«Quoi ? Je divague ! Et alors ? Que puis-je faire d’autre maintenant que la solitude me consume et que je rôde comme un fantôme étranger sur le royaume de mes souvenirs d’enfant. Je n’ai pas honte de vous dire qu’il m’est arrivé d’être heureux dans ces décombres hideux, sur les ordures de ce cloaque maudit. Oui, j’ai été heureux à Sidi Moumen, mon pays». C’est ainsi que Yassine raconte comment il a grandi vite et il est mort encore plus vite, à Sidi Moumen, situé en lisière de Casablanca, parmi ses dix frères, une mère qui se bat contre la misère et les mites, et un père ancien ouvrier, reclus dans son silence et ses prières. C’est un enfer terrestre qui a l’odeur des décharges publiques devenues terrains de foot, du haschich et de la colle qu’on sniffe, des plongeons interdits dans la rivière tarie, des garages à mobylettes déglinguées.
Alors, quand on leur promet le paradis, qu’ont-ils à perdre, lui et sa bande d’amis «crève-la-faim» ? Un roman tragique et lumineux, plein de mauvaises farces et de drames muets, d’errances et de poussière, de fraternités et de trahison.
Mahi Binebine est né à Marrakech en 1959 où il vit actuellement. A ses talents de romancier, il ajoute ceux d’artiste et de sculpteur. Plusieurs de ses travaux font partie des collections les plus prestigieuses. «Les étoiles de Sidi Moumen» est son septième roman.