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raconte la singulière histoire de Mazagan qui fut tour à tour portugaise, cosmopolite française avant d’être marocaine.
Christian Feucher est né à El Jadida-Mazagan en 1947. Ses parents qui étaient bretons (originaires de Dinan près de Rennes) se sont installés au Maroc au lendemain de la seconde Guerre mondiale. Il a vécu à El Jadida jusqu’à l’été 1956. Son père, professeur d’anglais, y avait été détaché pendant la guerre pour exercer des fonctions d’interprète. Après El Jadida, son père a continué à exercer en France jusqu’en 1972.
La famille Feucher a habité une toute petite maison située rue Vauban près de l’hôtel de la plage. Les champs qui entouraient cet endroit étaient son terrain de jeu. Christian m’a raconté qu’il a vécu des jours heureux à El Jadida et conservé un souvenir attendri de sa nounou Fatima. Il se souvient que, ne voulant pas le quitter, elle avait souhaité les accompagner lorsque s’ils sont rentrés en France. Comme elle, il a versé beaucoup de larmes lors de leur séparation. Bien que petit à l’époque il a gardé des souvenirs précis de l’école maternelle et de l’école primaire du marché, de ses petits camarades de l’époque, des épiciers de la rue de Marrakech où sa mère faisait ses courses, et de ses rares incursions dans la médina et le mellah.
C’est bien plus tard qu’il a souhaité en savoir plus sur l’histoire d’El Jadida, connaître les raisons de l’existence d’une cité portugaise, comprendre pourquoi il n’y avait pas d’enfants musulmans dans les classes où il a fait son début de scolarité et, plus largement, trouver les raisons qui avaient fait que la ville, qui n’était pas une mais multiple, s’était ainsi développée, et de manière pourtant harmonieuse.
Christian Feucher est docteur en droit. Il a exercé des fonctions de juriste en entreprise. Il a fini sa carrière en tant que directeur juridique et membre du comité de direction du groupe Socotec (groupe de sociétés d’environ 5.000 personnes, exerçant dans beaucoup de pays dans le monde. L’une de ses filiales est implantée au Maroc). Ses fonctions et les horaires de travail qu’elles impliquaient étant incompatibles avec toute autre activité il n’a pu s’intéresser à l’histoire du Maroc et à celle d’El Jadida qu’à travers l’acquisition de livres. Il m’a révélé que sa bibliothèque en comporte plusieurs centaines sur le Maroc. À sa retraite en 2009, il a pu compléter ses recherches en consultant les archives de certains ministères et en fréquentant assidûment quelques bibliothèques, la BNF et la bibliothèque de l’IMA.
Son propos en écrivant le livre « Mazagan 1514-1956 » a été de retracer de manière vivante et concrète l’histoire de Mazagan en la situant dans celle, plus globale, du Maroc colonial. Il a souhaité faire le récit d’une aventure humaine en évoquant des évènements et des destins pour lesquels, comme souvent, la grande et la petite histoires se mêlent. C’est, en somme, sans doute avec une tonalité différente, le même objectif que celui que je poursuis moi-même à travers mes ouvrages sur El Jadida.
Cet ouvrage, publié en 2011, est un récit de la singulière histoire de Mazagan qui fut tour à tour portugaise, cosmopolite, française avant d’être marocaine.
Christian Feucher est l’auteur de deux autres ouvrages historiques : « Ali Bey, un voyageur espagnol en terre d’islam » et « Buchoz-Hilton, ennemi-bouffon de Louis-Philippe », parus respectivement en 2012 et 2015. Le premier relate les pérégrinations d’un Catalan qui, déguisé en musulman et s’étant inventé une noble généalogie arabe, visita La Mecque et œuvra au Maroc dans le but inavoué de devenir sultan (Sur les aventures marocaines de ce singulier personnage, le cinéaste Souhail Ben Barka a récemment tourné une superproduction dont la sortie est prévue à la fin de cette année). Le second est la biographie d’un personnage excentrique qui consacra sa vie et ses écrits à vilipender Louis-Philippe, roi des Français, ce qui lui valut d’être constamment harcelé par la police et de devenir l’hôte privilégié des Cours d’assises et prisons parisiennes.
Christian Feucher vient d’achever la rédaction d’un livre qu’il a intitulé « L’Affaire Bolo» et sous-titré «Trahisons, menées secrètes et haines politiques durant la Grande Guerre». En quelques mots, il m’en a livré le thème : «C’est un récit historique, celui d‘un scandale de trahison, qui n’est peut-être qu’une affaire politique, avec pour toile de fond la haine que se vouent, au cœur de la guerre 1914 -1918, les tenants d’une politique jusqu’au-boutiste et les partisans de la recherche de solutions de paix. Une affaire dont, pendant des mois et des mois, à travers la presse, l’opinion publique a suivi les développements avec une curiosité passionnée. » L’ouvrage doit paraître dans les prochaines semaines.
Par ailleurs et vu son attachement à sa ville natale, Christian Feucher a participé avec moi à la publication du livre « Mazagan, patrimoine mondial de l’Humanité » paru en 2012 dans la série Les cahiers d’El Jadida. Cet ouvrage préfacé par l’écrivain Jdidi Jean-Louis Morel est le seul consacré intégralement à l’histoire de la cité portugaise et à sa description. Il s’agit également d’un travail d’hommage rendu à la cité après son inscription par l’Unesco dans la liste du patrimoine mondial de l’humanité. Ce livre est catalogué à la librairie de l’Unesco sous le n° 219134.