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En ce deuxième jour de l’Aid, les urgences d’Avicenne sont loin de ressembler à une séquence du feuilleton américain du même nom. Personne ne court ni compte les secondes précieuses. Contrairement au film, les blouses blanches ne sont pas dans les couloirs. Ici, les médecins sortent rarement de leurs bureaux. Un surveillant général est bien là, toisant du regard les nouveaux arrivants, ânonnant quelques mots à peine audibles, en direction des familles. A la salle de tri, à proximité de l’entrée du service des urgences, on procède au tri : tel malade doit être vu par un traumatologue, tel autre doit aller en chirurgie. « Ce sont les internes qui le font. Et on n’est pas à l’abri d’une erreur de diagnostic. Avec toute la bonne volonté du monde, un interne peut-il faire valablement autorité auprès d’un spécialiste ? Forcément, il y a des conflits de spécialités. Ce qui se répercute sur la prise en charge d’une urgence. Les internes sont livrés à eux-mêmes. Impossible que des médecins résidents viennent par exemple leur prêter main forte. Tout simplement parce qu’on a fait des urgences le territoire sans partage des internes », explique un ancien interne qui garde intacts ses souvenirs de nuits de garde aux urgences.
Les urgences, un territoire que les internes marquent de toutes leurs empreintes. C’est une question de culture interne, de formation aussi. « Le système est ainsi fait. Les urgences sont faites pour les internes. C’est l’une des premières choses qu’on leur apprend tout en leur recommandant de ne pas lâcher ce service. Et pour cause ! C’est une carte redoutable en matière de revendications. Une grève des urgences, c’est ce que redoutent tous les décideurs ! », s’exclame ce chirurgien, interne dans les années 1970 avant d’en appeler à une refonte du système. Les urgences, explique-t-il, est une affaire d’urgentistes. «C’est une vraie spécialité, une vocation aussi », soutient-il.
Retour aux urgences, retour à une réalité loin d’être dépassée. Vitres cassées, bancs déglingués, saleté. L’accueil des malades en urgence se fait dans des conditions déplorables. Une quinzaine de chaises à peine pour attendre son tour dans des locaux qui ne répondent pas aux normes en vigueur. Souvent, ce sont ces mêmes bancs qui font office de table d’examen. Les malades sont debout, assis par terre, avachis à même le sol. Et cela peut durer des heures. « N’oubliez pas que les familles participent à l’encombrement. Elles ne veulent rien savoir, veulent rester avec leur proche. Tout cela crée de la tension », justifie ce médecin. De la tension… Est-ce la raison pour laquelle il y a plus d’agents de sécurité que d’infirmiers aux urgences d’Avicenne ?
Le constat tombe comme un couperet. A Avicenne, au cœur de la capitale, le système des urgences pèche par anachronisme. De l’avis de tous ceux et celles qui sont passés par ce service, les urgences de Rabat ne sont pas adaptées à la situation actuelle. Des locaux d’attente ne répondant pas aux standards, un bloc-porte non conforme aux normes et une salle septique accolée à celle aseptique et ce contrairement à tous les usages sanitaires en vigueur. La bâtisse a 55 ans. Les outrages de l’âge et du temps se font cruellement ressentir. Le Maroc a changé, la médecine et le flux des patients aussi. Les plus optimistes brandissent le RAMED comme acquis absolu. « En déboursant seulement 200 DH, on a droit à tous les soins, tous les examens, du scanner aux analyses », fait valoir fièrement ce médecin d’Avicenne adepte du verre à moitié plein. Mais est-ce suffisant pour que les urgences de la capitale remplissent leur mission, c’est-à-dire sauver des vies, prendre en charge une urgence, soulager les douleurs ?
Pour cet autre médecin qui a passé un quart de siècle à l’hôpital public, il faut d’abord et avant tout parler de la nécessaire humanisation des urgences. De la dégradation des locaux, à une prise en charge qui tarde à se mettre en œuvre en passant par une décision personnalisée pour chaque malade qui arrive aux urgences qui fait défaut, ce service souffre d’une absence de stratégie claire et pérenne. « On ne le dira jamais assez, les urgences sont le visage, la vitrine d’un pays. Que de rendez-vous mondiaux le Maroc a ratés à cause de ses urgences défaillantes ! » conclut-il