Brûlé aux mains lors d’un effroyable accident et contraint au forfait pour ce qui devait être ses deux derniers Grands Prix en F1, Romain Grosjean quitte la catégorie reine du sport automobile au terme de dix saisons ponctuées de crashs qui ont marqué les mémoires. Départ du GP de Bahreïn dimanche dernier, un accrochage précipite la monoplace du pilote français né à Genève (Suisse) le 17 avril 1986 dans les barrières de sécurité à 220 km/h. La violence du choc coupe en deux sa F1 qui s’embrase. Grosjean mettra 28 interminables secondes à s’en extraire seul. Miraculeusement, le pilote de l’écurie Haas en est quitte pour des brûlures aux mains, une entorse de la cheville gauche et des contusions après avoir “vu la mort de trop près”. Ce sont les dernières images que l’on gardera de lui en GP, mais sa joie de vivre contagieuse et sa volonté farouche de reprendre au plus vite le volant pour terminer autrement son histoire en F1 resteront peut-être plus encore présentes dans les esprits. Pour beaucoup - à commencer par son fils de 5 ans qui est convaincu qu’il est “protégé par un bouclier d’amour magique et peut voler” -, Grosjean est devenu un héros. “Je ne pense pas en être un, balaye l’intéressé. Je ne sauve pas des vies. J’ai juste fait mon travail de pilote et de père.” Cet accident en forme de point final en rappelle d’autres: aux départs des GP de Belgique et du Japon en 2012 (le premier lui a valu une course de suspension, le second le surnom de “dingue du premier tour”, donné par l’Australien Mark Webber), en Russie en 2015, à Barcelone ou encore en Azerbaïdjan (derrière la voiture de sécurité) en 2018. “J’ai eu de gros crashs, très visibles, mais pas tant que ça par rapport à d’autres”, se défend le pilote de 34 ans, qui aura pris le départ de 179 GP, ce qui fait de lui le troisième Français ayant eu la plus grande longévité en F1, derrière Jean Alesi (201) et Alain Prost (199). On retiendra aussi ses dix podiums avec Lotus entre 2012 et 2015, points culminants d’une carrière en deux parties (7 GP avec Renault en 2009, puis le retour avec l’écurie britannique deux ans plus tard et la suite avec Haas à partir de 2016). Mais après cinq ans de collaboration, l’écurie américaine a annoncé il y a quelques semaines qu’elle ne compterait pas sur lui l’an prochain et Grosjean ne figure pas sur la “shortlist” pour les dernières places disponibles sur la grille en 2021 Il laissera le souvenir d’un pilote aux humeurs changeantes, pas toujours faciles à négocier (son team principal chez Haas Guenther Steiner appelle cela “être Romain”), mais aussi rapide et aux retours techniques précieux pour ses équipes. N’est-ce pas lui, d’ailleurs, qui le premier a pointé la mauvaise direction prise dans le développement de sa F1 l’an dernier ? Avant l’accident de Bahreïn, Grosjean, qui a commencé la compétition dans le ski avant de découvrir le karting sur le tard à 14 ans, voulait trouver refuge au plus vite dans une autre catégorie, endurance, Formule E ou IndyCar. Désormais, celui qui a été soutenu dans sa jeune carrière par la Fédération française du sport automobile (d’où son choix de courir en tant que français plutôt que suisse) se laisse “du temps”. Il ne craint plus de prendre une année sabbatique pour se consacrer à ses trois enfants et à ses passions pour le kitesurf, le vélo et la cuisine (il a publié un livre de recettes avec son épouse Marion Jollès, présentatrice télé). Ce temps, il a promis dimanche, dans une vidéo publiée sur Instagram, de le mettre à profit pour “récupérer l’ensemble des fonctions de (sa) main gauche” brûlée et “travailler pour retrouver le plaisir de gagner des courses le plus vite possible”. Gagner à nouveau, il l’attend depuis son titre en GP2 (l’ancêtre de la F2) en 2011.
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Romain Grosjean, une carrière en F1 marquée par les accidentsLibé
Mercredi 9 Décembre 2020
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