Renforcement de la lutte contre l’insécurité à Casablanca : Les statistiques de la DGSN ne disent pas tout


Hassan Taleb
Lundi 27 Août 2012

Renforcement de la lutte contre l’insécurité à Casablanca : Les statistiques de la DGSN ne disent pas tout
A Casablanca, les services de police sont sur le pied de guerre pour lutter contre l’insécurité. Selon certaines sources médiatiques, la nuit du jeudi 23 août aurait enregistré l’interpellation de 585 suspects, 339 en flagrant délit et 79 autres suite à des avis de recherche lancés à leur encontre au niveau national. Des chiffres auxquels il faut ajouter les 111 personnes arrêtées en flagrant délit par les services de police judiciaire casablancais et 56 recherchés par la justice. Les autorités veulent montrer qu’elles ne prennent pas le problème de l’insécurité à la légère et que la situation est en passe d’être maîtrisée. 
Une position que beaucoup d’observateurs remettent en question. Pour eux,  le phénomène de l’insécurité  peine à devenir un enjeu majeur dans le débat national. Il est souvent relégué au registre des faits-divers, voire des commérages des cafés de commerce alors qu’il est considéré aujourd’hui comme faisant partie intégrante des critères définissant la qualité du cadre de vie et l’un des éléments prédominants favorisant ou non l’investissement.
Ces observateurs notent également l’absence de ce thème chez beaucoup  de formations politiques qui affichent peu d’intérêt pour ce phénomène qui, pourtant, préoccupe au plus haut point de larges couches de la population marocaine. Et même lorsqu'elle est évoquée dans l'enceinte parlementaire, l'insécurité de nos rues est tout bonnement niée par les responsables qui ont en charge la sécurité publique.  A preuve, Mohand Laenser, ministre de l’Intérieur, n’a cessé de répéter que la situation sécuritaire au Maroc ne saurait susciter quelque inquiétude que ce soit. Selon lui, le sentiment général d’insécurité dans le paysage urbain est infondé puisque les statistiques officielles traduisent une baisse de 2% du taux des crimes graves. 
Des déclarations qui seront balayées par la suite par Mustapha El Khafi, ministre de la Communication et porte-parole du même gouvernement qui a indiqué que les premiers mois de 2012  ont enregistré une hausse de 12% du taux de criminalité par rapport à la même période de 2011, soit 196.562 cas contre 288.788 une année auparavant. 
Une réalité que beaucoup de Casablancais constatent chaque jour avec la dégradation constante de leur situation et un abandon du service public de la sécurité, particulièrement dans les quartiers dits chauds. En effet, Casablanca n’a plus rien à envier aux grandes métropoles internationales en matière d’insécurité. Il ne se passe pas une journée sans que la rue ne se fasse l’écho d’un vol ou d’une agression à l’arme blanche. « Le problème avec Casablanca, c’est qu’elle est la capitale économique du pays où il y a une forte concentration de la population autochtone et étrangère.  Tous ces crimes et délits donnent une mauvaise image à la métropole. Le pire, c’est que ces faits divers ne sont que la face visible d’une violence de plus en plus féroce qui  est devenue courante», nous a indiqué une source informée avant d’ajouter : «Il est vrai que l’insécurité à la métropole n’est pas au niveau de celle de Mexico ou New York mais elle en prend, malheureusement le chemin. A preuve,  l’animosité et la tension que l’on constate  dans certains quartiers périphériques de la ville ».
Les observateurs sont unanimes. Les campagnes occasionnelles de lutte  contre l’insécurité sont incapables d’enrayer ce phénomène. Et même la présence accrue de la police dans les artères les plus fréquentées ne semble pas suffisante pour sécuriser les lieux ni avoir l’effet dissuasif d’antan.
Plus d’une voix appelle à  une véritable politique de sécurité qui ne peut être que globale et devra intégrer les aspects économiques et sociaux. Elle doit assurer la prévention, la protection, la répression et la réinsertion. Bref, ils appellent à une révolution culturelle chez les sécuritaires marocains. Autrement dit, le récent mouvement concernant les préfets de police, ne peut pas changer grand-chose s’il n’est pas intégré dans cette stratégie.


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