SAMIR, c’est le flou total

Quid du syndic, des éventuels repreneurs et du sort des salariés ?


Hassan Bentaleb
Lundi 26 Mars 2018

“On vit dans l’attente”. C’est ainsi que plusieurs salariés de la SAMIR, mis au chômage technique depuis la liquidation judiciaire de cette entreprise spécialisée dans le raffinage des produits pétroliers, ont qualifié leur quotidien. « Les séances d’audition pour trouver un nouveau repreneur se poursuivent tous les lundis, depuis deux ans,  sans succès », nous a confié un technicien sous le sceau de l’anonymat. « Chaque semaine ou mois qui passe porte son lot d’annonces de repreneurs probables. En effet, il ne se passe pas une semaine sans que des noms ne circulent à ce propos. Les derniers en date ont été ceux de l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), de la société Afriquia SMDC, filiale d’Akwa Group, et d’un certain milliardaire saoudien dont le nom n’a pas été divulgué. Aujourd’hui, on parle d’une reprise éventuelle du raffineur par des investisseurs saoudiens ou émiratis. Pourtant, il s’agit d’une reprise partielle puisqu’elle concerne uniquement les parcs de stockage. Tout le monde sait, en effet, qu’un véritable démarrage  de la raffinerie est quasiment impossible vu l’état de délabrement de ses infrastructure et le coût élevé des investissements nécessaires  à cet effet». 
Même l’éventuel  remplacement de l’actuel syndic de la SAMIR ne semble pas susciter l’enthousiasme des  ouvriers.  « Nous avons entendu parler de ce remplacement suite à une demande formulée par le représentant de la Banque populaire. Certaines sources ont avancé que cette demande aurait plutôt émané des repreneurs eux-mêmes. Lesquels se sont plaints d’un manque d’informations, du retard dans l’examen des dossiers et des relations tendues avec le syndic ». En fait, plusieurs sources médiatiques ont rapporté qu’une  requête de remplacement de celui-ci aurait été déposée par le juge-commissaire qui supervise la liquidation de la raffinerie. Les mêmes sources ont indiqué qu’une audience sera tenue le 5 avril prochain en présence des délégués syndicaux. « Le juge-commissaire souhaite nous rencontrer en tant que délégués du personnel . C’est  une première », nous a précisé une source syndicale. Et de poursuivre : « Nous nous attendons au pire comme au mieux. En fait, le flou total entoure ce dossier et les rumeurs vont bon train ».
La recours déposé par Mohammed Hussein Al Amoudi le 14 mars contre le Maroc devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) – organisation internationale rattachée à la Banque mondiale – ne semble pas non plus les intéresser.  En réalité, l’ancien actionnaire majoritaire de la SAMIR reproche à l’Etat marocain un traitement injuste dans la gestion de ce dossier. Il cite, à titre d’exemple,  «la demande injustifiée de la part du gouvernement à la SAMIR de s’acquitter des dettes douanières, de la saisie de ses comptes bancaires et de son immobilier, ainsi que de l’interdiction faite aux navires pétroliers d’accoster au port de Mohammedia pour approvisionner la raffinerie en pétrole brut », rapporte son propre communiqué avant d’indiquer que « ces mesures ont poussé la SAMIR à suspendre les activités de son usine de raffinage ». « Ce recours ne nous intéresse pas puisqu’il s’agit d’une affaire d’Etat qui ne nous concerne pas », nous a déclaré notre source. 
Pour cette dernière et pour les autres salariés du raffineur, ce qui compte, c’est de percevoir leurs salaires. «  Aujourd’hui, on touche uniquement notre salaire brut sans primes ni indemnités », nous a déclaré notre source. Et d’ajouter : « Ceci d’autant plus que les deux sociétés chargées de la gestion de notre couverture médicale ont refusé de renouveler notre contrat et que nous avons été transférés  à l’AMO. Un changement que l’ensemble du personnel n’apprécie pas vu que les taux de remboursement de celle-ci sont moindres que ceux que nous avions et qu’elle gère mal nos dossiers » et de conclure : « Actuellement, on vit sous la menace de ne plus toucher nos salaires. Il y a toujours un problème de manque de liquidités. Auparavant, nous avions dû batailler dur pour percevoir nos salaires dont 20% ont été défalqués. Il nous a fallu un sit-in pour en arriver là ».
 


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