Sa généralisation n’a pas été effective à la date prévue : Le RAMED joue les arlésiennes


Hassan Bentaleb
Mercredi 18 Janvier 2012

Sa généralisation n’a pas été effective à la date prévue : Le RAMED joue les arlésiennes
La généralisation du Régime d’assistance médicale aux économiquement démunis (RAMED) fait partie des priorités de Houcine El Ouardi, le nouveau ministre de la Santé. Il  vient d’affirmer que les cadres de son département travaillent d'arrache-pied pour mettre en œuvre cette généralisation qui aurait dû être effective depuis le 31 décembre 2011 dernier.
Censé démarrer en novembre 2006, après le lancement de l’AMO, puis reporté à maintes fois, avant qu’une première expérience pilote ne soit lancée dans la région de Tadla-Azilal, le RAMED continue de faire débat et  éveille certains doutes concernant sa mise en application réelle et son efficience.
Particulièrement en ce qui concerne la question des conditions d’éligibilité pour en bénéficier.  En effet, le décret  n° 2-08-177 du 28 Ramadan 1429 (29 septembre 2008) portant application des dispositions du livre III de la loi n° 65-00 relative au régime d'assistance médicale dispose dans  ses articles 3 et 4 que la personne postulant au régime d'assistance médicale « doit avoir, en milieu urbain, la qualité de résidents dans une commune dont le taux de pauvreté, calculé sur la base des indicateurs de pauvreté définis par le Haut commissariat au plan, est supérieur ou égal à 30 %  et qu’elle dispose d'un revenu annuel inférieur à 5650 DH par personne ». Si la personne en question réside en milieu rural, elle « doit avoir un score patrimonial, calculé sur la base de l'ensemble des éléments constituant son patrimoine inférieur ou égal à 70 par personne composant le ménage et  avoir un score des conditions socio-économiques, calculé sur la base de variables liées aux conditions de vie du ménage, inférieur ou égal à 6 ».
Certains observateurs pensent que ces critères sont flous et manquent de précision. Pour eux, l’application du RAMED risque bien de susciter la problématique du ciblage que l’Etat a du mal à résoudre avec sa Caisse de compensation. Ils craignent que les personnes démunies qui sont censées bénéficier en premier du RAMED  ne soient lésées par rapport à d’autres plus stables économiquement, en termes d'accès à des soins de qualité.
La composition de comités locaux permanents, chargée d’élire les bénéficiaires du RAMED a été également mise en question. Les observateurs rapprochent à ces instances la multiplication des intervenants et le manque de précision  de leur rôle dans telle procédure. En effet, ces comités  présidés par un caïd et composés d’un représentant des ministères de la Santé, de l’Intérieur, des Finances, de l’Agriculture et de l’Entraide nationale, du président de la commune et du représentant du président du conseil de la préfecture forcent plusieurs interrogations sur l’utilité de la présence de certains départements comme celui de l’Agriculture ou de l’Entraide nationale dans ce dispositif. La présence du président de la commune ne fait pas, elle aussi, l’unanimité.
Les observateurs  se sont interrogés quant à la capacité de ces composantes à travailler ensemble et si elles sont bien armées pour mener leur mission et si elles ont la capacité de fournir des informations viables sur les postulants à ce régime. Car des doutes planent sur leur capacité d’entretenir des fichiers contenant des informations fiables et avérées sur les concernés.   
Pour plusieurs observateurs, seuls les mokaddems restent une source d’informations viables, mais souvent peu fiables au regard des différentes pratiques frauduleuses qui entachent le fonctionnement normal de leur action. Pour eux, leur présence est certes cruciale dans la réussite du démarrage de ce système, mais encore faut-il qu’elle soit bien encadrée et surtout précédée d’une vaste opération de moralisation de leur action. Leur proximité des populations  et leur connaissance du terrain vont leur permettre de bien mener les enquêtes et les processus de vérification des informations rapportées par les concernés.
Un autre problème, et non des moindres, touche aux ressources  humaines dédiées à l’opérationnalisation de ce dispositif. Plusieurs sources d’information ont affiché des craintes concernant le manque d’effectifs bien formés et censés accomplir cette tâche.
Pour certains, celle-ci s’annonce rude puisque dans chaque préfecture,  seulement une poignée de fonctionnaires est mobilisée pour traiter des centaines de dossiers dans un temps record.
Certains estiment que la mission sera  impossible vu  la complexité des enquêtes à mener, le recoupement des informations collectées, leur saisie et leur traitement informatique.  Mieux, la qualité même de la composition de ces groupes en dit également long sur la légèreté avec laquelle la question du RAMED a été traitée.  
Le nouveau ministre de la Santé prendra-t-il en considération ces observations ou se contentera-t-il de prendre acte,  comme son prédécesseur, de l’échec   annoncé d’un dispositif dont tant de Marocains attendent impatiemment la mise en application ?


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1.Posté par citoyen le 18/01/2012 12:54
Il est temps de répartir les ressources sur des bases objectivesd'et d'aller progressivement vers la généralisation et la décentralisation du Ramed en respectant les spécificités de chaque région et en impliquant les acteurs motivés dans cette démarche .

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