"Des tirs ont repris depuis 5H00 (3H00 GMT). Ça tire de partout. On ne sait pas qui contrôle la ville tellement nous ne pouvons quitter nos maisons", a déclaré au téléphone à l'AFP Mgr Sébastien Muyengo, évêque catholique d'Uvira, deuxième ville de la province du Sud-Kivu.
"Depuis 5H00, les Forces armées de la RDC (FARDC) affrontent les rebelles au niveau du port de Kalundu. Les rebelles attaquent Uvira à partir du lac Tanganyika", a déclaré un habitant dont la maison est située à côté du port.
Mercredi, des combats s'étaient rapprochés d'Uvira, alors que depuis dimanche l'armée et des miliciens Maï-Maï Yakutumba s'affrontaient à une quarantaine de kilomètres de cette ville de plus de 500.000 habitants séparée de Bujumbura, la capitale du Burundi, par le lac Tanganyika.
La Mission de l'ONU en RDC (Monusco) a affirmé avoir "rapidement déployé hier (mercredi) des troupes sur le terrain afin de dissuader toute attaque contre la ville et éviter l'escalade du conflit", dans un communiqué jeudi, exhortant les rebelles "à cesser immédiatement ces hostilités".
"Tous les auteurs, en particulier ceux qui parrainent des groupes armés ainsi que ceux qui ont des responsabilités de commandement, seront tenus responsables de violations des droits de l'Homme", a averti le chef de la Monusco, Maman Sidikou.
Dans le territoire de Fizi (Sud-Kivu), un ancien officier, William Yakutumba, général autoproclamé à la tête d'une milice qui porte son nom, a affirmé lundi dans un enregistrement audio vouloir chasser le président Joseph Kabila du pouvoir.
Les Maï-Maï sont des groupes "d'autodéfense" constitués sur une base essentiellement ethnique. Pendant la deuxième guerre du Congo (1998-2003), nombre de ces groupes ont été armés par le pouvoir pour lutter contre des combattants ougandais ou rwandais. Certains n'ont jamais été désarmés.
L'est de la RDC est déchiré par des conflits armés depuis plus de 20 ans.
Les combats entre les rebelles Maï-Maï Yakutumba et l'armée sont le dernier exemple en date de l'insécurité grandissante en RDC depuis que le président, Joseph Kabila, a refusé de quitter le pouvoir à l'expiration de son mandat, en décembre dernier.
Les violences dans l'est et le centre de la RDC ont provoqué le déplacement de plus de 1,5 million d'habitants au cours des 12 derniers mois, sur fond de crainte d'un retour de la guerre civile.
Par ailleurs, une coalition d'ONG, dont Human Rights Watch (HRW) et Amnesty International, a appelé mardi à la libération de neuf militants arrêtés en République démocratique du Congo pour avoir manifesté contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila au-delà de l'expiration de son mandat.
Les autorités congolaises "devraient libérer immédiatement et sans condition neuf activistes prodémocratie ou défenseurs des droits humains congolais détenus injustement pour avoir participé à des activités pacifiques", écrivent les signataires dans ce communiqué regroupant 45 organisations congolaises et internationales de défense des droits de l'Homme.
Quatre militants ont été arrêtés mi-juillet à Mbuji-Mayi capitale du Kasaï Oriental (centre) et cinq fin juillet à Lubumbashi capitale du Haut-Katanga (sud-est) "parce qu'ils s'étaient joints à des manifestations pacifiques appelant à la tenue des élections et au respect de la Constitution congolaise", selon Ida Sawyer (HRW).