu’on leur connaît désormais, tenir en respect les Joao Felix and co, l’étincelante ligne médiane marocaine s’attelle à l’autre volet de sa tâche si grandiose : porter le danger de l’autre côté. On n’en remercierait jamais assez un Soufiane Mrabet au four et au moulin durant toutes les minutes et les secondes de la partie, ou encore un Azeddine Ounahi, la grande découverte sans exagération aucune de ce Mondial. Sans oublier non plus Selim Amallah qui, au prix de grands efforts, a laissé de côté son manque de compétition imposé à dessein par le Standard de Liège.
Les Ziyech, Boufal et En-Nesyri qui d’ailleurs n’ont aucunement rechigné à œuvrer dans la récupération empêchant, en première ligne, l’adversaire de développer son jeu, n’en demandaient pas mieux. C’est ainsi que l’on a vu la défense où trônait un Pepe se voulant éternellement intraitable mise à mal à maintes reprises.
La confirmation allait venir avant la pause. Une 42ème minute bénie qui a étalé au grand jour et à la face du monde l’immensité du talent marocain. Yahya Attyat Allah de son côté gauche exécute un centre aérien des plus judicieux. Trop haut ? Non ! Et encore moins pour un En-Nesyri qui saute dans les airs plus haut que tout le monde, embrassant le ciel avant de rabattre magnifiquement le cuir pour qu’il se loge au fin fond des filets lusitaniens…
Il restait plus d’une mi-temps à jouer. Et alors ?
Le célébrissime Cristiano Ronaldo se morfondait sur son très insolite banc de remplaçant. Il rejoindra le groupe en seconde période. Pour pas grand-chose. Le très généreux bataillon de Regragui veillait au grain malgré la sortie du brave Saïss qui n’en pouvait plus. Dari et Benoun dans un premier temps pour parachever l’œuvre, puis Chedira, Jabrane et Aboukhlal…
Les Portugais étaient sortis de leurs gonds alors que les minutes s’égrenaient pour eux, surtout, trop rapidement.
Ils ne marqueront pas. Bounou était là. Omniprésent. Rayonnant.
Les autres, tous les autres aussi !
Walid Regragui dans tout ça ? Il a tout fait. Il a su forger une équipe au moral d’acier.
Une équipe qui gagne en s’amusant et qui s’amuse en gagnant.
Le tout accompli avec sérieux, sérénité et abnégation.
Mohamed Benarbia