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Jamal Eddine Naji a déclaré que la démocratie ne peut avoir lieu qu’avec un secteur médiatique autonome vis-à-vis des autorités, la liberté, la démocratie à l’intérieur des entreprises médiatiques, l’égalité et l’approche genre, la diversité, la qualité de l’information, la créativité, le respect de la déontologie et de l’éthique et la garantie de la représentativité des minorités. Il a rappelé qu’en mai 2002 une conférence internationale sur les défis à la radiotélévision de service public en Afrique a eu lieu à Rabat à l’initiative du Conseil mondial de la radio-télévision (CMRTV) et du gouvernement marocain, avec l’appui de l’UNESCO donnant lieu à la déclaration de Rabat. Cette dernière a souligné que la télévision publique ne peut être ni commerciale, ni étatique, la radiodiffusion publique « puise sa raison d’être dans le seul accomplissement du service public. C’est la radiodiffusion du public: elle s’adresse à chacun à titre de citoyen. Elle encourage l’accès et la participation à la vie publique. Elle développe les connaissances, élargit les horizons et permet à chacun de mieux se comprendre en comprenant le monde et les autres ». Or, il a mentionné que le Maroc a, encore une fois, perdu 10 années et a continué à instaurer la règle des médias propagandistes. Il a signalé qu’il est en train d’apporter les dernières retouches au Livre blanc qui présentera l’état des lieux et les recommandations du débat national entre médias et société. Pour lui, le diagnostic est clair : «Il n’y a pas de culture du secteur public dans les médias. Ces derniers ne représentent pas les aspirations de la société marocaine. Ils sont contrôlés et reflètent la culture du Pouvoir au lieu de la majorité, la culture de l’assujettissement au détriment de la citoyenneté, le régime étatique au lieu des attentes du citoyen. Ainsi, il a affirmé que les médias doivent refléter le sens du secteur public sans avoir un caractère commercial ni rattachés à l’Etat. Pour détailler davantage, il a fait recours à l’analyste canadien, Florian Sauvageau, pour affirmer que via ce secteur, « tous les citoyens sont invités et considérés sur un pied d’égalité. C’est un outil d’information et d’éducation, accessible à tous et s’adressant à tous, indépendamment du statut social ou économique des uns et des autres. Son mandat ne se limite pas à l’information et au développement culturel. La radiotélévision publique doit aussi développer l’imaginaire et divertir. Mais elle doit le faire avec un souci de qualité pour la différencier de l’audiovisuel commercial».
En réaction aux propos de Jamal Eddine Naji, Mohamed El Achâari a affirmé que la réalisation de la démocratie dépend d’une véritable réforme du champ médiatique marocain pour que ce dernier «passe d’un outil de propagande à un véritable secteur public libre ». Et d’ajouter que depuis plus de 15 ans, le Maroc discute de la réforme des médias sans résultat positif. En remontant au premier gouvernement d’alternance, Mohamed El Achâari s’est rappelé l’échec de concrétiser les recommandations du livre « Al Monadara » autour duquel s’est exprimée l’unanimité des forces nationales à l’époque de Driss Basri. En succédant à Larbi Messari, l’ex-ministre usfpéiste a souligné que son intérêt portait sur l’objectif de la reconstitution d’un cadre institutionnel moderne et la création de sociétés publiques autonomes et susceptibles de produire des émissions de qualité. Par ailleurs, il visait la levée du monopole de l’Etat sur les médias audiovisuels. Pourtant, « malgré quelques avancées à ce niveau, les médias sont restés dans le giron du Makhzen, et malgré l’ouverture des champs des libertés, les médias ont gardé leur caractère traditionnel et n’ont pas pu poursuivre cette évolution», déclare-t-il. Dans ce cadre, El Achâari a rappelé une anecdote qui veut tout dire : Abderrahman El Youssoufi, Premier ministre à l’époque, était présent lors d’une marche populaire en solidarité avec le peuple palestinien à Rabat. La télévision a montré toutes les personnalités politiques présentes, sauf El Youssoufi ! Quand Achâari a reproché cette omission à Faïçal Laâraichi, directeur de la SNRT, ce dernier lui a « indiqué qu’il s’agissait d’une faute professionnelle, mais en réalité, il s’agissait d’une orientation politique ».
Le membre du Bureau politique de l’USFP a ajouté dans une auto-évaluation-critique de l’expérience du gouvernement de l’alternance que depuis cette période jusqu’à nos jours, le secteur des médias est resté un moyen servant à freiner la vie démocratique « devant une volonté visant à orienter les médias vers le sous-développement et la tyrannie et devant l’absence d’une véritable volonté politique de la liberté des médias ». Enfin, il a souligné que le débat actuel sur les réformes politiques et constitutionnelles devrait prendre en considération la question de la liberté des médias. «Toute réforme constitutionnelle est insensée si elle n’est pas accompagnée d’une refonte du secteur médiatique qui doit participer à la formation et à la promotion de nouvelles élites ».
Pour sa part, Younès Moujahid a assuré que le problème des médias est d’ordre politique. Devant l’actuel débat, il a soutenu qu’il est temps de constitutionnaliser des instances médiatiques autonomes. Ainsi, pour lui, cette revendication devrait être celle de toute la société marocaine et de son élite politique et des jeunes. Et d’ajouter que la révolution du champ médiatique marocain devrait concerner les niveaux politique, philosophique et institutionnel.
Rappelons que cette rencontre organisée par le Cercle d’analyse politique de la Fondation Abderrahim Bouabid (FAB) a connu la présence de nombreux intellectuels intéressés par la question des médias. Entre autres, Hassan Rachik, chercheur sociologue, Amina Messoudi, membre de la commission chargée de la préparation du projet de la Constitution, Rahma Bourquia, sociologue et Ali Bouabid, délégué général de la FAB. Tous les intervenants ont affirmé que le débat sur les programmes et fonds des médias devrait être engagé en même temps que les discussions sur les réformes de leur cadre légal.